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17 février 2012

Faurisson et Ahmadinejad, le couple infernal


Le falsificateur de l’histoire, Robert Faurisson doit pavoiser. Le 2 février 2012, il vient de recevoir des mains de Mahmoud Ahmadinejad le premier prix dit du « courage, de la résistance et de la combativité », en marge du 30e Festival International du Film de Téhéran (sic). Quels ont été les sujets évoqués lors de ces journées ? « L’hollywoodisme dans la décadence humaine » et « l’hollywoodisme et l’Holocauste » (re-sic).

Tant de délires paranoïaques et d’anti américanisme primaire ont dû satisfaire les journalistes arabes et iraniens qui ont assisté à cette clownerie et si l’on en croit la propagande du régime des Mollahs, ce festival aura été un succès.
 Autour de Faurisson, quatre rabbins antisionistes de la secte (folle) Neturei Karta étaient aussi de la partie, ainsi qu’un ancien « humoriste » du nom de Dieudonné, qui participera à cette sauterie. Le pitre de service était d’ailleurs accompagné de l’inénarrable Maria Poumier.

 Qui est Maria Poumier ?
 
 Cette universitaire est proche de Roger Garaudy. Plusieurs médias et associations lui reprochent d'être la « compagne de route des négationnistes » ou « des antisémites », comme secrétaire de rédaction de la revue À Contre-Nuit fondée par Roger Garaudy, et elle aurait été la traductrice d'Israël Shamir avec qui elle collaborera (1). Son rôle dans l'édition du Manifeste judéo-nazi -titre donné à un entretien anonyme paru dans Les Voix d'Israël, l'attribuant à Ariel Sharon- lui est également reproché. En septembre 1996, l'équipe de recherche de l'Université de Paris VIII Histoire des Antilles hispaniques, cadre de référence de María Poumier pour son activité universitaire, décide de l'écarter « de toute fonction au sein du bureau et de toute représentation de l'équipe à l'extérieur », en raison de « sa participation à la divulgation de l'ouvrage de Roger Garaudy, Les mythes fondateurs de la politique israélienne, et par conséquent à la divulgation des thèses révisionnistes ». Poumier n’arrête cependant pas de faire parler d’elle. Le 22 janvier 2009, lors du conflit entre Israël et le Hamas, elle publie un Appel des Chrétiens aux Evêques de France. Mais, ce texte transpose délibérément le « déicide » et son immense symbolique dans le conflit, rien que par son titre, un titre répugnant et délirant : « À Gaza, c’est Jésus qu’on assassine! » Le reste du texte suinte la violence et la haine d’Israël. Enfin, lors des précédentes élections européennes, Maria Poumier est candidate dans la liste antisioniste de Dieudonné.

 Proximité entre l’extrême droite française et l’Iran

La proximité de longue date des militants antisémites ou d’extrême droite avec l’Iran était encore d’actualité au printemps 2010. Seyed Mehdi Miraboutalebi, l'ancien ambassadeur de la République islamique d'Iran à Paris ne faisait lui aussi pas les choses à moitié. Mardi 13 avril 2010, « pour approfondir les relations entre les deux peuples » et « parce que les médias injectent des idées préconçues dans les opinions publiques », il s'était prêté à un jeu de questions-réponses dans un bar à vin parisien du 5e arrondissement (qui, pour l'occasion, ne servait pas d'alcool) tenu par un ex-militant du Renouveau Français (groupe pétainiste et antisémite), ex-colistier de la liste antisioniste de Dieudonné, très proche des hooligans du PSG et des ultranationalistes serbes, rapportait l’excellent Blog des droites extrêmes. Cette "causerie" était organisée par le journal Flash, le bimensuel d'une extrême droite qui se veut "altermondialiste" et dans lequel écrivent, entre autres, Christian Bouchet, Philippe Randa, Alain Soral et Alain de Benoist. Ce dernier était d'ailleurs aux côtés de l'ambassadeur. Dans la salle, se trouvaient des têtes bien connues du milieu. Marc George, ex-secrétaire général d'Egalité et Réconciliation, Jacques Bordes, nationaliste-révolutionnaire, proche de feu François Duprat et très introduit dans certains cercles du Proche-Orient, Thomas Werlet du Parti solidaire français, groupuscule "nationaliste-socialiste", Pierre Panet, ami de Dieudonné et auteur d'un texte intitulé "Faurisson, un humaniste".

 Un néonazi français : Thomas Werlet

 L’ambassadeur d’Iran a donc reçu tout ce beau monde. Arrêtons-nous un instant sur l’un d’entre eux : Thomas Werlet. Qui est-il ?
 Le 4 août 2007, des « militants » d’extrême droite agressent des enfants noirs dans le métro parisien. Après la diffusion de leurs « exploits » sur Internet, Kémi Seba l’ancien leader de la Tribu Ka -prétendant défendre les intérêts de la communauté noire- réagit sur Internet: « Si je les croise, si certains de mes frères, par hasard, les croisent, nous amoureux du nationalisme, déclarons que nous les corrigerons ». Six mois plus tard, Kemi Seba créée un mouvement, le MDI. Le MDI regroupe des militants nationalistes de tous bords. Ils sont fédérés par la haine du métissage et des Juifs. La droite socialiste -appelée dorénavant Parti solidaire français-, groupuscule néonazi, fait justement partie du MDI. Son chef s’appelle Thomas Werlet.
 Le 8 mai 2008, "la droite socialiste", organise une manifestation pour le retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Kemi SEBA prend la parole. Dans le service d’ordre, nous retrouvons des militants connus du PSF de Thomas Werlet et des skins de Nomad 88. Ce sont les mêmes militants qui avaient agressé des enfants noirs dans le métro.
 « Le sionisme, c'est la gangrène, on l'élimine ou on crève. » « Le sionisme, c'est la gangrène, à Paris comme à Gaza, intifada. » Pour avoir diffusé ces slogans dans la ville de Courbevoie en 2009, Thomas Werlet, « garant de la grandeur de la France » et « antisioniste » comme on peut le lire sur son site Internet, comparait devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour « provocation à la discrimination nationale, raciale, religieuse ». Car, en découvrant les affichettes portant ces inscriptions sur les lampadaires de la commune, la ville de Courbevoie avait déposé plainte en septembre 2008. Décrit comme « un personnage inquiétant » par le procureur Marie-Christine Daubigney, Thomas Werlet rejette en bloc les accusations d'antisémitisme. « Je suis un peu surpris de me retrouver devant le tribunal à cause du sionisme, qui est un concept politique », se défend cet homme de 26 ans à l'allure ordinaire, masquant sa nervosité à la barre, avec un brin d'assurance en trop, rapporte Le Parisien du 4 novembre 2009. Tout en tripotant ses mains croisées dans le dos, Thomas Werlet ne se démonte pas plus en exposant que « l'antisionisme n'est pas l'antisémitisme ». « Dire que le sionisme est un concept politique ne tient pas la route une seconde », rétorque Marie-Christine Daubigney. Le prévenu ne se démonte pas plus lorsque, tour à tour, le procureur et le président du tribunal, Olivier Fourmy, l'interrogent sur le choix et le sens du mot intifada.
 « Dans mon esprit, intifada signifie résistance. La résistance peut être passive. Ici en France, la guerre politique se fait en paroles, là-bas avec des armes et des bombes. » « Dans ces tracts, vous assimiliez le peuple juif à la gangrène, décrypte Marie-Christine Daubigney. Et vous suggérez à ceux qui croiseraient un juif sioniste de mener l'intifada. » Thomas Werlet sera... finalement relaxé à la suite de ce procès.
 Plus tard, dans un entretien qu’il accordera au site anti-impérialisme.com, Werlet exprime son aversion du sionisme (il faut entendre par là des Juifs): « La question de l’idéologie sioniste peut apparaître comme un détail lorsque l’on analyse la situation nationale ou mondiale actuelle. Mais, comme elle est la source des concepts politiques, économiques, universalistes et de conflits sociaux en tous genres… (démocratie libérale, capitalisme, brassage des populations, immigration de masse, communisme, socialisme, anarchisme, droite bourgeoise, libéraux, démocrates.. .diviser pour mieux régner), cette dernière ne peut alors plus paraître aussi insignifiante et sans importance aux yeux d’hommes et de femmes clairvoyants et compatissants envers les peuples qui luttent chaque jour contre cette doctrine dangereuse, raciste, colonialiste et meurtrière. Par conséquent, les Français doivent disposer d’une formation politique sérieuse et véritablement dissidente du système actuel et qui ne soit ni prisonnière d’un dogme religieux quelconque, ni d’une famille politique particulière. Elle doit être structurée pour mener un combat purement et exclusivement politique sans jamais remettre en question le lutte originelle du parti : « la défense de la Sainte mère Patrie et du peuple qu’elle abrite depuis des siècles ». »
Le même Thomas Werlet cosigne un article extrêmement virulent et d’un antisémitisme grossier, publié sur le site Internet du Parti national Radical de la fédération de Corse : « Nous n’avons aucune leçon à recevoir de ce peuple “sûr de lui et dominateur”, qui a plus de sang sur les mains que n’importe quelle autre communauté dans le monde : Nous n’oublions pas le rôle des commerçants juifs dans l’esclavagisme au Moyen Age, ainsi que dans la traite négrière ; nous n’oublions pas le rôle des juifs bolcheviques dans le massacre de trente millions de Russes et d’Ukrainiens après 1917. Aujourd’hui, ce sont les populations palestiniennes qui sont transformées en “chaleur et lumière” par les bombes au phosphore de l’occupant. Nous en avons ras-le-bol de cette propagande judéo-sioniste qui vise à détruire les peuples libres dans le but d’établir une dictature cosmopolite universelle. » Cet article est également cosigné par Henri De Fersan, Président du Parti Français Chrétien, le négationniste Pierre Guillaume (Éditions de la Vieille Taupe), Maurice Martinet (Président du Parti National Radical), et le blogueur antisémite fanatique Hervé Ryssen.
 Bref, ce sont ces gens que l'ambassade d'Iran aide (et finance?) 
Faurisson, l’extrême droite française et le régime des Mollahs : une vraie histoire d’amour sur fond d’antisémitisme crasse, de fascistes violents et d’un j’irai cracher sur vos tombes permanent.

Note :
1) Le lecteur regardera l’entretien qu’elle a réalisé avec Israël Shamir. Cet entretien est reproduit sur le site d’extrême-droite de Voxnr.com

Marc Knobel
Site du CRIF, 15 février 2012