Je pense que rares doivent être les auditeurs de la fréquence juive qui ne connaissent pas Michel Gurfinkiel, que je recevrai dimanche prochain. Je l'avais déjà eu comme invité il y a deux ans, nous avions établi ensemble un bilan de l'administration Bush qui venait de s'achever. Rappelons qu'il a eu une carrière très riche à la fois de journaliste et d’écrivain ; il est toujours resté fidèle, à la fois aux commandements de la Torah puisque c'est un Juif pratiquant, et à des convictions très fortes qui se retrouvent dans diverses revues et cercles auxquelles il collabore : il préside l’Institut Jean-Jacques Rousseau, spécialisé dans les questions géopolitiques ; il a été Rédacteur en chef de « Perspectives » puis de « Valeurs Actuelles », il collabore aussi à de nombreuses revues américaines proches du courant dit « néo conservateur ». Mais surtout il a publié un grand nombre d'ouvrages consacrés à l'état juif dont le dernier, intitulé "Israël peut-il survivre ?" publié aux éditions Hugo et Cie. Il m'a envoyé cet ouvrage au moment de sa parution, c'était il y a quelques semaines or justement on venait de vivre la chute du régime Ben Ali en Tunisie, puis celle de Moubarak, et très vite nous avons tous compris que c'était une véritable vague de fond qui allait complètement rebattre les cartes dans le monde arabe : nous allons donc, certes discuter des chapitres du livre qui parlent des pays arabes, mais surtout profiter de son expertise pour discuter de ce qui inquiète la majorité de nos auditeurs, la survie d'Israël : quel peut-être l'avenir de l'état juif après toutes ses révolutions qui ne sont pas encore terminées ? Il y a en effet deux écoles à travers ce que l'on peut lire, en gros une école de droite plutôt pessimiste qui ne croit pas que la démocratie soit possible dans ces pays ; et une école de gauche, qui espère que des sociétés libérées accepteront plus facilement la paix et la réconciliation avec le peuple juif.
Parmi les questions que je poserai à Michel Gurfinkiel :
- Vous avez titré le chapitre 16 du livre "Marcion", et je voudrais que vous donniez quelques éclaircissements à nos auditeurs : Marcion était en effet un théologien chrétien d'Asie Mineure qui a incarné un rejet absolu de l'Ancien Testament ; quel rapport avec l'islam ? Et pourquoi dites-vous, page 165, que le "Marcionisme" est considéré aujourd'hui dans le monde musulman comme la seule doctrine orthodoxe ?
- Dans une interview au journal "Haaretz" du 25 février, Fouad Ajami, universitaire américain d'origine libanaise, a dit que c'est la capture de Saddam Hussein, sorti comme un rat de son repère avant d'être jugé et exécuté, qui a donné du courage aux jeunes Arabes pour se dresser contre leurs tyrans ; il pense aussi qu'il n'y a pas de bons autocrates, et que même si Israël n'avait pas d'autres choix que de signer les premiers traités de paix avec eux, et bien des démocraties chez ses voisins donneront un support populaire à la paix : partagez-vous son avis ?
- Vous dites que ce qui caractérise les sociétés arabo-islamiques, c'est l'ocholocratie, le "gouvernement de tous pour tous", un totalitarisme fondé sur le conformisme, avec élimination immédiate par la société elle-même de celles et ceux qui ne soumettent pas à la norme : et vous citez un juriste musulman sunnite du XI ème siècle, Al-Muwardi, qui a défini les critères du bon chef, qui peut-être un usurpateur, mais au final un Calife légitime dans la mesure où il maintient la loi coranique à l'intérieur et combat les ennemis de l'islam à l'extérieur. Mais les révolutions arabes que l'on vient de vivre ont été le fait des peuples, sans leaders derrière eux, et sans référence claire à la religion. Et les révolutions tunisiennes, puis égyptienne, puis libyenne etc. ont eu des motivations tout à fait différentes : absence de libertés, classes moyennes sans perspectives, chômage des diplômés, corruption, pouvoirs quasi héréditaires usés, etc. Qu'en pensez-vous ?
- On a tout de suite lu, sur des blogs et sites juifs francophones, la théorie selon laquelle ces révolutions qui ont abattu des régimes pro-occidentaux comme celui de Ben Ali en Tunisie ou de Hosni Moubarak en Égypte, étaient un complot iranien : mais franchement, quand on voit ce qui s'est passé en Syrie, qui est l'alliée directe de Téhéran, voire même en Libye - parce que Kadhafi, même s'il s'était rapproché des Occidentaux, est toujours resté dans le fond un voyou, un nationaliste arabe et un anti sioniste radical - est-ce que vous pouvez défendre cette théorie ?
Vingt cinq minutes ne seront pas suffisantes pour discuter de tout ces sujets passionnants avec un invité d'une telle qualité ... j'espère donc que vous serez très nombreux à l'écoute !
J.C