On se reportera à la page publiée sur le site de "Fondation pour la Mémoire de la Shoah" pour avoir une présentation, à la fois du projet et de ses parrains. Ci-dessous un extrait :
« Le Projet Aladin est né d’un constat accablant concernant la prolifération du négationnisme dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Face à cette déferlante, il est très difficile de trouver des informations historiquement fiables sur la Shoah que ce soit en arabe, en persan ou en turc. Le Projet Aladin veut pallier ce manque et favoriser un dialogue fondé sur la connaissance et le respect mutuels. Commun à de nombreuses langues, le mot Aladin est un trait d’union entre les cultures. Il symbolise également les lumières de la connaissance. »
Point très important, ce projet est d’ores et déjà soutenu par deux cent personnalités musulmanes (voir sur le lien ci-dessus). Il a été inauguré de façon solennelle à l’UNESCO, ce vendredi 27 mars.
Pour parler ici sans langue de bois, il convient de rappeler que le Yad Vashem de Jérusalem a lancé il y a déjà quelques années des sites Internet en langues arabe et persane. Mais qu’il était difficile, vu le contexte, d’associer autour d’une telle institution des personnalités de pays n’ayant pas de relations diplomatiques avec Israël. C’est donc la Fondation pour la Mémoire de la Shoah - institution française disposant de fonds importants et d’un solide réseau de relations internationales - qui a lancé le projet.
On trouvera dans cet article du "Figaro" un compte-rendu du discours à l’UNESCO de Jacques Chirac, un des « parrains », où il s’émeut des ravages du négationnisme en terre d’islam. Extrait :
« Jacques Chirac a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas de vouloir « faire porter aux pays musulmans une culpabilité qui n'est pas la leur ». Il a cependant souligné l'importance de «faire connaître la Shoah, pour la faire sortir du silence que l'on a fabriqué autour d'elle, dans beaucoup de pays». Pour lui, les raisons de ce silence sont simples : «Évoquer la Shoah risquait de susciter dans ces pays un sentiment de sympathie pour les Juifs et l'existence d'Israël. Alors, a-t-il dit, on l'a cachée.»
L'ancien président s'est inquiété du fait que «les conflits incessants du Proche-Orient servent aujourd'hui de prétexte à une nouvelle haine d'Israël. Elle est en train de devenir une nouvelle haine des Juifs ; cette haine se répand», a-t-il observé. Elle peut être le début d'un nouveau cauchemar. Chirac insiste : «Il n'y aura pas de paix au Proche-Orient tant qu'il n'y aura pas de reconnaissance et acceptation de l'État d'Israël.» Et ajoute : «Mais il n'y aura pas reconnaissance mutuelle réelle sans assentiment des peuples (...) sans une compréhension plus intime.»
En attendant, et en espérant bien sûr des retombées positives et à long terme d’un tel projet, un récent évènement vient rappeler, hélas, le gouffre de sensibilité séparant Juifs et Arabes sur le sujet : un orchestre de musique classique composé de jeunes du camp de réfugiés de Jenin, en Cisjordanie, a joué la semaine dernière en Israël, devant des survivants de la Shoah : dès leur retour, l’orchestre a été dissous, un officiel palestinien déclarant « que l’Holocauste était un sujet politique » (lire l'article sur le site du "Haaretz").
J.C