Plage déserte en Tunisie
La pandémie de Covid-19 et la fermeture des frontières
ébranlent la Tunisie et le Maroc, très dépendants du tourisme. Ils
essaient d’inventer de nouveaux modèles et espèrent attirer une nouvelle
clientèle, mais l’été s’annonce compliqué.
Plages désertes, hôtels vides, la côte de Tunisie a
des allures de “fantôme”, constate Le Courrier de
l’Atlas, “Les rares hôtels qui restent ouverts logent,
souvent gratuitement, les milliers de personnes en quarantaine”. “Mis
sous cloche” depuis la fin mars, comme l’écrit le quotidien tunisien La
Presse, le secteur du tourisme se morfond. Il avait été ébranlé par la révolution de 2011,
meurtri par les attentats en série en 2015-2016,
enfin, en ce début d’année, les perspectives étaient encourageantes. C’était
sans compter le Covid-19.
Alors qu’il est un des moins touchés par la pandémie
de la région, le pays a un nouveau credo : le “tourisme safe”, des
vacances sans risque. Les autorités ont déjà annoncé la réouverture des
frontières tunisiennes fin juin, ainsi que la reprise des vols de la
compagnie Tunisair.
Le “Au programme, des contrôles de température à
l’aéroport et à l’entrée des hôtels, des chambres désinfectées et laissées
vacantes quarante-huit heures entre deux clients, des lavages intensifs des
espaces communs et l’espacement des tables d’un mètre dans les cafés”, poursuit Le Courrier de
l’Atlas. La Tunisie espère ainsi attirer “les Algériens voisins, voire
les Russes”, explique Webdo. Car le pays le sait, les Tunisiens ne
représentent que 20 % des vacanciers du pays. S’il ne compte que sur le
tourisme intérieur, la saison sera gâchée.
Un choc est indispensable
Le Maroc a déjà fait une croix sur 2020. “Le nombre
de touristes devrait s’élever à 4 millions cette année contre
13 millions l’année dernière, explique TelQuel. Autant dire
que c’est une année catastrophique. Il faut s’attendre à des fermetures, du
chômage partiel et des licenciements.”
“Un ‘choc’ de tourisme intérieur est indispensable”,
s’exclame L’Économiste. Étaler les vacances scolaires en fonction des
régions comme en France, proposer une offre plus accessible à une population
modeste et retenir les Marocains les plus aisés, la pandémie doit amener le pays
à se “repositionner”.
L’Économiste évoque une piste : “Se pencher sur les effets
des réseaux sociaux sur notre rapport au voyage, en particulier Instagram.
D’après une étude récente, deux tiers des 18-34 ans déclarent que
l’‘instagrammabilité’ de leur lieu de vacances est leur critère de choix numéro
un.” Le ressenti personnel est lui au second plan.
Anna
Sylvestre-Treiner
Courier
International, 9 juin 2020