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16 juin 2020

Au Soudan, l’excision est enfin un crime


Manifestation pour les droits des femmes 
devant le ministère de la justice soudanais, à Khartoum, le 8 mars 2020
 

Un an après la chute du régime islamiste d’Omar Al-Bachir, c’est l’aboutissement d’une lutte de longue haleine pour les femmes au Soudan. Alors que neuf femmes sur dix y sont encore excisées, les mutilations génitales viennent d’être criminalisées.

La révolution est bel et bien en marche au Soudan. Un an après la chute du régime d’Omar Al-Bachir, elle est bien plus que politique. Dans un pays où, ces trente dernières années, régnait un pouvoir islamiste, les femmes ont obtenu une nouvelle victoire. “Le gouvernement vient de criminaliser les mutilations génitales. Un article spécial va être ajouté dans le Code pénal national. Une avancée saluée par le ministre des Affaires étrangères”, écrit Radio Dabanga. Les mutilations génitales sont désormais punies de trois mois de prison et d’une amende.

Dans le pays, on estime que neuf femmes sur dix sont victimes d’excision, et le pays est considéré comme l’un des pires dans le monde concernant les droits des femmes, selon la Fondation Thomson Reuters. Le média soudanais poursuit :
Traditionnellement, les Soudanais croient que couper les parties génitales externes d’une fille est gage d’honneur pour la famille de cette dernière et d’un bon mariage dans l’avenirMais cette mutilation peut conduire à des infections et, dans les pires cas, à une infertilité ou à des complications lors des accouchements. Et cela diminue énormément le plaisir sexuel.”

Cette victoire a été obtenue après plus d’une décennie de luttes menées par des associations soudanaises défendant les droits humains. En 2012, le gouvernement d’Omar Al-Bachir disait travailler à une loi interdisant les mutilations génitales et, en 2015, son adoption semblait se préciser, mais les conservateurs, très opposés au projet, avaient jusqu’ici toujours eu gain de cause.

L’excision, qui consiste à enlever une partie du clitoris et des petites lèvres des femmes, est criminalisée dans la plupart des pays africains. Néanmoins, elle reste souvent pratiquée.

Courrier International, 4 mai 2020