Manifestation
pour les droits des femmes
devant le ministère de la justice soudanais, à
Khartoum, le 8 mars 2020
Un an après la chute du régime islamiste d’Omar
Al-Bachir, c’est l’aboutissement d’une lutte de longue haleine pour les femmes
au Soudan. Alors que neuf femmes sur dix y sont encore excisées, les
mutilations génitales viennent d’être criminalisées.
La révolution est bel et bien en marche au Soudan. Un
an après la chute du régime d’Omar Al-Bachir,
elle est bien plus que politique. Dans un pays où, ces trente dernières années,
régnait un pouvoir islamiste, les femmes ont obtenu une nouvelle
victoire. “Le gouvernement vient de criminaliser les mutilations
génitales. Un article spécial va être ajouté dans le Code pénal national. Une
avancée saluée par le ministre des Affaires étrangères”, écrit Radio Dabanga.
Les mutilations génitales sont désormais punies de trois mois de prison et
d’une amende.
Dans le pays, on estime que neuf femmes sur dix sont
victimes d’excision, et le pays est considéré comme l’un des pires dans le
monde concernant les droits des femmes, selon la Fondation Thomson Reuters. Le
média soudanais poursuit :
Traditionnellement, les Soudanais croient que couper
les parties génitales externes d’une fille est gage d’honneur pour la famille
de cette dernière et d’un bon mariage dans l’avenir. Mais cette mutilation peut
conduire à des infections et, dans les pires cas, à une infertilité ou à des
complications lors des accouchements. Et cela diminue énormément le plaisir
sexuel.”
Cette victoire a été obtenue après plus d’une décennie
de luttes menées par des associations soudanaises défendant les droits humains.
En 2012, le gouvernement d’Omar Al-Bachir disait travailler à une loi
interdisant les mutilations génitales et, en 2015, son adoption semblait se
préciser, mais les conservateurs, très opposés au projet, avaient jusqu’ici
toujours eu gain de cause.
L’excision, qui consiste à enlever une partie du
clitoris et des petites lèvres des femmes, est criminalisée dans la plupart des
pays africains. Néanmoins, elle reste souvent
pratiquée.
Courrier International, 4 mai 2020