Dans les tous derniers jours
de décembre, on apprenait que de grandes manifestations contre le régime
s’étaient produites en Iran, les plus importantes depuis la grande vague de
contestation qui avait suivi les élections présidentielles truquées de 2009.
Comme il y a neuf ans, on a assisté ensuite à une dure répression, avec des
dizaines de tués et des milliers d’arrestations. Mais nos médias ont assez vite
détourné les yeux de ce grand pays, au diapason de notre gouvernement et des
pays européens. Que s’est-il passé ensuite ? Que peut-il se passer maintenant ?
J’ai intitulé cette émission « Iran, de la révolte à la
révolution ? », et je serai très heureux de recevoir une invitée qui
va certainement nous aider à y voir plus clair, Madame Mahnaz Shirali. Mahnaz
Shirali est née en Iran et elle vit en France depuis 25 ans. Bien entendu, elle
suit de près l’actualité de son pays natal mais surtout son regard est celui
d’une universitaire. Elle est politologue, et elle travaille à la fois comme
chercheur et enseignante au Centre d’Etudes Européennes de Sciences Po Paris.
Cela fait plusieurs décennies qu’elle suit l’évolution de la République
Islamique d’Iran, et elle a publié de nombreux ouvrages et articles, citons
deux livres, « La jeunesse iranienne, une génération en crise » paru
en 2001, et « La malédiction du religieux. La défaite de la pensée
démocratique en Iran » paru en 2012.
Parmi les questions que je poserai
à Mahnaz Shirali :
-
Interviewée sur « Vatican News » le 2
janvier, vous avez dit qu’en fait des manifestations avaient commencé l’été
dernier. Et vous avez évoqué une série d’évènements récents qui ont mis le feu
aux poudres : que s’est-il passé ?
-
Vous avez publié le 6 janvier un article
remarquable sur votre blog du « Huffington Post », qui était
intitulé : « L’Occident le découvre, mais la colère des Iraniens ne
date pas d’hier ». Pourriez-vous nous expliquer cela ?
-
Il est assez difficile de savoir ce qui se passe
là-bas, car la possibilité pour les manifestants de diffuser à l’extérieur des
photos et des vidéos est maintenant fortement réduite. Pourtant, si on se base
sur des documents publiés par des sites d’opposition, on voit des usines en
grève, et des groupes de manifestants qui semblent contrôler certaines localités :
que savez-vous, personnellement, de la situation sur place ?
-
Le Président Emmanuel Macron a dit : « On voit bien le discours officiel qui est porté par les Etats-Unis,
Israël, l’Arabie saoudite, qui sont nos alliés à de nombreux égards, c’est
quasiment un discours qui va nous conduire à la guerre en Iran ».
Or à part un soutien moral aux manifestants, ces pays ne peuvent rien faire de
concret contre le régime. Qu’en pensez-vous ?
-
Des étudiants ont manifesté au cri de « Ni
Gaza, ni Liban, je sacrifie ma vie pour l’Iran. » Mais est-ce que dans le
pays, beaucoup d’autres ne soutiennent pas ces interventions militaires ?
Dans le fond, le régime est du côté des vainqueurs : avec l’aide des
Russes, la rébellion a été matée en Syrie. Par la faute des Américains, l’Irak
a été satellisé. L’Arabie Saoudite se sent menacé. Et l’encerclement d’Israël
est en train de se faire.
-
Toujours dans le « Huffington Post »,
le 16 janvier, vous avez eu deux formules surprenantes : la première, « la
force du régime islamique réside dans son indifférence envers l'intérêt de son
propre peuple. » ; et la seconde « la République des ayatollahs
conduit sa politique étrangère à partir de l'hypothèse que le monde lui
appartient. » L’Histoire ne nous apprend-elle pas qu’avec de telles
logiques les régimes despotiques finissent tous par s’écrouler ?
Un sujet d’actualité vraiment brûlant,
et une invitée de qualité : soyez nombreux à l’écoute !
J.C