S'il est une ville qui
m'aura fait rêver et depuis longtemps, c'est bien celle-là.
Etant né et ayant vécu mon
enfance en Tunisie, ayant visité un peu le Maroc bien plus tard, l'Algérie
demeure pour moi la "terre inconnue" entre les deux, et pourtant
tellement proche ! Proche d'abord humainement, tant furent nombreux ses
originaires de toutes religions connus plus tard en France. Proche ensuite par
ma culture et mes lectures, d'Albert Camus qui en célébra la splendeur à
d'innombrables livres et revues ayant évoqué la terrible guerre d'indépendance.
Proche, enfin, malgré justement toutes les raisons qui m'éloignent sans doute
définitivement d'un projet de voyage là-bas : née dans la douleur et tout de
suite dirigée par des régimes brutaux, l'Algérie s'est elle-même refermée dans
une ultra nationalisme, revanchard par rapport à la France, et haineux par
rapport aux Juifs dont elle a voulu effacer toute mémoire. Mais justement,
c'est l'impossibilité de la connaitre pour de vrai qui me rend ce pays et sa
capitale encore plus fascinants : à un heure d'avion et une nuit de bateau de
Marseille, se trouve donc une ville incroyablement belle, et que je ne
connaitrai sans doutes jamais.
En cette période d'Eté, des
paysages avec "la grande bleue" font beaucoup de bien, surtout cette
année où je ne peux vraiment aller bien loin. Voici donc deux vues bien
classiques - et célèbres - d'Alger, qui se répondent comme en miroir. En haut,
la vue des hauteurs vers la mer, avec sur la gauche la silhouette de l'ex "Gouvernement
Général" érigé pour le centenaire de la colonisation ; son architecture reste
étonnement moderne, et c'est aujourd'hui le siège du gouvernement algérien ;
lui faisant face, le célèbre "forum", étagé en gradins et qui fut le
siège des grandes manifestations de Pieds Noirs pour l'Algérie Française ...
leurs clameurs ont été depuis longtemps balayées par les vents de l'Histoire, et
reste seul ce paysage monumental. En bas, la vue de la mer vers la ville, avec
sur les hauteurs à gauche la célèbre Casbah d'Alger ; au premier plan, le port
de pêche séculaire qui n'a pratiquement pas changé ; et la silhouette de la Mosquée
Jamaa El Djedide, dite de la pêcherie ; et
puis, la fameuse rampe d'accès au port avec ses arcades et ses immeubles haussmanniens,
qui furent le décor accompagnant des
millions de départs ou d'arrivées en bateau : Français fuyant le pays en 1962 ;
soldats venant se battre pour une guerre inutile pendant les années qui ont
précédé ; et Algériens, immigrés ou revenant au pays ...
J.C