Un rapport
inédit esquisse un portrait et une réorganisation de "l'islam
français" -
"Un islam français est
possible", tel est le nom d'une étude inédite, dévoilée ce dimanche par le
JDD et l'AFP. Si elle bat en brèche plusieurs clichés négatifs, certains
chiffres inquiètent. Ainsi, 28% des interrogés adoptent des valeurs jugées
"incompatibles" avec celles de la République.
Un rapport esquisse un portrait des musulmans de
France à rebours de certaines idées reçues et esquisse des pistes de
réorganisation de "l'islam français", afin de le couper des
influences étrangères et de mieux l'armer face au fondamentalisme.
Cette étude de l'Institut Montaigne,
"think tank" d'obédience libérale, a été publiée ce dimanche par
le JDD et
transmise à l'Agence France-Presse (AFP). Elle s'adosse à une enquête
"inédite" de l'Ifop*, réalisée alors que la vague d'attentats jihadistes
depuis 2015 et l'approche de la présidentielle enflamment les débats sur la place de l'islam.
"Un islam
français est possible"
Le rapport, intitulé "Un islam français est
possible", avance que les musulmans comptent pour 5,6% des habitants de
métropole, soit un pourcentage "moins important que ne l'avancent bon
nombre de chiffres fantaisistes", souligne en avant-propos Hakim El
Karoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon et ex-président de
l'Institut des cultures d'islam. Mais ils sont 10% des moins de 25 ans,
"signe de la prégnance croissante de la deuxième religion du pays auprès
des jeunes générations".
Surreprésentés dans les milieux populaires ou éloignés
de l'emploi, les musulmans interrogés - aux trois quarts de nationalité
française - se hissent pourtant à des niveaux de qualification proches de la
moyenne nationale.*
28% ont des
valeurs opposées à celles de la République
Quelle est leur religiosité? L'Ifop a calculé que 46%
sont "soit totalement sécularisés, soit en train d'achever leur
intégration" sans renier leur religion. Un deuxième groupe, représentant
25%, est plus pieux et plus identitaire tout en rejetant le voile intégral.
Le dernier groupe, que l'Ifop évalue à 28%, réunit des croyants qui ont "adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République", s'affirmant "en marge de la société". Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis sont les plus disposés à adhérer à ce modèle.
Le dernier groupe, que l'Ifop évalue à 28%, réunit des croyants qui ont "adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République", s'affirmant "en marge de la société". Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis sont les plus disposés à adhérer à ce modèle.
Dans le détail, comme le met en exergue Le JDD,
29% des interrogés se sont déclarés "d'accord" à l'affirmation
suivante: "La loi islamique (charia) est plus importante que la loi de la
République".
La question clivante
du voile
Mais une écrasante majorité des musulmans interrogés
ne refusent pas la mixité, acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5%)
ou de serrer la main d'une personne (88%) du sexe opposé.
Côté pratiques, la première est alimentaire: 70% des répondants déclarent "toujours" acheter de la viande halal.
Côté pratiques, la première est alimentaire: 70% des répondants déclarent "toujours" acheter de la viande halal.
La question du voile est plus clivante: si 65% se
déclarent favorables au port du foulard (et 24% à celui du niqab), seules 37%
des personnes de culture musulmane considèrent que les jeunes filles devraient
pouvoir porter le voile au collège et au lycée.
S'appuyer "sur la
majorité silencieuse"
La fréquentation des 2.500 mosquées est
plus faible qu'on ne le pense souvent: 30% du millier de musulmans interrogés
ne s'y rendent jamais, et autant ne le font au mieux que lors des grandes
célébrations du ramadan.
En résumé, "la question sociale est la priorité
des musulmans interrogés, bien avant les questions religieuses ou
identitaires". Il n'y a pas de "communautarisme musulman unique
et organisé".
Et "pour éviter de tomber dans le piège tendu par
les extrémistes, le discours politique doit s'appuyer" notamment "sur
la majorité silencieuse, insérée avec succès dans la société française",
conclut le rapport.
Plus proches de Tariq
Ramadan que du CFCM
En outre, une nouvelle organisation de l'islam,
"financée par de l'argent français" et s'appuyant "sur des
femmes et des hommes nouveaux", est nécessaire, alors que le Conseil
français du culte musulman (CFCM), symbole d'un "islam des
consulats", n'est vu comme représentatif que par... 9% des interrogés.
Quand 37% se déclarent proches de l'islamologue Tariq Ramadan, considéré comme
proche de l'islam politique des Frères musulmans.
"Il faut engager des changements profonds dans
l'organisation de cette religion pour lui donner les moyens de lutter contre le
fondamentalisme religieux", estime Hakim El Karoui, l'un des signataires
du récent "Appel des 41" musulmans décidés à prendre leurs
"responsabilités".
Un "grand imam de
France", et l'arabe enseigné à l'école?
Le rapport formule plusieurs
recommandations censées y contribuer, comme la nomination d'un "grand imam
de France" pour exprimer une doctrine républicaine, la création d'un
secrétariat d'Etat aux affaires religieuses et à la laïcité, ou encore un
enseignement renforcé de l'arabe à l'école publique.
*Ce sondage a été conduit auprès de 1.029 personnes de confession ou de culture musulmane (dont 874 se déclarant musulmanes), extraites d'un échantillon de 15.459 métropolitains âgés de 15 ans et plus.
*Ce sondage a été conduit auprès de 1.029 personnes de confession ou de culture musulmane (dont 874 se déclarant musulmanes), extraites d'un échantillon de 15.459 métropolitains âgés de 15 ans et plus.
Source : BFM
Tv.com, le 18 septembre 2016
Par la
rédaction avec AFP
Nota de Jean Corcos :