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20 septembre 2016

Musulmans de France : une étude de l'Institut Montaigne




Un rapport inédit esquisse un portrait et une réorganisation de "l'islam français" -   

"Un islam français est possible", tel est le nom d'une étude inédite, dévoilée ce dimanche par le JDD et l'AFP. Si elle bat en brèche plusieurs clichés négatifs, certains chiffres inquiètent. Ainsi, 28% des interrogés adoptent des valeurs jugées "incompatibles" avec celles de la République.

Un rapport esquisse un portrait des musulmans de France à rebours de certaines idées reçues et esquisse des pistes de réorganisation de "l'islam français", afin de le couper des influences étrangères et de mieux l'armer face au fondamentalisme.
Cette étude de l'Institut Montaigne, "think tank" d'obédience libérale, a été publiée ce dimanche par le JDD et transmise à l'Agence France-Presse (AFP). Elle s'adosse à une enquête "inédite" de l'Ifop*, réalisée alors que la vague d'attentats jihadistes depuis 2015 et l'approche de la présidentielle enflamment les débats sur la place de l'islam.

"Un islam français est possible"
Le rapport, intitulé "Un islam français est possible", avance que les musulmans comptent pour 5,6% des habitants de métropole, soit un pourcentage "moins important que ne l'avancent bon nombre de chiffres fantaisistes", souligne en avant-propos Hakim El Karoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon et ex-président de l'Institut des cultures d'islam. Mais ils sont 10% des moins de 25 ans, "signe de la prégnance croissante de la deuxième religion du pays auprès des jeunes générations".
Surreprésentés dans les milieux populaires ou éloignés de l'emploi, les musulmans interrogés - aux trois quarts de nationalité française - se hissent pourtant à des niveaux de qualification proches de la moyenne nationale.*

28% ont des valeurs opposées à celles de la République
Quelle est leur religiosité? L'Ifop a calculé que 46% sont "soit totalement sécularisés, soit en train d'achever leur intégration" sans renier leur religion. Un deuxième groupe, représentant 25%, est plus pieux et plus identitaire tout en rejetant le voile intégral.
  
Le dernier groupe, que l'Ifop évalue à 28%, réunit des croyants qui ont "adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République", s'affirmant "en marge de la société". Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis sont les plus disposés à adhérer à ce modèle.
Dans le détail, comme le met en exergue Le JDD, 29% des interrogés se sont déclarés "d'accord" à l'affirmation suivante: "La loi islamique (charia) est plus importante que la loi de la République".

La question clivante du voile
Mais une écrasante majorité des musulmans interrogés ne refusent pas la mixité, acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5%) ou de serrer la main d'une personne (88%) du sexe opposé.
  
Côté pratiques, la première est alimentaire: 70% des répondants déclarent "toujours" acheter de la viande halal.
La question du voile est plus clivante: si 65% se déclarent favorables au port du foulard (et 24% à celui du niqab), seules 37% des personnes de culture musulmane considèrent que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile au collège et au lycée.

S'appuyer "sur la majorité silencieuse"
La fréquentation des 2.500 mosquées est plus faible qu'on ne le pense souvent: 30% du millier de musulmans interrogés ne s'y rendent jamais, et autant ne le font au mieux que lors des grandes célébrations du ramadan.
En résumé, "la question sociale est la priorité des musulmans interrogés, bien avant les questions religieuses ou identitaires". Il n'y a pas de "communautarisme musulman unique et organisé".
Et "pour éviter de tomber dans le piège tendu par les extrémistes, le discours politique doit s'appuyer" notamment "sur la majorité silencieuse, insérée avec succès dans la société française", conclut le rapport.

Plus proches de Tariq Ramadan que du CFCM
En outre, une nouvelle organisation de l'islam, "financée par de l'argent français" et s'appuyant "sur des femmes et des hommes nouveaux", est nécessaire, alors que le Conseil français du culte musulman (CFCM), symbole d'un "islam des consulats", n'est vu comme représentatif que par... 9% des interrogés. Quand 37% se déclarent proches de l'islamologue Tariq Ramadan, considéré comme proche de l'islam politique des Frères musulmans.
"Il faut engager des changements profonds dans l'organisation de cette religion pour lui donner les moyens de lutter contre le fondamentalisme religieux", estime Hakim El Karoui, l'un des signataires du récent "Appel des 41" musulmans décidés à prendre leurs "responsabilités".

Un "grand imam de France", et l'arabe enseigné à l'école?
Le rapport formule plusieurs recommandations censées y contribuer, comme la nomination d'un "grand imam de France" pour exprimer une doctrine républicaine, la création d'un secrétariat d'Etat aux affaires religieuses et à la laïcité, ou encore un enseignement renforcé de l'arabe à l'école publique.

*Ce sondage a été conduit auprès de 1.029 personnes de confession ou de culture musulmane (dont 874 se déclarant musulmanes), extraites d'un échantillon de 15.459 métropolitains âgés de 15 ans et plus.

Source : BFM Tv.com, le 18 septembre 2016

Par la rédaction avec AFP

Nota de Jean Corcos :

C'est volontairement que j'ai choisi de ne pas reprendre le titre de BFM Tv, "Musulmans de France: pour 29% des sondés, la charia est plus importante que la loi de la République", qui est particulièrement angoissant. Ceci sans nier la réalité, bien sombre pour une importante minorité de cette population (près de 30% de musulmans se situant en rupture avec les valeurs de notre État). 

L'élément le plus inquiétant - et qui n'est guère repris par les principaux médias - c'est la sur représentation des jeunes dans cette minorité : ils sont près de 50% à se situer dans ce groupe là. Page 38, Hakim El Karoui parle même, pour eux, d'un "être au monde victimaire construit peu à peu, avec ses ennemis : les Américains, les Israéliens, les Occidentaux, qui ont tôt fait de se transformer dans la bouche de certains radicaux en "Croisés" ou en "Juifs". L'antisémitisme est ainsi devenu un marqueur d'appartenance pour ce groupe".


A noter aussi que l'article repris ci-dessus donne le lien non pas sur l'étude elle-même, mais sur une synthèse : pour avoir accès au document intégral (133 pages), le voici en format pdf .