La veille régulière de groupes antisionistes radicaux, et en particulier de la page FaceBook intitulée "Contre la LDJ bras armé du CRIF", permet sans cesse de nouvelles découvertes qui repoussent toujours plus loin les limites de l'abjection.
Ainsi, lorsque l'on
rencontre quotidiennement des vidéos ou photographies représentant des bavures,
réelles, exagérées - voire carrément inventées - attribuées à Tsahal lors de
ses opérations en Cisjordanie, on pourrait dire : "c'est de bonne
guerre" ; et se souvenir, d'abord, que la propagande de chaque camp fait
partie du discours obligé lorsqu'on lit des médias ; ceci bien entendu, à la
puissance dix lorsqu'il s'agit de réseaux sociaux, où l'objet est d'abord de
provoquer de l'indignation ou de la haine, et seulement ensuite de partager des
informations.
Par contre, ne peut que
révolter le fait de déshumaniser complètement l'ennemi, en détournant des
photos associées à des commentaires vulgaires ou carrément obscènes. Même si beaucoup
de jeunes, d'après leur patronymes majoritairement musulmans, ont
définitivement "nazifié" les jeunes soldats et soldates de Tsahal, le
fait de ne leur reconnaitre même pas le droit de pleurer - et on verra dans
quelles circonstances -, est quelque
chose que je n'avais jamais rencontré dans aucunes autres propagandes,
associées à des conflits lointains ou récents. Dit de manière plus directe, cette absence totale d'éthique est du même niveau que Dieudonné lançant à son
public des plaisanteries ignobles sur la Shoah; public qui doit largement
recouper, d'ailleurs, celui de cette page FaceBook !
Mais revenons à la série de
photos détournées dont je voulais vous parler. Sous le titre générique
"Tsahal c'est dur pour tout le monde", on peut voir tourner de
manière régulière des photos représentant un groupe de soldats ou de soldates
en larmes.
Commençons par cette
première photo, en applaudissant au passage la connaissance de l'orthographe
des minus qui l'ont détournée :
Quand a-t-elle été prise ? Il
suffit d'utiliser la fonction "Google Images" pour la retrouver :
c'était en pleine guerre de Gaza, à l'été 2014 ; et pendant l'enterrement du
sergent Bnaya Rubel, pleuré par ses camarades parachutistes. Voir sur
le site anglais du Mail Online
On continue avec cette
deuxième photo :
Même recherche rapide,
permettant en particulier d'aboutir à
cet article du site brésilien Globo, et donc de savoir qu'il s'agissait,
lors de la même guerre, de l'enterrement de deux jeunes soldats, Max Steinberg
et Nissim Sean Carmeli.
Troisième photo, publiée
aussi sur le site complotiste bien connu des spécialistes, "Le grand soir
info" :
Cette fois ci, le
site d'un journal norvégien nous permet de savoir qu'elle a été prise lors
des obsèques militaires de Yonatan Hadasi, 21 ans.
Quatrième photo, moins
tragique parce qu'elle n'est pas associée à un enterrement, mais assez
inquiétante car elle imprime dans des esprits fragiles la certitude que Tsahal
tue volontairement des jeunes enfants :
La photo provient du site de
Tsahal, mais je l'ai trouvée
ici. Et l'ironie de l'histoire, elle représente des soldats musulmans, de
"l'unité de reconnaissance du désert", dont les effectifs sont
largement composés de soldats d'origine bédouine. La publication a d'ailleurs agité
les lecteurs de la fameuse page FaceBook, beaucoup se disputant sur le thème :
"non, pas d'Arabes dans Tsahal, c'est un mensonge" !
Cinquième photo détournée,
celle-ci dont le commentaire ajouté est plutôt moins ignoble que les précédents
:
Je l'ai retrouvée sur cette page du site pakistanais
Dawn : elle fait partie des 30 photographies de guerre jugées les plus
dramatiques par l'agence Reuters. Et elle représente des soldats israéliens
brisés par l'émotion lors de l'enterrement de leur camarade Alex Mashavski, à
Beersheba.
Enfin, sixième et dernière
photo : la légende est particulièrement ignoble, et parfaitement en phase avec
le langage des petites frappes fans de cette page "antisioniste" :
"Quenelle", "Bien profond dans le cul", "Nique ta
mère", autant d'expressions qui balisent un mental fermé et un vocabulaire
sans doutes limité à quelques centaines de mots.
J'ai retrouvé cette photo sur cet album d'images
Flikr . Et, heureusement, elle a été prise dans des circonstances moins
tragiques, car il s'agit de soldats pleurant après avoir évacué de force les
habitants des implantations de Gaza, à l'été 2005.
J.C