Henri Cohen-Solal
Avant de vous présenter
cette émission, quelques informations sur la programmation. Habituellement,
Judaïques FM passe une rediffusion pour la période de "l'entre
réveillons" ; mais, d'une part l'actualité a fait sauter un numéro de
"Rencontre", et d'autre part, et pour des raisons de calendrier, la
première émission de "Rencontre" de l'année 2016 sera diffusée seulement
le 17 janvier. Bref, et pour éviter une interruption trop longue, nous avons
convenu de passer une interview nouvelle le 27 décembre, et j'espère que vous
serez malgré tout nombreux à l'écoute !
La plupart de ceux qui
suivent cette série savent que j'évoque rarement l'actualité israélienne, qui
est par ailleurs largement traitée sur la fréquence juive ; par ailleurs, j'essaie,
toujours, de prendre du recul sur l'actualité. Pour ma prochaine émission, nous
n'allons pas ignorer les évènements tragiques récents, d'abord cette vague
d'attaques au couteau ou à la voiture bélier qui ont fait une vingtaine de tués
en Israël depuis Roch Hachana, et bien sûr les horribles attentats de Paris.
Mais nous parlerons surtout de ce nouveau round de violence entre Israéliens et
Palestiniens, avec notre invité qui se rend très souvent sur place, Henri-Cohen
Solal. Henri Cohen-Solal est l'exemple parfait du témoin avec qui on peut prendre,
justement, du recul. Il est à la fois psychanalyste et éducateur. Il a fait des
études de psychologie avec des professeurs prestigieux comme Françoise Dolto et
Jacques Lacan. Déjà passionné par la pratique autant que par la théorie, il a été
infirmier psychiatrique pendant ses études, et c'est dans la psychiatrie qu'il
a d'abord travaillé. Sans jamais quitter sa passion pour la psychanalyse - il a
passé en 2013 une thèse de Doctorat intitulée "Freud, le passeur" -,
il a vite réalisé que les maladies de l'âme pouvaient générer les pires drames
dans la société, et c'est ainsi qu'il a fondé en 1980 avec des amis "Bait
Ham", "La maison chaleureuse" en Israël, un lieu de rencontre
entre jeunes Juifs et Arabes en difficulté. L'Intifada des couteaux, cette
forme nouvelle de terrorisme qui traumatise la population, rend-elle maintenant
impossible de telles rencontres ?
Parmi les questions que je
poserai à Henri Cohen-Solal :
-
Pourriez-vous nous parler plus en détails de
"Bait Ham", ce qu'on fait dans cette "maison chaleureuse" en
Israël ; est-ce qu'il y a un seul ou plusieurs centres ?
-
La société israélienne a déjà connu par le
passé, des vagues terroristes et certaines beaucoup plus meurtrières que
celle-là : pourtant on a l'impression d'un traumatisme particulier, accompagné
d'une peur et d'une méfiance jamais atteinte vis à vis de tous les Arabes :
quelle explication psychologique pouvez-vous donner ?
-
Et est-ce que, avec le recul, on peut mieux
définir ceux qui commettent ces attaques suicidaires, d'où viennent-ils ? Au
début on a surtout noté des meurtres de civils à Jérusalem même, commis par de
très jeunes Arabes habitant les quartiers Est, comment l'expliquez-vous ? Est-ce
que c'est la proximité immédiate de la Mosquée Al Aqsa ?
-
Ce qui frappe tout visiteur qui vient en
Israël, c'est à quel point les deux populations juive et arabe sont à la fois
mélangée et séparées. Elles sont mélangées dans les transports en commun, dans
les rues, sur les lieux de travail, dans certains lieux de divertissement ; mais
en même temps ils ne vivent pas dans les mêmes villes et villages, et leurs
enfants ne vont pas dans les mêmes écoles. Est-ce que tous les lieux de
rencontre comme Bait Ham sont maintenant désertés ? Que sont devenus les
activités qui créaient justement du lien, comme les orchestres mixtes, ou les rencontres
entre équipes de football ou autres ?
-
Dans une vidéo remarquable que l'on peut voir
sur le site Akadem, vous dites que ces attaques à coups de couteau risquent de
créer une "société pulsionnelle", comme le sont devenues toutes les
sociétés arabes des pays voisins ; et vous dites que ce mode pulsionnel, qui
n'a jamais été celui de l'Etat d'Israël, est très dangereux pour son avenir :
pourriez-vous en dire plus à nos auditeurs ?
-
On peut s'inquiéter de la banalisation dans
la société israélienne de postures racistes, dérivant sur des actes violents, comme ceux commis par l'organisation "Tag
Mehir" ou le groupe "Lehava". Les Autorités et la Société
ont-elles été trop laxistes par rapport à ces brebis galeuses ?
-
Dans le même entretien sur Akadem, vous
disiez que, dans le fond "chacun veut être le "possesseur de
l'origine". Or les autorités religieuses musulmanes donnent vraiment dans
la caricature la plus grotesque, en niant que ce soit le lieu des premiers et
deuxième Temples. L’actuel Mufti de Jérusalem a déclaré le 25 octobre 2015 que
la mosquée Al-Aqsa était une mosquée construite depuis la création du
monde" : comment arriver, par la parole et pas par la domination, à ce que
chacun puisse écouter la croyance de l'autre, alors que même l'Histoire
concrète est niée par une des parties ?
Des
sujets de fond, avec un invité de qualité : merci pour votre écoute !
J.C