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28 avril 2014

Choses entendues lors du 31ème congrès de l'UOIF



FIGAROVOX/TRIBUNE- La démographe Michèle Tribalat a écouté les propos tenus lors du 31ème Congrès de l'Union des Organisations Islamiques en France. L'antisémitisme y occupait une place de choix, et le djihad en Syrie n'a pas été condamné.

L'Union des Organisations Islamiques en France (UOIF) vient de tenir sa 31ème rencontre des musulmans de France au Bourget2. Le sujet du congrès était «Quelles valeurs pour une société en mutation? L'homme, la famille et le vivre-ensemble». Les débats et interventions étaient retransmises en direct sur UOIF-tv. J'ai donc pu suivre quelques heures de ce congrès. Il y a été beaucoup question de la famille, de l'école et des moyens de maintenir une communauté de musulmans soudée. On a parlé de la conduite exemplaire que devaient avoir les adultes, et notamment les parents pour imprégner les enfants des bons comportements. À ce propos, Nouria Addou a fustigé le comportement du Président de la République, qui a eu une compagne et des enfants qu'il a quittés pour une nouvelle compagne, qu'il a quittée à nouveau pour un flirt, comportement d'après elle typique d'une société qui privilégie le plaisir à l'attachement. Ce défaut d'engagement et ce privilège accordé au plaisir, elle le voit aussi à l'œuvre chez les jeunes dont certains préfèrent le mariage musulman au mariage civil. Ce qu'elle déplore.

Mais il n'a pas été question que de famille. Malheureusement, l'antisémitisme a occupé une place de choix avec l'intervention de Hani Ramadan (le frère de Tariq), directeur du Centre islamique de Genève et présenté comme un «invité de marque» sous les applaudissements du public. Tout en France, et dans le monde, est fait pour contrarier les musulmans. Il déclare qu'en France on a vu un ministre «qui clairement porte la kippa» s'en prendre aux femmes voilées pour condamner ensuite hypocritement des agressions de ces dernières. Qu'il s'agisse de la France, de la situation en Egypte, de la guerre en Syrie, de l'Irak, du Rwanda, de la Centrafrique, tout provient d'une main qui agit dans l'ombre. Et quelle est cette main? La barbarie sioniste, dixit. Tout le malheur provient des juifs qui n'ont qu'une idée en tête, concrétiser le rêve du grand Israël. «L'islam est agressé de toutes parts». Le danger est aussi en Europe avec les lobbies financiers qui pratiquent l'usure. Ces lobbies ne comptent plus seulement des juifs, mais aussi les pétromonarchies arabes, qu'Hani Ramadan a apparemment «dans le nez». À quoi s'occupent ces lobbies? À renforcer la crise financière, la misère. Les médias aussi, qui alimentent la peur de l'islam, sont financés par ces lobbies. Les médias sont dominés par les sionistes nous dit-il. Mais ce n'est pas mieux chez les politiques. Aux Etats-Unis, personne ne peut être élu président sans avoir été faire des courbettes auprès de l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), nous explique-t-il. Même chose en France où l'on ne peut, d'après lui, être élu sans l'approbation du CRIF3 qui, en fait, dirigerait dans l'ombre.

Contre ces manigances internationales du pouvoir sioniste, un seul rempart, l'islam. Quelle qu'en soit la tendance, qu'il s'agisse du tabligh, des salafistes ou des frères musulmans. Il n'en réfute aucune et les déclare au contraire complémentaires. Il ne trouve rien à dire à ceux qui s'en tiennent à la lettre du Coran et de la Sunna. Les salafistes eux aussi ont leurs savants réputés, explique-t-il. Il ne condamne pas non plus les jeunes gens partis mener le djihad en Syrie - «ce n'est pas mal de se rendre en Syrie pour accomplir l'aide humanitaire et au niveau de sa personne» - alors même que quelques instants auparavant, l'association Syrie libre avait condamné ces départs de jeunes Français en Syrie.

Michèle Tribalat
Le Figaro, le 23 avril 2014

Michèle Tribalat a mené des recherches sur les questions de l'immigration en France, entendue au sens large, et aux problèmes liés à l'intégration et à l'assimilation des immigrés et de leurs enfants. Son dernier livre , Assimilation: la fin du modèle français1 est paru aux éditions du Toucan.