Des réformes
sont urgentes en Algérie pour diversifier une économie dépendante aux
hydrocarbures et éviter une crise économique dès 2019, a averti lundi le centre
d'analyses International Crisis Group (ICG). L'Algérie, qui tire l'essentiel de
ses revenus du pétrole, a subi de plein fouet la dégringolade des cours entre
2014 et 2017.
Or "les
nouvelles réalités financières ne permettent plus de maintenir le niveau élevé
de dépenses publiques des dix dernières années, qui vide rapidement les caisses
de l'Etat", a indiqué l'ICG dans un rapport intitulé "Surmonter la
paralysie économique de l'Algérie".
"Malgré
les promesses des gouvernements successifs de faire des réformes et de
rééquilibrer les finances publiques, la paralysie politique a fait obstacle à
toute mesure décisive", s'est-il inquiété. Cette paralysie est renforcée
par l'incertitude autour d'une candidature du président Abdelaziz Bouteflika,
81 ans, à un 5e mandat en avril prochain.
Et en dépit
du "rétablissement du cours du pétrole, la crise économique pourrait
frapper le pays dès 2019" et "se greffer aux tensions entourant la
présidentielle", a averti l'ICG.
"Les
autorités reconnaissent que le modèle actuel est à bout de souffle mais peinent
à le corriger", a souligné le rapport, regrettant que les réformes
économiques "ont eu tendance à être reportées".
Selon l'ICG,
deux facteurs paralysent celles-ci: "des groupes d'intérêt" influents
qui "défendent le statu quo" et le souvenir de la guerre civile
(1992-2002), née des troubles politico-sociaux ayant suivi les mesures
d'austérité des années 1980 et 1990.
Le centre a
estimé insuffisantes les coupes budgétaires et la "politique monétaire
expansionniste, qui alimente l'inflation et permet seulement au gouvernement de
gagner du temps sans s'attaquer aux problèmes de fond".
"A
terme, l'Algérie ne pourra pas se contenter d'apporter de petits ajustements
techniques à sa politique économique", a-t-il ajouté, jugeant inévitable
une renégociation du "contrat social implicite" dans le pays, "à
savoir que l'Etat pourvoit aux besoins d'une population tenue de
s'exécuter".
Socialiste
jusqu'au début des années 1990, l'économie algérienne reste marquée par une
forte intervention étatique. La rente pétrolière subventionne notamment
carburant, eau, énergie, santé, logements et produits de base.
Mais
"toute renégociation doit être envisagée avec prudence", a souligné
l'ICG. Les moins de 30 ans (55% de la population selon les statistiques
officielles) "entrent aujourd'hui sur le marché du travail avec de sombres
perspectives d'avenir et une capacité considérablement réduite de l'Etat à les
soutenir".
L'Algérie
peut néanmoins compter sur une dette extérieure inférieure à 2% du PIB et à des
partenaires, européens notamment, "prêts à apporter leur soutien", a
argué le centre.
Les
analystes ont appelé Alger à plus de transparence sur l'état des finances
publiques, les difficultés économiques, les réformes nécessaires et leurs
résultats attendus et à "mettre l'accent sur les jeunes dans l'élaboration
du programme de réformes".
Il l'a aussi
invité à élargir son "éventail" d'interlocuteurs, limités à
l'ex-syndicat unique UGTA et au Forum des chefs d'entreprises, organisation
patronale proche du pouvoir.
Le Figaro.fr
avec AFP
Le 19
novembre 2018