Le Président turc Recep Tayyip Erdogan et le Roi Abdallah de Jordanie,
Amman le 21 août 2017
Nous allons consacrer mon
émission de la rentrée à un pays voisin d’Israël. J’ai en effet intitulé ce
numéro de « Rencontre », « A quoi joue la
Jordanie ? », et c’est vrai qu’on a constaté ces dernières semaines
que ce pays voisin de l’Etat hébreu, théoriquement en paix avec lui et toujours
présenté comme un facteur de stabilité dans la région, avait jeté de l’huile
sur le feu ; d’abord à l’occasion des incidents du Mont du Temple mais
aussi après, dans l’affaire de l’ambassade israélienne à Amman. Notre invité
sera Jacques Benillouche, que je pense les auditeurs de notre station
commencent à bien connaitre ; correspondant en Israël du journal en ligne
"Slate.fr", il est aussi le directeur du site Internet "Temps et
Contretemps", où comme le savent mes lecteurs fidèles j’écris souvent des
articles.
Parmi les questions que
je poserai à Jacques Benillouche :
- La crise du Mont du
Temple a commencé le 14 juillet par l’assassinat de deux policiers druzes
israéliens, des terroristes ayant utilisé des armes cachées sur place. Avant
l’installation provisoire de portiques de contrôle qui a suivi, la Jordanie
s’était illustrée par les félicitations adressées aux terroristes par le président
de son Parlement, sous les applaudissements des députés. Israël a protégé depuis
longtemps les dirigeants de ce pays par une coopération sécuritaire ; or,
cette coopération reste cachée à sa population par la Monarchie : qu’en
penser ?
- Après la mise en place
des portiques de détection à l’entrée du Mont du Temple, il y a eu des
manifestations violentes côté palestinien, puis l’assassinat de trois habitants
d’une implantation, et on a craint un moment une nouvelle Intifada. Au-delà des
erreurs de calcul de Netanyahou qui a fini par reculer, on a relevé que le Roi
de Jordanie était aussi virulent que l’Autorité Palestinienne ou le Hamas, et
n’avait pas du tout aidé Israël à sortir de ce guêpier ; n’aurait-il pas
mieux valu, dès le départ, l’associer au contrôle sécuritaire de ce Lieu
Saint ?
- Pour ne rien arranger,
il y a eu ensuite l’incident grave à l’Ambassade d’Israël à Amman, lorsque se
défendant après avoir été attaqué à l’arme blanche par un Jordanien, un garde
du corps a tué l’assaillant mais aussi une autre personne tout à fait
innocente. Le gouvernement israélien, en cédant pour les portiques, est arrivé
à le faire sortir de Jordanie, mais en fait toute l’équipe de l’Ambassade est
partie en même temps : où en sommes-nous, et comment sortir de cette
crise ?
- Tu as écrit un article
le 11 août intitulé : « Les raisons véritables du voyage du Roi
Abdallah à Ramallah ». Cela faisait cinq ans qu’il n’était pas venu, et
officiellement, c’était pour exprimer, je le cite, « le soutien total de la
Jordanie aux droits légitimes des Palestiniens et à la création d'un État
indépendant avec pour capitale Jérusalem Est». En réalité, pourquoi ce
voyage ?
- Il y a un élément clivant
aujourd’hui dans le monde arabe, c’est l’attitude à avoir vis-à-vis des Frères
Musulmans. Depuis la rupture totale décidée au mois de mai par plusieurs Etats
contre le Qatar, qui est devenu leur base arrière, il y a deux camps : les
pays qui les considèrent comme une menace intérieure (Egypte, Arabie Saoudite,
Bahreïn et Emirats Arabes Unis). En face, il y a un axe qui défend le Qatar,
avec deux pays non arabes, la Turquie, et le grand rival chiite de l’Arabie,
l’Iran. Or la Jordanie a refusé de prendre parti. Quel est le poids de la
confrérie dans le Royaume Hachémite ?
- La société jordanienne semble
vu de loin comme à la fois plus évoluée que celle de la plupart des pays arabes
du Moyen-Orient, et en même temps traversée par des tensions lourdes de menace.
C’est un pays de plus de 9 millions et demi d’habitants, où il existe encore une
importante minorité chrétienne et qui a même reçu beaucoup de réfugiés
chrétiens d’Irak. C’est un Etat assez bien classé du point de vue des libertés
publiques ou de l’accès à Internet, et qui a beaucoup de liens avec les
Occidentaux. Mais en même temps, il compte parmi ses citoyens plus de 2
millions de Palestiniens, qui restent très hostiles à Israël. Un million et
demi de réfugiés syriens les ont rejoints, et eux aussi peuvent rester :
comment vois-tu l’avenir de la Jordanie ?
Un sujet original, donc, car nous n’avions
jamais consacré une émission spécifique à la Jordanie. Mais en même temps, une
interview tout à fait en phase avec l’actualité : soyez nombreux à l’écoute !
J.C