Dimanche prochain, j'aurais
le plaisir de recevoir Dorothée Schmid. Nos auditeurs commencent à bien la connaitre. Pour rappel, elle dirige le programme
"Turquie / Moyen Orient" à l'Institut Français des Relations
Internationales. Elle vient de publier un livre incroyablement riche, "La
Turquie en 100 questions", édité chez Tallandier. 270 pages nous offrent
une brillante synthèse, à la fois factuelle et analytique sur ce pays.
L'ouvrage se décline en une série de grands chapitres : Histoire, Politique, Culture
et Société, Religion, Economie, Géopolitique et enfin France et Union
Européenne. Alors d'un côté, c'était a priori très facile de construire
l'émission : il suffisait de reprendre tels que les titres de certains chapitres,
en choisissant parmi les 100 questions du livre ; mais j'ai pensé qu'il était
plus intéressant de reformuler les questions, par thématique et en recoupant ce
qu'elle avait écrit au fil des pages. Et puis, il fallait faire des choix,
alors j'ai préféré que l'on aborde plutôt ce fascinant pays en essayant de
comprendre ses racines, ses invariants, et tout ce qui a construit la mentalité
turque, des Ottomans au régime actuel d'Erdogan. On évoquera plutôt les
questions de société, et on reparlera, à d'autres occasions, de la Géopolitique
et de la question kurde.
Parmi les questions que je
poserai à Dorothée Schmid :
-
Vous évoquez au chapitre 11 les "Jeunes
Turcs", qui à la fin du 19e siècle ont fondé une organisation secrète pour
moderniser l'Empire Ottoman sur des bases libérales : on sait
que cela a fini dans un bain de sang, avec le désastre de la Première Guerre
Mondiale et le Génocide Arménien. Dans votre introduction et au fil du livre,
vous rappelez les réalisations de l'AKP à ses débuts au pouvoir : pensez-vous,
au vu de l'actualité récente, que cela peut finir aussi mal ?
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Une série de chapitres ont pour titres des
questions très précises : "Pourquoi l'Empire Ottoman a-t-il disparu
?" "Quand ont été tracées les frontières de la Turquie actuelle
?" "Pourquoi Ankara est-elle la capitale et non Istanbul ?". Et la Turquie
est-elle simplement la réduction d'un Empire disparu, ou au contraire un État neuf,
qui n'est pas tout à fait une nation ?
-
Aujourd'hui, on craint l'islamisation à
marche forcée en Turquie, et on dénonce le rôle - au départ ambigüe - du
gouvernement AKP vis à vis du Daech ; beaucoup regrettent l'époque
"laïque" des premières décennies : cependant, je vous ai trouvé assez
sévère vis à vis de la mouvance kémaliste, pourquoi ?
-
J'ai relevé un chiffre incroyable page 152,
le budget de la "Diyanet", direction des affaires religieuses, est de 1,75
milliards de dollars par an, soit le double du budget du ministère de la santé
: la ré islamisation est-elle irrévocable
?
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Tout le monde est au courant de la vague de
répression depuis le coup d'Etat manqué de juillet 2016. Existe-t-il encore des
médias d'opposition ? Et finalement, est-ce qu'il y a eu dans le passé des
vrais périodes sans censure, avec un presse libre et puissante ? Même si vous
écrivez aussi que les élections ne sont pas truquées, peut-on parler toujours
de démocratie sans liberté de la presse ?
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Par contraste avec ces faces sombres de la
Turquie, il y a eu le réel décollage économique à partir de l'arrivée au
pouvoir de l'AKP. Un chiffre le résume, le PIB par habitant a triplé. Votre
livre nous donne plusieurs pistes, l'accord de libre échange avec l'Union
Européenne en 1996, le dynamisme des nouveaux entrepreneurs, les "Tigres
anatoliens", la conquête de nouveaux marchés. Qu'elle en est la raison
principale, à votre avis ? Les Turcs ont-ils des atouts pour affronter la
période actuelle, avec le fardeau des réfugiés syriens, la crise sécuritaire et
la chute du tourisme ?
On parle de plus en plus de la Turquie, avec la crise
ouverte entre son Président Recep Tayyip Erdogan, et l'Union Européenne :
j'espère vraiment que vous serez nombreux à l'écoute, ce livre là le mérite
vraiment !
J.C