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03 août 2015

Rien n’excuse la terreur de Juifs contre d’autres Juifs ou non juifs

Bernard Musicant
 
Je suis abasourdi et choqué par la succession d’informations en provenance d’Israël  de ces deux derniers jours.  Le choc, l’horreur. Sans être naïf ou Bisounours, comment ne pas réagir à ces évènements  ?

Un constat terrible, un bis repetita

Un ultra-orthodoxe a poignardé 6 personnes à la Gay Pride de Jérusalem.
Une famille arabe a été violentée par des activistes juifs et un bébé en est mort.
Hier, souvenons-nous du massacre de Hébron par Baroukh Goldstein, du meurtre du  Premier Ministre par Ygal Amir, des Palestiniens brulés par des Israéliens.
Et n’oublions pas les lapidations de personnes à Ramat Bet Shemesh pour des habits pas assez longs, même si les victimes sont elles-mêmes des orthodoxes.
Les paroles déniant la judaïté des réformés ou libéraux par des politiciens Israéliens n’apaisent en rien les débats sociétaux.
Comment ne pas se rappeler les prières contre Ytshak Rabin et Ariel Sharon appelant à leur mort ? Les photos montages avec eux en Nazis ?

La Loi du Talion, une fausse interprétation

Je vais citer ici le site CICAD.CH : La « loi du talion » : le Juif
sanguinaire
« Œil pour œil, dent pour dent », dit la Bible (Exode XXI, 24). Depuis plus de 2000 ans, ce verset, appelé aussi « loi du talion », a nourri le mythe du Juif sanguinaire et vengeur, ainsi que du droit hébraïque autorisant les représailles violentes.
Au contraire, le droit hébraïque a toujours récusé la vengeance et encouragé la réconciliation après un dommage civil : « Ne te venge pas et ne garde pas rancune. […] Aime ton prochain comme toi-même » (Lévitique XIX, 18).
La « loi du talion », qui légalise la rétorsion, est en fait une création du droit romain (la loi des XII Tables), qui n’a rien à voir avec le code juridique juif.
Le verset biblique litigieux indique, dans l’hébreu d’origine, « tu donneras vie selon vie, œil selon œil, dent selon dent… ». Il n’est point question de vengeance, ni de violence légalisée, mais bien de volonté de réparation.
Mais la tradition païenne, puis chrétienne, en voulant opposer l’image du « Dieu vengeur de l’Ancien Testament », au message d’amour de Jésus (voir Matthieu V, 38), a défiguré le texte hébraïque, puis perverti son interprétation pour créer le stéréotype du Juif impitoyable et assoiffé d’une vengeance archaïque et obsessionnelle.
Selon la tradition juive, un objet perdu ou détérioré ne peut être remplacé par l’identique. Il faut donc y substituer un objet nouveau ou différent. Le judaïsme prône donc la compensation qui mène à la réduction, puis à la réparation du dommage, pour favoriser une relation positive entre celui qui l’a subi et celui qui l’a causé. C’est à un juge, et à lui seul, d’évaluer le montant et la nature de la réparation, qui sera toujours une sanction matérielle (amende), jamais physique. La vengeance, forme de rétorsion immédiate, et la rancune, qui alimente le désir de vengeance, sont totalement rejetées, au profit du maintien de bons rapports de voisinage.
La loi du talion n’a jamais été ni inventée, ni adoptée par le droit hébraïque.

Laissons la vengeance aux Autorités, à la Justice et à l’Armée

Il n’appartient pas à un citoyen Israélien ou un Juif dans le monde de se substituer à la justice ou au gouvernement.
Les expéditions  punitives sont du ressort de Tsahal et il en coute assez cher à l’Etat d’Israël en moyens humains, politiques et financiers. Quand l’Armée Israélienne planifie une opération à Gaza ou à l’étranger (comme la recherche de terroristes dans le monde), les pouvoirs politiques et judiciaires donnent leur aval. Israël est une démocratie, la seule du Moyen-Orient.
Ne laissons pas croire non plus à la fable de déséquilibrés agissant seuls dans leur coin. S’ils ont agi ainsi, c’est la conséquence d’un terrain haineux et fanatique. On l’a vu pour Ygal Amir. On le verra surement pour ceux qui sont ou seront bientôt dans les prisons israéliennes.

Oui mais, les Arabes le font alors pourquoi pas nous ?

Débat éternel sur les réseaux sociaux. Les Juifs ont une poignée de terroristes contre des milliers chez les Arabo-Musulmans.
C’est vrai et incontestable. Les colonies de vacances du Hamas forment déjà les terroristes de demain. Daesh et ses émanations islamistes radicales dans le monde ont essaimé la mort à Paris, Copenhague, et ailleurs.
Mais justement, nous avons une éthique et une morale dans le Judaïsme : « Ou Bakharta Et HaHayim », Et tu choisiras la vie. C’est cette éthique qui nous pousse à aller plus loin et  ne pas réagir bestialement.
C’est cette morale qui nous interdit de publier des photos de corps déchiquetés, de sang dans les rues de Jérusalem à chaque voiture-bélier ou chaque bombe.
Nous sommes peut-être trop moraux, mais nous ne sommes pas des Bisounours.
Nous ne pouvons pas excuser le terrorisme juif par le terrorisme arabe. Pas d’excuses, mais pas non plus d’angélisme, les deux sont à combattre car les deux sont des cancers métastasés.

Alors que faire ?

En 1995, lorsque la haine était présente dans l’état d’Israël contre Rabin et ses efforts pour la Paix, une grande majorité de la société Israélienne a entamé un processus de réflexion.
Des groupes de parole ont eu lieu dans tout le pays, permettant des échanges forts et parfois violents entre pro et anti-Rabin.
Extirper la Haine Gratuite (Sinat Khinam) est une nécessité pour le Peuple Juif.
Lors de Tisha Beav, j’ai entendu un shiour disant que c’est cette haine contre l’autre qui a causé la chute du Temple, matérialisée par les Romains.
Cette haine contre les juifs de gauche, les homosexuels, les non juifs, est un cancer qui dénature l’essence même universaliste du judaïsme.
Le peuple juif doit rayonner sur les Nations, c’est cela qui fait sa force et le maintient depuis des millénaires.
Et depuis des siècles, nous avons su nous défendre contre ceux qui ont voulu nous détruire : Romains, chrétiens, Arabes, Grecs, nazis. Les empires romain et grec ont disparu et le peuple juif est toujours là. Et il survivra au Hamas, au Djihad Islamique, au Fatah et à Daesh.
Car ce qui conserve notre unité envers et contre tout est notre éthique, certains l’appelleront la foi, la émounah, d’autres la morale.

Ne perdons pas le nord, non l’est vers Jérusalem.

Bernard Musicant

Times of Israël, 31 juillet 2015