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10 mai 2012

Malgré la colère du Hamas, l’écrivain algérien Boualem Sansal se rendra au Festival d'Israël à Jérusalem


Introduction :
Mon ami Souhail Ftouh m'envoie cet article, à propos d'un voyage dont on n'a pas fini de parler ... il y a fort à parier, hélas, que ce courageux écrivain algérien fasse l'objet de représailles dans son pays, où l'anti sionisme le plus radical est la norme depuis 50 ans.
Il oublie un titre important dans l'oeuvre de Boualem Sansal, "Le village de l'Allemand" : pour rappel, ce livre avait été l'objet d'une interview mémorable, par téléphone depuis Alger ... pour en savoir plus, cliquer sur son nom en libellé.
J.C

Le grand écrivain algérien Boualem Sansal va se rendre au Festival d’Israël à Jérusalem, prévue du 23 mai au 14 juin 2012. Il a annoncé sa participation au festival de Jérusalem. Depuis 1961, ce festival consacré aux arts du spectacle a accueilli les plus grands talents. Au programme : danse, théâtre, mime et musique (jazz, musique classique, contemporaine, israélienne, du monde) au théâtre Sherover, à l’Henry Crown concert Hall, au théâtre Khan de Jérusalem, et beaucoup de spectacles gratuits toute la nuit. La programmation est essentiellement internationale. C’est l’un des meilleurs festivals du pays.
 
Le mouvement terroriste palestinien du Hamas à Gaza a condamné cette visite qui est considérée comme acte de normalisation.

Dans une déclaration à la presse, le mouvement islamiste Hamas parle de la venue du romancier comme d’un « crime contre un million et demi de martyrs algériens qui ont sacrifiés leurs vies pour la liberté de l’Algérie sous l’occupation française. ». Selon le Hamas, c’est « un crime contre le peuple palestinien qui paye le prix martyr avec du sang, des blessures et de la souffrance. » Le ministère du Hamas affirme qu’il y a là « collusion flagrante avec les crimes de l’occupation contre le peuple palestinien » et qu’ainsi l’auteur se rendrait coupable de la légitimation de ces crimes. Le Hamas a jugé que cette participation est inacceptable et doit être rejetée par tous les écrivains des Arabes; musulmans et libéraux du monde. Les terroristes palestiniens souhaitent décourager l’écrivain de participer à ce festival au nom de la « liberté ». Ce mouvement islamiste réclame par ailleurs que le gouvernement algérien « dénonce et condamne une telle participation » et qu’il prenne un « rôle efficace pour rejeter la gravité de cette démarche. » Enfin, le ministre du Hamas en personne a appelé à un boycott de l’écrivain algérien dans le monde arabe s’il venait à participer à cet évènement culturel.

Mr Sansal représente la fine fleur intellectuelle de l’Algérie et un grand écrivain. Il est censuré dans son pays d’origine à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place. Il est en revanche très reconnu en France et en Allemagne, pays dans lesquels ses romans se vendent particulièrement bien, et où il a reçu de nombreux prix.

Il publie son premier roman "Le Serment des barbares" en 1999 qui reçoit le prix du premier roman et le prix des Tropiques. Son livre" Poste restante", une lettre ouverte à ses compatriotes, est resté censuré dans son pays. Son troisième roman, "Dis-moi le paradis", publié en France en 2003, est une description de l’Algérie post-colonisation, à travers les portraits de personnages que rencontre le personnage principal, Tarik, lors de son voyage à travers ce pays. Le ton est très critique envers le pouvoir algérien, se moquant de Boumediene, critiquant ouvertement la corruption à tous les niveaux de l’industrie et de la politique, l’incapacité à gérer le chaos qui a suivi l’indépendance, et attaquant parfois violemment les islamistes.

Ce livre est l’une des raisons qui ont conduit le pouvoir à limoger l’auteur de son poste de haut fonctionnaire au ministère de l’industrie algérien.

Boualem Sansal est connu pour son rejet de la religion. Dans une interview donnée à l’Express en 2011, il s’explique de la manière suivante : « La religion me paraît très dangereuse par son côté brutal, totalitaire. L’islam est devenu une loi terrifiante, qui n’édicte que des interdits, bannit le doute, et dont les zélateurs sont de plus en plus violents. Il faudrait qu’il retrouve sa spiritualité, sa force première. Il faut libérer, décoloniser, socialiser l’islam. »

En 2011, il publie un nouveau roman, Rue Darwin, l’histoire d’une famille prise dans la guerre d’Algérie. C’est un livre très personnel, écrit trois mois après la mort de sa mère. Le personnage de Yaz ressemble par beaucoup à Boualem Sansal ; par ailleurs, la Rue Darwin est une rue où l’auteur a vécu dans son enfance, à cent mètres de la maison d’Albert Camus.

Mr Sansal est un homme démocrate, courageux, ayant le sens de la justice. À travers ses livres, on sent sa voleté à vouloir faire quelque chose pour les algériens, et pour le monde en général. Monsieur Boualem Sansal est un algérien libre qui admire Jérusalem, berceau de la civilisation et de la pensée juive. Israël est un pays démocratique où bouillonnent des activités culturelles, industrielles, artistiques…n’en déplaise à tous les antijuifs.

Ftouh Souhail ,
Tunis