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17 novembre 2006

L’émission « Rencontre », (2) : de quoi parlons-nous ?

Introduction :
Suite et fin des extraits de mon intervention du 10 septembre à l’antenne de Judaïques FM, à l’occasion du 200ème numéro de l'émission.
J.C

« (...) Alors nous parlons de sujets bien divers, et à nouveau je voudrais vous donner quelques statistiques.

D’abord à ceux qui nous entendent mais ne veulent pas écouter ce qui se dit, nous n’avons jamais nié la gravité des évènements ni servi une production à l’eau de rose : 5 émissions ont été consacrées à l’antisémitisme d’origine musulmane en France ; 18 émissions ont été consacrées à l’islamisme, avec 4 témoignages d’intellectuels musulmans, dans 3 émissions on a décortiqué cette idéologie totalitaire, et dans 7 autres nous avons analysé le phénomène dans sa dimension internationale. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que lorsque l’on a un ennemi implacable - et l’islamisme est un ennemi implacable pour le peuple juif - , lorsque donc on a identifié un ennemi pareil, et bien il faut le connaître, l’appréhender, savoir ce qui se passe dans sa tête, essayer d’imaginer sa tactique, essayer de décrypter ses messages ; et si il y a encore des auditeurs qui ne le comprennent pas, et bien c’est désolant. Si il y a des gens qui confondent l’empathie (c'est-à-dire le fait de se mettre à la place des autres) avec la sympathie, et bien c’est également désolant.

Décrypter, c’est aussi précéder l’évènement et ne pas passer des heures à le commenter quand il a eu lieu. Je vous donne quelques exemples : il y a quinze mois j’avais comme invité un universitaire franco-libanais, Khattar Abou Diab ; à l’ époque personne ne parlait du Hezbollah, aucune radio juive ne s’était appesantie sur la résolution 1559 de l’ONU, et bien j’avais soulevé cette question ; en décembre 2002, j’ai eu un autre universitaire comme invité, celui-là d’origine irakienne, le professeur Halkawt Hakem et il avait prévu plusieurs mois à l’avance l’effondrement de l’armée de Saddam ; en janvier 2001, Alexandre Adler avait, à notre émission, prédit avant le 11 septembre, que le principal adversaire des États-Unis était l’extrémisme arabe, et que cet extrémisme allait avoir des alliés en France, par haine de l’Amérique.

Ensuite, quand nous parlons du monde musulman, il faut bien avoir en tête que l’on évoque plus d’un milliard d’habitants, et que chaque pays a une histoire, une géopolitique, une société qui sont spécifiques. « Rencontre » a consacré à ce jour 32 émissions à un véritable tour de cet univers, on a eu par exemple 3 émissions sur l’Égypte, 4 sur l’Algérie, 4 sur l’Iran, 5 sur l’Irak, 3 sur le Liban - et vous vous rendez bien compte que nous allons reparler de certains pays, sans doutes plus du Moyen Orient et moins du Maghreb. Mais ce qui, à mon avis, fait aussi l’originalité de notre série, c’est le fait que au-delà de l’actualité brûlante, au-delà des guerres, des attentats, de la surface de la politique, j’ai essayé dans plusieurs numéros d’aborder avec des invités de qualité, des sujets transverses, de comprendre ces sociétés de l’intérieur : « Monde arabe et modernité », « Islam et démocratie », « Les médias arabes », « Que pensent les musulmans ? », « L’esclavage dans le monde musulman » - autant de sujets qui ne sont presque jamais abordés dans nos grands médias nationaux, et très peu aussi sur les stations de la fréquence juive où - excusez un peu la brutalité de mon propos - on discute au millimètre près de la politique intérieure israélienne, et on analyse très peu ce que pensent les voisins directs de l’état juif. Voyez-vous, pour préparer ces émissions je passe aussi des heures à lire sur Internet la presse israélienne, et je suis frappé par les articles d’experts réputés sur le monde arabe ou sur l’Iran : je ne crois pas que là-bas, où ils sont aux premières loges, on entende des commentaires aussi stupides que ceux d’auditeurs qui m’ont appelé, après des émissions, pour me reprocher de parler trop de ces pays.

J’ai aussi ouvert cette émission aux minorités, et je suis très heureux de l’avoir fait, parce que le monde musulman n’est pas une entité monolithique, homogène. J’ai eu des invités kurdes, kabyles, druzes, chrétiens orientaux, bahaïs.

Nous avons été sans doutes la seule station juive à consacrer deux pleines émissions au Soudan - parce qu'il faut être logique : on ne peut, à la fois, reprocher aux grands médias d’ignorer les centaines de milliers de morts là-bas et de ne parler que du conflit israélo-arabe, et puis d’une autre côté, nous radios juives, faire exactement comme eux ! (...)»

Jean Corcos