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15 novembre 2006

Juifs d'Egypte, 50 ans d'exil déjà

L'actrice et danseuse Samia Gamal dans le film "La Vallée des Rois"

J’évoquais hier le cinéma égyptien des années mythiques, et vous avez pu découvrir un échantillon de film musical avec Farid El Attrache. J’ai choisi pour ce nouveau « post » une vielle photo de sa compagne, l’actrice Samia Gamal : une image de fête et de bonheur disparus, tout à fait appropriée pour vous parler des « Journées du Judaïsme d’Égypte », du 19 au 22 novembre prochain au Centre Communautaire de Paris. Des journées organisées avec la collaboration de « l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel des Juifs d’Égypte », et son association « sœur » du Royaume Uni - où s’est réfugiée une importante partie de cette communauté.

29 Octobre 1956 : réagissant aux incessantes attaques depuis la Bande de Gaza (déjà ...), territoire à l’époque sous administration égyptienne, Israël lance une offensive victorieuse dans le Sinaï. Secrètement alliés de l’État juif, mais disant agir sous le couvert de l’ONU et pour séparer les belligérants, la France et la Grande Bretagne lancent une opération militaire sur le Canal de Suez, que le président Gamal Abdel Nasser vient de nationaliser. Une aventure qui finira par un fiasco diplomatique complet et le renforcement du régime nassérien, qui tentera sa revanche au printemps 1967 ... mais ceci est une autre histoire (pour en savoir plus : lire l'article sur Wikipedia, l’encyclopédie en ligne). La conséquence immédiate de la crise de Suez fut l’expulsion, immédiate et avec une brutalité inouïe, des minorités européennes, mais aussi juive d’Égypte : arrestations pour certains, confiscation des biens, expulsions sans aucun viatique, les Juifs de ce pays ont payé un très lourd tribu au conflit israélo-arabe. On en a très peu parlé, sans doutes en raison de leur discrétion ; ils se caractérisent en effet - du moins pour ceux que je connais - par une grande réserve, presque une timidité, qui tranche avec l’exubérance des communautés d’Afrique du Nord.

Et pourtant ... tout ne fut pas aussi noir au Pays des Pharaons, dont la Bible a laissé un souvenir si cuisant dans la mémoire du peuple juif. Comme le dit le professeur Illios Yanakakis (lui-même originaire de la communauté grecque également exilée), « nous sommes la dernière génération qui garde en elle le souvenir d’une Égypte accueillante, tolérante, ouverte aux mondes ». Comme lui, de nombreux intellectuels, écrivains, journalistes, parleront de cet univers englouti, et il y aura aussi de nombreuses projections en hommage au cinéma égyptien. Mais j’ai surtout noté, mardi 21, un film en hommage à Jacques Hassoun : prématurément disparu (en 1999, à l’âge de 63 ans), il avait été mon invité quelques mois avant (en février 1998), pour une émission dont le thème était, justement, les Juifs d’Égypte. L’interview s’était faite par téléphone, et il ne me reste donc en mémoire que sa voix. A mes côtés dans le studio se trouvait le journaliste égyptien Ahmed Youssef, que j’ai retrouvé il y a un an comme invité (voir les photos sur le blog). Je rendrai hommage à Jacques Hassoun plus tard, dans un article particulier.

Centre Communautaire de Paris, 119 rue Lafayette, 75.010 Paris
Tel : 01.53.20.52.52

J.C