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24 octobre 2015

Migrants, Syrie, qui est responsable ? Bernard Schalscha sera mon invité le 1er novembre

Réfugiés syriens à la frontière turque

Nous allons revenir à la politique internationale avec cette émission, puisque le titre que j'ai choisi est : "Migrants, Syrie, qui est responsable ?" En ce qui concerne la Syrie, même les moins au courant de nos compatriotes ont compris que c'est un conflit où nous intervenons, avec les frappes contre l'Etat islamique et les attentats sur notre sol : on se pose donc la question du bien fondé de notre position. En ce qui concerne les migrants, tout le monde réalise le drame de ces centaines de milliers d'hommes, femmes et enfants qui veulent entrer en Europe, les milliers de noyés en Méditerranée et la crise politique provoquée dans l'Union Européenne. Alors pour en parler, j'ai tenu à faire entendre un intellectuel engagé depuis de nombreuses années, à la fois pour la défense des droits de l'homme et dans le soutien aux révolutions dans le monde arabe, Bernard Schalscha. Bernard Schalscha est éditorialiste, secrétaire général de l'association France Syrie Démocratie, et membre du comité de rédaction de "La Règle du Jeu". "La Règle du Jeu" est une revue sur Internet, dirigée par Bernard-Henri Lévy, et dont la ligne correspond bien sûr aux valeurs défendues par cet intellectuel engagé, que je regrette de n'avoir jamais interviewé, mais que mon invité représentera en quelque sorte dans cet entretien. Disons tout de suite que je partage les causes de cette revue, mais je me ferai un peu "l'avocat du diable" dans mes questions, parce que c'est vrai qu'on lit et entend beaucoup de critiques, à la fois contre le soutien politique passé aux révolutions arabes, et contre BHL, traité au mieux d'irresponsable et au pire d'agent du Mossad.

Parmi les questions que je poserai à Bernard Schalscha :


-        A propos de Bernard-Henri Lévy, on est frappé par à la fois le pouvoir qu'on lui accorde, comme s'il était lui tout seul responsable du renversement de Kadhafi ou de la guerre civile en Syrie, et par la violence des attaques qu'il subit. Ainsi sur FaceBook il y a de nombreuses pages haineuses contre lui, par exemple celle appelée "Pour que BHL ferme sa gueule à tout jamais" qui a plus de 10.000 "like". Je lis souvent des menaces de mort le concernant. Alors pourquoi à votre avis cette détestation ?


-         A propos de la Libye, on ne peut pas nier que Bernard-Henri Lévy ait eu un rôle dans cette affaire, dans la mesure où il a ouvertement poussé Sarkozy à lâcher Kadhafi, puis à intervenir militairement. Or aujourd'hui, c'est en pays en décomposition, mais surtout - et cela concerne directement les migrants venus d'Afrique noire - la Libye est devenue un des points de départ vers l'Europe, avec les drames affreux que l'on connait, de rafiots surchargés qui coulent en Méditerranée : qui est responsable de ce désastre ? Et pourquoi n'entend-on pas BHL s'exprimer là-dessus ?


-        Bien entendu, on ne peut que souhaiter sauver les réfugiés chassés par des guerres, et on pense en priorité à la Syrie. Dans notre pays, les principales institutions juives ont exprimé leur solidarité. Mais, à la réflexion, il y a aussi beaucoup de réserves. D'abord, on a constaté qu'il y avait beaucoup de "faux réfugiés" qui étaient des migrants économiques ; les capacités d'accueil ne permettent pas de recevoir d'un coup des centaines de milliers de personnes. Mais il y a aussi une autre crainte, le fait que de nombreux demandeurs d'asile viennent de pays hostiles à Israël, et que ceci pourrait renforcer les opinions antisémites au sein de la communauté arabe : qu'en pensez-vous ?


-        On ne peut pas refuser de voir l'évidence, la situation en Syrie est catastrophique : catastrophique, en raison du bilan humain avec 240.000 tués et des millions de réfugiés. Catastrophique sur le plan politique, cat l'opposition démocratique que vous soutenez ici et qui représenterait le meilleur avenir pour le pays est totalement mise hors jeu, sur le terrain ce sont les groupes islamistes a minima et djihadistes au pire comme le Daech qui font face aux troupes d'Assad qui résistent encore : que s'est-il passé ? Pourquoi cet échec des démocrates ? Et qui est responsable ?


-        On assiste depuis le départ de la guerre civile en Syrie à une campagne de propagande habilement relayée par les pro-Assad. Ces derniers temps, on ne peut que constater son succès. La peur du Daech qui a commis des attentats en France, fait que maintenant une petite majorité de Français sont pour s'allier avec lui contre l'Etat Islamique. Il y a un large courant d'opinion qui soutient maintenant un renversement d'alliances, en faveur de l'Iran et des Chiites contre la menace djihadiste sunnite ; il y a aussi les massacres et persécutions des minorités chrétiennes commises par le Daech ; et puis il y a la peur des centaines de milliers de réfugiés syriens qui veulent entrer en Europe : comment répondre à tout cela ?


Plein de questions importantes, un sujet vraiment grave : j'espère que vous serez nombreux au rendez-vous !

 

J.C

21 octobre 2015

La retenue israélienne empêche un soulèvement généralisé



Le Hamas tenterait de perpétrer un attentat terroriste de grande envergure qui précipiterait une 3ème intifada

On peut voir un signe positif dans le fait que la vague de violence palestinienne actuelle ne se soit pas transformée en véritable soulèvement populaire. Ainsi, si nous parvenons à éviter les erreurs inutiles, cet élan de terrorisme ne devrait pas évoluer en une troisième Intifada, avec un nombre de morts qui devrait être bien inférieur aux deux premières.
La mauvaise nouvelle est que la peste des attaques au couteau est plus contagieuse que jamais, et prend de l’ampleur à une vitesse folle, comme nous l’avons vu avec l'attaque fatale à Beer Sheva. Un nouveau défi est maintenant lancé aux forces de sécurité. Un défi qui réside principalement dans le domaine de l'idéologie. Alors qu'Israël n'a pas encore mis au point de méthode efficace pour neutraliser l'effet de l'incitation mensongère des Palestiniens et la glorification des assaillants au couteau, il est logique de prévoir que la vague de terreur devrait encore durer plusieurs semaines.
Le fait que la vague de terreur n'ait pas évoluée en une Intifada est le résultat de la manière avec laquelle le gouvernement israélien et les responsables sécuritaires ont géré la situation depuis le début. La retenue et la circonspection dont a fait preuve le cabinet de sécurité, à la demande des responsables sécuritaires, est la principale raison pour laquelle le peuple palestinien n’est pas descendu dans la rue.

Si la police et l'armée avaient pris des mesures punitives sévères, comme certains ministres du gouvernement l’ont recommandé, nous nous serions retrouvés avec une troisième intifada. Les règles d'engagement (i.e. les règles encadrant l’usage de la force) sont tout à fait justes : les tirs sont seulement autorisés en cas de danger réel et immédiat pour les civils et pour les forces de sécurité, en visant les membres inférieurs.
Equiper les snipers de fusil Ruger 10/22 semi-automatiques avec des petites cartouches 22 WMR s’est avéré très efficace pour réduire le nombre de décès au cours des affrontements avec les émeutiers palestiniens. Lors de la seconde Intifada, nous avons appris que chaque mort palestinienne renforçait la motivation des terroristes, qu'ils appartiennent à un groupe terroriste ou qu’ils agissent de manière "spontanée".
Cela est encore vrai aujourd'hui, ce qui explique pourquoi l'effort est mis sur l'option de neutraliser les assaillants en leur tirant dans les jambes au lieu de "tirer pour tuer". Lorsqu’un assaillant armé d’un poignard représente un danger immédiat, il n'y a pas d'autre choix que de tirer pour le tuer. Mais quand l'assaillant est loin de ses victimes, ou quand il est clair qu'il ou elle ne représente plus de danger, il est possible de viser les membres inférieurs afin d'éviter un cortège funèbre inflammatoire avec des éloges au martyr sur les médias sociaux.
Enfin, l'initiative offensive du cabinet de positionner un grand nombre de troupes sur le terrain pour réduire le nombre d'attaques au couteau à Jérusalem ces derniers jours doit être applaudie. Un agresseur, qui agit même spontanément, stimulé par l'incitation à la haine, réfléchit deux fois quand il ou elle est entouré(e) de forces de sécurité et est arrêté(e) pour des contrôles d'identité. Le seul problème est que cette initiative offensive a été prise trop tard, après de trop nombreux incidents.
On ne va pas cependant rejeter la responsabilité de la vague de terreur actuelle sur les forces de sécurité d'Israël. Pour rappel, ce sont l'incitation à la haine et la glorification des assaillants sur les réseaux sociaux qui est à l'origine des violences actuelles.
Si au début de la semaine dernière, le Hamas et le Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas étaient des partenaires égaux dans l'entreprise de l'incitation à la haine, c’est aujourd'hui le Hamas qui a pris l'avantage. Les agents du Fatah sont au plus bas depuis que le Tombeau de Joseph a été incendié il y a trois jours.
De façon surprenante, Abbas les a sévèrement punis, en leur faisant apparemment comprendre qu'ils étaient allés trop loin. Pourtant, le Hamas fait tout ce qu'il peut pour attiser les flammes de l'Intifada en Cisjordanie, car c’est là un scénario idéal pour lui: cela lui permet de préserver le calme à Gaza, d'assurer sa mainmise sur la reconstruction de l'enclave palestinienne, où sa position est précaire et sa gouvernance contestée, tout en brandissant l’épée en Cisjordanie.
Ce n’est pas par hasard si la majorité des attaques au couteau, durant le week-end, ont eu lieu dans la région de Hébron, un bastion connu du Hamas. A Jérusalem, où le groupe bénéficie aussi d'une influence considérable, le couvre-feu dans les quartiers Est, et le renforcement de la sécurité ont apporté un calme relatif.
De plus en plus de signes montrent que le Hamas essaie de mettre à exécution un attentat terroriste de grande envergure qui ferait descendre les Palestiniens dans les rues et précipiterait une troisième intifada.

Ron Ben Yishai,

Site I24news.tv, 19 octobre 2015

Ron Ben-Yishai est un correspondant de guerre et analyste en matière de défense. Cet article a été publié sur le site I24 news avec l'autorisation de Ynet.