Le géant industriel se fournit essentiellement en
Turquie où des enfants sont employés pour la récolte, travaillant de longues
heures pour un salaire dérisoire.
Ce sont des aliments souvent appréciés par les
enfants. Et la jeunesse n'est pas la seule à consommer la pâte à tartiner aux
noisettes Nutella, Ferrero-Rocher et
autres Kinder, commercialisés par l'entreprise italienne Ferrero. Si ces produits
sont connus dans le monde entier, on ignore pourtant qu'entre 70 et 75 % des
noisettes du monde proviennent de Turquie.
Ces
noisettes sont principalement cueillies par les migrants, y compris les
enfants, qui travaillent une dizaine d'heures sur des pentes raides. Le travail
est pourtant interdit pour les moins de 15 ans en Turquie. "On commence à
travailler à 6 heures du matin. On a une heure de pause le midi pour
déjeuner", explique une adolescente de
15 ans à franceinfo. Comme le
précise franceinfo, les enfants représentent 8, 5 % de la main-d'oeuvre.
La plupart
des cueilleurs sont des migrants saisonniers originaires des régions pauvres du
sud et de l'est de la Turquie, principalement des Kurdes. Ils travaillent pour
un salaire très bas, rapporte la BBC dans une enquête.
Un salaire dérisoire
Le salaire
officiel fixé par les autorités locales est en effet de 95 lires par jour, soit
15 euros. Calculé sur une base horaire, c'est moins que le salaire minimum net
officiel turc de 2020 lires par mois, soit 321 euros, pour une semaine de 40 ou
45 heures.
Mais à ce
salaire, il faut retirer le montant d'une commission de 10 % payée à
l'entrepreneur en main-d'oeuvre qui amène les cueilleurs, ainsi que le prix du
billet aller-retour jusqu'à son domicile, précise la BBC, qui a suivi une
famille pour son enquête. Il ne lui resterait donc plus que 50 lires, soit à
peine 8 euros par jour. "J'emmène mon enfant de 11 ans au travail sinon je
ne ramène pas d'argent à la maison", déclare un travailleur saisonnier
interrogé par franceinfo.
La Turquie
compte environ 400 000 vergers familiaux de noisetiers, note la BBC. La plupart
sont minuscules, quelques hectares. Au bout de la chaîne d'approvisionnement
souvent complexe se trouvent des marques de confiserie turques et
internationales bien connues, dont Ferrero. Ferrero achète environ un tiers de
toute la récolte turque et produit 360 000 tonnes de Nutella chaque
année.
Ferrero "déterminé à prévenir et à éliminer le
travail des enfants"
Interrogé
par le Guardian, qui a publié
l'enquête de l'ONG WeMove Europe, Ferrero a reconnu être au courant du
travail des enfants turcs dans le secteur agricole mais a déclaré qu'ils
étaient "déterminés à prévenir et à éliminer le travail des enfants tout
au long de nos chaînes d'approvisionnement".
Ferrero a
également précisé qu'elle ne possédait ni ne gérait de fermes de noisettes en
Europe. "La complexité de la chaîne d'approvisionnement des noisettes
signifie qu'elle ne peut pas être transformée par un seul acteur", a
déclaré un porte-parole de Ferrero interrogé par le Guardian. "La
coopération est absolument essentielle pour s'attaquer au problème du travail
des enfants", a ajouté Ferrero.
Sur son site
Internet, Ferrero, précise que "la traçabilité est essentielle pour
garantir les normes de qualité de la production et des produits". L'objectif
de l'entreprise est de rendre ses noisettes 100 % traçables d'ici 2020. Mais,
selon son dernier rapport daté de 2018, il n'a atteint actuellement que 39 % de
traçabilité.
Dans une pétition, WeMove Europe,
partenaire de Center for Child Rights en Turquie, qui a récolté cet été
des preuves vidéo du travail des enfants, "exhorte Ferrero à mettre fin
immédiatement au travail des enfants et à soutenir un prix juste et équitable
des noisettes turques afin que les travailleurs perçoivent un salaire
décent".
L'Express, 24 décembre 2019