Après l'attentat du 18 novembre 2014 à Jérusalem
Tout d'abord, une précision
: l'effroyable attaque terroriste, à l'arme blanche, de fidèles en prières dans
une synagogue de Jérusalem Ouest - une zone "non occupée" pour nos
médias nationaux - n'arrive pas par surprise. La situation sécuritaire dérape
dans la Capitale israélienne, surtout ces dernières semaines et c'est
maintenant une dizaine de civils innocents qui ont déjà été assassinés dans des
attentats. "Loups solitaires" excités par le contexte sanglant des
pays voisins avec l'irruption de "l'Etat islamique" et sa litanie de
massacres ? Plan concerté par le Hamas et/ou le Fatah pour provoquer une
troisième Intifada ? Il est trop tôt pour conclure et je ne m'y hasarderai pas.
Deuxième précision : bien entendu que j'ai mon opinion sur le
contexte politique - politique interne ou internationale - qui est en arrière
plan de ce drame ; bien entendu que j'ai mon opinion sur la gestion du conflit
par le gouvernement israélien actuel, et sur son Premier Ministre en
particulier. Mais devant une telle abjection - l'assassinat à l'arme blanche de
fidèles en train de prier dans une synagogue - en parler serait relativiser,
faire diversion, oublier l'essentiel. J'y reviendrai donc, mais plus tard, et "à
froid", si c'est possible.
Restons en donc, pour le
moment, à quelques rappels historiques, rappels peut-être nécessaires, parce
que je suis toujours désolé de constater combien l'actualité brûlante fait
oublier un passé pourtant encore proche :
- Ce n'est pas la première
fois qu'une synagogue est attaquée à Jérusalem Ouest : il y avait eu un attentat pire encore au
"Merkaz Harav", en mars 2008. J'en avais parlé avec une illustration
par un dessin personnel, sur mon blog à l'époque : voir
ici
- Je lis un peu partout sur
les réseaux sociaux et sur les pages de mes amis juifs, une association entre
ces meurtres au couteau et à la hache, et les horreurs du Daesh, qui
effectivement terrorise les musulmans qui ne lui plaisent pas et toutes les
minorités, en égorgeant, décapitant, etc. Bien sûr qu'il y a du vrai dans
l'horrible climat actuel au Moyen-Orient. Mais l'attentat a été revendiqué par le FPLP,
organisation terroriste "laïque", fondée à la fin des années 60 et
qui se définissait à l'époque comme ... marxiste - léniniste ! Ci-après, un petit
rappel sur ce mouvement terroriste, qui eut "son heure de gloire" il
y a plusieurs décennies, lire
cela.
- Dans le même souci de
rappels historiques, tout le monde semble surpris de ces attaques à l'arme
blanche, et on en parle comme si c'était quelque chose d'inédit : mais vers la
fin de la première Intifada, vers l'année 1992, il y avait eu une série
d'attaques au couteau, au cœur d'Israël, dans des rues, dans des bus, et cela
aussi, tout le monde semble l'avoir oublié.
- Enfin, dernier point et
que je ne peux que survoler tant le sujet est vaste, il y a presque toujours eu,
dans les conflits où des peuples musulmans ont affronté des non musulmans, une
dimension religieuse, même si elle n'était pas au premier plan. Et pourtant,
elle existait ! Le FLN algérien appelait "shahids" (martyrs) les
combattants morts au combat, et le terme "moudjahid" est de la même
racine que "djihad" ; l'Empire Ottoman, en lutte partout contre les
puissances européennes, était aussi le siège du Califat ; et cela, bien que par
endroits des "laïcs" dirigeaient les luttes pour l'indépendance
(exemple de la Tunisie).
Ces rappels, donc, pour ne
pas être surpris, et surtout pour ne pas baisser les bras devant la fatalité
d'une "guerre de religions". Ce genre de guerres où demain n'importe
qui pourra attaquer un "différent" à coups de couteaux, pour se
venger d'un meurtre de l'autre côté, dans un cycle de haine sans fin. Israël a
déjà assez à faire pour résister face à ce retour du terrorisme, nous avons
déjà assez de risques sécuritaires avec "nos" djihadistes pour
envisager, en plus, une telle horreur !
Jean Corcos