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10 juin 2012

Une nouvelle agression antisémite….jusqu’à quand ?


Samedi dernier,  à Villeurbanne, trois jeunes juifs, reconnaissables en tant que tels à la kippa qui leur couvrait la tête, ont été insultés puis frappés à coup de marteau et de barres de fer.  Les agresseurs, des jeunes, très probablement d’origine maghrébine, se sont enfuis, après avoir blessé  leurs victimes. Cette agression antisémite s’ajoute à de nombreuses autres qui se sont produites  ces dernières semaines, sans toujours être aussi graves, bien heureusement. On aurait pu croire que les actes monstrueux commis par Mohamed Merah à Toulouse et Montauban, avaient provoqué un choc salutaire, un sentiment de honte, le désir de se distinguer d’un tueur d’enfants chez des jeunes  sans repères.  C’est le contraire qui s’est produit, il est devenu pour certains un héros, comme en témoignent des inscriptions ou des insultes  antisémites.   Selon le SPCJ, le service de protection de la communauté juive, 148 actes antisémites, dont 43 violents se sont produits entre le 19 mars (jour de la tuerie dans l’école juive et le 30 avril 2012). Le ministère de l’intérieur en avait recensé 389 pour toute l’année 2011. Une escalade de la violence que confirme le BNVCA, le bureau national de vigilance contre l’antisémitisme.

L’agression de Villeurbanne a été condamnée par l’ensemble des responsables politiques, le premier ministre, Jean Marc Ayrault, le ministre de l’intérieur  Manuel Valls, contrairement à ce qui s’était passé entre 2000 et 2002 avec Jospin et Vaillant, ont immédiatement réagi et condamné. Manuel Valls a rencontré les responsables de la communauté pour étudier avec eux la sécurisation des bâtiments  sensibles et en particulier la protection des élèves à l’entrée et à la sortie des écoles.  Il n’est  donc «  pas question de minimiser les actes antisémites » qui sont, a déclaré le ministre « une insulte pour la France et la République » Il n’y aura pas de changement, avec François Hollande et la nouvelle équipe gouvernementale, dans la lutte contre l’antisémitisme, il y a continuité. Manuel Valls réactive la circulaire Guéant du 23 avril ainsi que la plate forme « Pharos » du ministère de l’intérieur. Les agresseurs seront  arrêtés et  condamnés, cela ne fait pas de doute mais je pense qu’il faut donner de la publicité à ces arrestations, à ces condamnations, pour qu’elles aient valeurs d’exemple, pour que certains agresseurs qui sont encore des gamins, se rendent compte qu’insulter, attaquer un juif est un délit. Répression, prévention, éducation doivent aller de pair.  

 Les responsables religieux ont aussi réagi : la Conférence des évêques de France  a estimé « rien ne peut conduire à poser ou à justifier des actes violents antisémites », le Conseil français du culte musulman en France a fait part «  de son soutien et de sa solidarité fraternels face à ces actes odieux » : c’est bien mais de la part des responsables musulmans, ce n’est pas suffisant. Actuellement, l’antisémitisme en France est surtout un antijudaïsme, dont les islamistes se font les propagandistes ; il cause un tort intolérable aux juifs mais il dessert aussi la communauté musulmane dans son ensemble. La tuerie de Toulouse, les assassinats de Montauban, les agressions de Villeurbanne, de Marseille n’améliorent pas l’image qu’offre d’elle-même, la minorité musulmane en France. Ils ne rendent pas plus facile son intégration dans la société française, ils confortent l’extrême  droite, ils renforcent la xénophobie, les phénomènes de rejet, alors que de nombreux français issus de l’immigration commencent à avoir de très belles réussites professionnelles, de belles promotions dans l’administration, dans la société civile. Malheureusement, ce ne sont pas ceux là qui sont les héros, les exemples à suivre pour la jeunesse en cause dans les actes délictueux. Ses héros, elle les recherche, au mieux, parmi les petits caïds de banlieue, au pire, elle encense un Mohamed Merah. Une élite émerge de cette communauté, elle partage les valeurs qui sont communes à la société française, elle s’intègre sans renier ses racines, elle est laïque ou pratiquante, mais elle n’ose pas exprimer publiquement son refus de l’islamisme radical. Elle ne s’implique pas, elle ne s’engage pas. Une manifestation organisée le 28 avril à Paris, par des musulmans, quelques jours après la tuerie antijuive de Toulouse, pour défendre les valeurs de tolérance, n’a réuni que deux cents personnes. En désertant le débat au sein de l’immigration dont elle est issue, cette élite  laisse le champ libre  aux plus extrémistes, alors que les musulmans de France gagneraient beaucoup à condamner ces derniers d’une voix forte et claire.

Gérard Akoun    
Judaïques FM, le 7 juin 2012