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16 mai 2005

Mon ami André Nahum, "collègue" de Judaïques F.M

Sidi Bou Saïd, source : site http://www.harissa.com/

Comment parler de relations judéo musulmanes sans penser à André Nahum ? J’ai eu la chance de le connaître il y a 28 ans, il avait à peu près mon âge d’aujourd’hui, et il venait de publier "Partir en Kappara", autobiographie relatant le commun héritage de toute une communauté, en l’occurrence la mienne, celle des Juifs de Tunis : une vie tranquille, ensoleillée, entre siestes et rituelles vacances à quinze kilomètres du domicile, dans un Pays où la mer était toujours proche et où la fin du bonheur semblait infiniment lointaine ; et puis, comme deux coups de canons venus gâcher définitivement la fête, l’histoire qui s’invite à la table de « Tunes » bien surpris, en 1961 la guerre de Bizerte, en 1967 celle des Six Jours ; et puis vint le temps des valises, du bateau, de l’exil à jamais illustré dans ma mémoire par une photographie de départ découverte sur un autre livre qu’il publia, un album de photos toutes accompagnées de légendes bouleversantes d’à propos, et qui s’appelait "L'étoile et le jasmin". Pauvre, pauvre petite étoile des Juifs, retrouvant sur une sordide terrasse de café de Belleville un peu de la terre perdue, le temps de respirer une bouffée parfumée ! 
« L’étoile et le jasmin » est devenu le titre de l’émission littéraire qu’il anime tous les lundis à 21 heures sur Judaïques FM. Malgré un « jingle » immuable et oriental, André a une thématique beaucoup plus vaste que celle de « Rencontre », et j’admire son énergie de - toujours jeune - retraité, qui le fait avaler des bouquins sans faiblir et interviewer sans faillir les plus grands écrivains, les personnalités les plus illustres, de la regrettée Françoise Giroud au Directeur de la rédaction du "Figaro Magazine". 
Mais André Nahum, c’est aussi le billet du chroniqueur politique du mercredi matin, cinq minutes qui le voient synthétiser toute l’actualité du Proche Orient avec à la fois lucidité et optimisme, percutantes chroniques dont il tira, en un premier bilan, un livre, "Israël-Palestine, l'heure de vérité" (Editions Safed, 2001). 

André Nahum a enfin été le Romain Bouteille d’un « café de la gare » judéo-tunisien dont les Clavier et Lhermitte se seraient appelés Kakou ou Boujenah, le père spirituel d’un folklore encore complexé dans les années 70, une sorte d’archiviste autoproclamé de siècles de traditions populaires, miraculeusement retrouvées et notées, au hasard de ses visites de médecin dans les appartements de Sarcelles. Les relations judéo-musulmanes, hélas, hélas, ne sourient pas encore dans nos esprits comme le petit marchand de jasmin illumine une des photographies de son album déjà jauni. Et mon ami, l’infatigable « collègue » de Judaïques F.M, nous explique chaque semaine pourquoi, en espérant comme moi des temps meilleurs ! 
Pour découvrir la bibliographie d’André Nahum, et lire quelques uns des savoureux proverbes judéo-arabes dont il fit la compilation, aller sur le site de « Harissa », le site des Juifs de Tunisie.

J.C