Muhammad
Bilal Khan compte près de 16.000 abonnés sur Twitter, 22.000 sur Facebook et
plus de 48.000 sur sa chaîne Youtube.
Très
populaire sur les réseaux sociaux du pays, où il s’exprimait notamment sur les
questions religieuses, ce jeune citoyen-journaliste a été tué à l’arme blanche
en banlieue d’Islamabad. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités du
Pakistan à faire toute la lumière sur ce meurtre.
C’est une effroyable embuscade qui lui a été tendue.
Le blogueur Muhammad Bilal Khan, âgé de 22 ans, a été retrouvé mort hier
soir, dimanche 16 juin, en banlieue d’Islamabad. Un peu plus tôt, en fin de
journée, il avait reçu un appel lui enjoignant de se rendre dans la zone dite
G-9/4, selon les premiers éléments recueillis par la police. Là, plusieurs
individus l’ont attaqué et traîné dans une zone boisée, où il a été achevé à la
machette. Un coup de feu a été tiré. Dans leur rapport préliminaire, les
policiers décrivent la scène comme ayant été mue par “une haine ou une
colère profondes”.
S’exprimant notamment sur les questions religieuses,
Bilal Khan était particulièrement actif sur les réseaux sociaux, drainant une
vaste audience : son compte Twitter compte 16.000 abonnés, son compte Facebook
plus de 22.000, et sa chaîne Youtube réunit plus de 48.000 abonnés. Dans une vidéo, son père affirme que son fils
n’avait pas d’ennemi personnel : “Sa seule faute aura été de parler du
Prophète et de ses compagnons.”
“Tous les éléments indiquent que Bilal Khan a été tué
en raison de son activité de blogueur, s’inquiète Daniel Bastard, responsable du bureau
Asie-Pacifique de RSF. Il est crucial qu’une enquête complète identifie au
plus vite les auteurs et les commanditaires de ce meurtre. L’impunité qui
entoure les exactions commises contre ceux qui diffusent leurs points de vue
sur Internet ne peut plus durer, et toutes les pistes doivent être envisagées.”
En janvier 2017, cinq célèbres blogueurs avait été enlevés en quelques jours depuis différents
points du Pakistan, pour être relâchés plusieurs semaines, voire plusieurs mois
plus tard. L’un d’entre eux, Ahmed Waqass Goraya, aujourd'hui en exil, estime que ce sont les services de renseignement du pays
qui ont agi ainsi pour intimider les voix dissidentes en ligne.
En chute de trois place, le Pakistan se situe à la
142e position sur 180 pays dans l’édition 2019 du Classement
mondial de la liberté de la presse récemment publiée par RSF, autour
de la thématique de la “mécanique de la peur” qui frappe aujourd’hui les
journalistes.
Source : Reporters sans Frontières, 17 juin 2019