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20 juin 2016

Le souk imaginaire de l’EJM



L’Ecole juive moderne a mené tout au long de l’année un projet pédagogique dont les œuvres seront présentées aux parents d’élèves le mercredi 25 mai au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme avant d’être exposées au grand public.
L’Ecole juive moderne conduit chaque année un projet d’établissement d’envergure associant tous les élèves de la maternelle au primaire. L’objectif est de permettre aux enfants d’acquérir de nouvelles connaissances et surtout de les faire réfléchir sur le monde qui les entoure. Du cinéma à l’opéra (ils ont monté “Carmen” de Bizet au Théâtre de Neuilly), les élèves sont toujours enthousiastes de découvrir des univers artistiques accompagnés de leurs professeurs aussi bien dans l’école qu’hors les murs. En 2015, pour réagir aux attentats contre Charlie Hebdo et l’HyperCacher, l’EJM a travaillé sur la liberté en créant un spectacle présenté à la mairie du XVIIe. Cette fois, c’est sur la fraternité que Josée Vaisbrot a décidé de travailler.
La directrice de l’établissement a obtenu le partenariat du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et de l’Institut du Monde Arabe pour conduire les élèves vers la découverte de la culture arabe et de « ce qui rapproche (ces) deux communautés, (ces) deux cultures et (ces) deux religions plutôt que ce qui les sépare ». Les deux institutions sont déjà engagées dans cette démarche via un partenariat dont le projet de l’EJM célèbre en quelque sorte le dixième anniversaire. « Le projet pédagogique de l’école est axé sur l’ouverture aux autres et au monde, un projet humaniste où chacun doit pouvoir cohabiter avec l’autre », explique Josée Vaisbrot. « Il nous a semblé indispensable de montrer aux enfants que la fraternité devait continuer d’être recherchée entre les hommes et avons cherché, pour cela, à développer leur esprit critique pour ne pas céder à la tentation du repli ».
Au vu des résultats et malgré la réticence des parents d’élèves au départ, le projet « Culture en partage » a rempli son contrat.  Il souhaitait montrer comment la culture arabe avait donné une couleur particulière au judaïsme de la majorité des juifs de France d’origine séfarade. Les élèves se sont rendus plusieurs fois au mahJ et à l’IMA pour participer à des ateliers d’art visuel afin de créer des objets typiques d’un souk imaginaire quelque part au Maghreb. Les enfants ont fait connaissance avec la céramique, la mosaïque et l’argile en créant des assiettes, des verres à thé et des jarres. Ils ont façonné des textiles en cousant des cafetans, des tarbouches et des ceintures. Ils ont également appris à écrire en arabe et découvert la cuisine orientale. Ils ont même réalisé une énorme Méguilah décorée avec des lettrines en enluminure.

« Rechercher la fraternité »

Mercredi 25 mai au soir, les parents découvriront les oeuvres de leurs enfants exposées au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme dans le Marais. Ils parcourront le parcours pédagogique pensé pour eux que le grand public empruntera après eux pour un jour seulement, le jeudi 26 mai. Les œuvres seront ensuite rendues aux élèves. Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, on a accueilli le projet avec satisfaction. Mathias Dreyfuss, le responsable du service éducatif, se félicite que les enfants aient été « réceptifs, curieux de découvrir, de fabriquer, d’écouter et d’apprendre. L’atelier Jasmin et fleur d’oranger a permis à certains enfants de se souvenir des histoires de leurs grands-parents et des odeurs liées à la Tunisie », explique-t-il.
Elodie Roblain, chargée d’actions culturelles au service éducatif de l’IMA, confirme : « J’ai eu l’occasion de conduire un atelier avec une classe de CM1-CM2 et j’ai trouvé les élèves très vifs et très enthousiastes. Le plus intéressant est qu’ils possèdent une solide culture religieuse juive, ce qui permet des échanges et une participation de qualité. Cela leur permet également d’être réceptifs lorsqu’il s’agit de religions différentes et de constater que malgré les différences, il peut y avoir constitution d’une culture commune à travers l’utilisation de symboles communs comme la main ouverte ou l’étoile à six branches ». 

Yael Scemama

Actualité Juive, 22 mai 2016