Pierre Vermeren est un historien, arabisant et ayant vécu une
dizaine année au Maghreb, contrée qui l'a toujours fasciné depuis qu'il a
quitté les bancs de l’École Normale Supérieure. J'ai été conquis par son livre "Maghreb,
la démocratie impossible ?" (Éditions Fayard, 2004), ouvrage qui n'a pas eu le retentissement mérité. Nous
l'avons reçu deux fois à notre émission, le 17 octobre dernier sur le thème
"Maghreb, une histoire revisitée" et le 31 octobre sur le thème
"Maghreb, la démocratie est-elle possible ?". C'était une marque
assez exceptionnelle d'intérêt pour un ouvrage, car nous n'avions eu avant lui
que deux écrivains reçus deux fois consécutives : l'historien israélien Michel
Abitbol, et le brillant universitaire franco-tunisien Abdelwahab Meddeb. J'ai
eu aussi la joie de publier une critique de son livre sur le journal en ligne
"proche-orient.info", le 29 juillet dernier.
L'auteur : Pierre Vermeren
Né
en 1966 à Verdun. Normalien et agrégé d'histoire, arabisant, il a vécu huit
années au Maroc, en Egypte et en Tunisie. Spécialiste du Maghreb, il a consacré
sa thèse de doctorat à « la formation des élites par l'enseignement supérieur
au Maroc et en Tunisie », et il a enseigné six ans au lycée Descartes de Rabat.
Aujourd'hui enseignant d'histoire dans un lycée de Bordeaux, il est chercheur
associé au Centre d'études d'Afrique noire (CEAN).
Le livre
: Maghreb, la démocratie impossible ? Auteur : Pierre Vermeren, Éditeur
: Fayard 420 pages Prix : 22 euros
Par Jean Corcos
Dans
cet essai, Pierre Vermeren frappe d'emblée : « Le Maghreb post-colonial est en
passe de devenir la terra incognita de la recherche historique française ». Et
l'auteur d'évoquer (ce qui ne lui fera pas que des amis), la disparition des
experts chevronnés, et la quarantaine de journalistes et conseillers, « souvent
marqués par une approche proche-orientale », qui travaillent parfois comme
relais d'opinion des régimes autoritaires en place. Les toutes dernières lignes
de l'ouvrage reviennent sur l'évocation, fréquente au fil du livre, de la fin
des minorités non musulmanes, au tournant plus ou moins violent des
indépendances. Ce sont maintenant les élites nationales qui risquent de partir,
un risque de terrible régression pour le Maghreb « s'il perdait pour la
troisième fois en un demi-siècle ses franges les plus dynamiques et les plus
ouvertes sur le monde (après les pieds-noirs et les juifs maghrébins) » (...)
J.C
J.C