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10 octobre 2021

Avoir raison avec Aron contre Zemmour

 


Raymond Aron est mort il y a près de quarante ans, en 1983. En contraste total avec Eric Zemmour, de Droite mais libéral, gaulliste ayant rejoint la France Libre, il ne pardonna pas à De Gaulle sa phrase sur les juifs "peuple d'élite sûr de lui-même et dominateur" : or Zemmour qui se revendique du gaullisme « historique » d’antan ne le porte pas au passif du fondateur de la 5ème République. Au contraire, dans l'infect roman inspiré par l'assassinat de Sébastien Selam ("Petit frère", 2008), il fera son éloge en écrivant ce passage : "La France et Israël. Le général De Gaulle avait été le dernier à oser demander de choisir".

Parfaitement assimilé, Raymond Aron avait même dit que culturellement il se sentait plus proche d'un Français antisémite que d'un juif de l'Atlas ; mais il prit conscience de sa judéité avec le nazisme et la Shoah. Et l'idée de la disparition d'Israël lui était insupportable. Lire cet article du journal "Le Monde" écrit pour le centenaire de sa naissance.

Court extrait ci-dessous :

« Plus tard, en 1967, un choc d’une autre nature lui fera découvrir un attachement à Israël qu’il ne soupçonnait pas : la guerre de six jours. Il y a la fameuse formule de De Gaulle sur « ce peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». Et, avant la formule, la menace qui pèse soudain sur l’Etat juif. Alors, écrira Aron dans De Gaulle, Israël et les juifs (Plon, 1968) « monte en nous un sentiment irrésistible de solidarité. Peu importe d’où il vient. Si les grandes puissances (…) laissent détruire le petit Etat d’Israël qui n’est pas le mien, ce crime modeste à l’échelle du monde m’enlèverait la force de vivre ». »

Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, intellectuel brillant et pas minable polémiste comme celui qui se rêve Président de la République, Raymond Aron nous a laissé une vraie œuvre de référence et pas des essais pseudo érudits et bourrés d'erreurs historiques, sans compter ses innombrables apparitions à la télévision qui l'ont rendu célèbre : autres temps, autres médias aussi.

Lucide et rigoureux, sa parole nous manque aujourd'hui. Noble figure de notre pays, il ne pouvait pas supporter la possible mort d'Israël, qui laisserait de marbre Zemmour, "juif d'effacement" comme méticuleusement décrit par Gaston Crémieux dans un article qu’il faut se presser de lire : Eric Zemmour, glaive et bouclier de l'extrême-droite .

Parmi les horreurs écrites par l’ex-éditorialiste du CNEWS et chroniqueur au « Figaro Magazine », ceci extrait de « Suicide français » (2014), qui devrait résonner comme une gifle à la figure de les juifs français :

« En cette même année 1985, Claude Lanzmann imposait par le cinéma le mot shoah qui remplaçait « holocauste » ; un mot hébreu à la place d’un vocable français, pour mieux enraciner le caractère à la fois unique et juif du génocide qui devint un élément central – parfois obsessionnel – de la psyché juive, faisant des Juifs français une caste d’intouchables, et du génocide la nouvelle religion obligatoire d’un pays déchristianisé. »

Il nous faut donc plus que jamais rappeler la mémoire de Raymond Aron, grand penseur libéral, alors que la Droite risque de subir une O.P.A des pires extrémistes ; et alors que, hélas, dans la communauté juive on entend les voix sans complexes de ceux qui le prennent pour le sauveur de la France – et des juifs français en particulier -, ce qui est d’un aveuglement total.

 J.C