Erdogan et sa femme Emine
Avec la victoire d’Erdogan en Turquie, les Frères
musulmans ont un allié de poids aux portes de l’Europe. Le Président turc est
considéré par le cheikh Youssouf Qaradawi (chef spirituel des Frères musulmans)
comme « le prochain Calife de l’Islam. La droite populiste européenne
profite de cette situation pour se faire élire dans certains pays
Le 24 juin dernier, Recep Tayyip Erdogan, a été réélu
dès le premier tour, président de la Turquie, avec 52.59% des votes pour un
nouveau mandat aux pouvoirs renforcés.
Avec cette élection, les Frères musulmans sont aux
portes de l’Europe.
Lorsque nous regardons les résultats du vote des
ressortissants Turcs en Europe, nous observons que le Président Erdogan s’en
sort encore mieux que dans son pays.
Ainsi, La Belgique est le pays européen où Erdogan a
obtenu le plus de voix. 74.9% ont voté pour lui. Aux Pays-Bas, il a obtenu
72.8% ; en Autriche 72.1% ; en France 65.3% et en Allemagne (1.5
million d’électeurs potentiels) 65%
Le Liban est le pays où il a eu le plus grand
pourcentage avec 94%
Erdogan défend les Frères musulmans
Dans un article paru le 13 mai dernier dans le journal
turc Sôzcü, Nashuh Makhruki nous explique les raisons de la victoire dès le
premier tour du chef de l’AKP : « Les gens de l’AKP se sont rendus
maîtres de 90% des médias par la menace et le chantage ; 64 000
personnes ont été traînées en justice pour insulte au président de la
république…. Ils ont confessionnalisé les programmes, ils ont ouvert des salles
de prière dans les maternelles »
Depuis de nombreuses années le Président Erdogan est
plus que complaisant envers les Frères musulmans. Rappelons que contrairement à
l’idéologie de l’État islamique, qui vise à imposer l’Islam par la violence,
les Frères musulmans prônent « la conquête pacifique » du monde – à
savoir par le biais de la prédication et la croissance démographique des
Musulmans.
En Egypte, les Frères musulmans ont été chassés en
2013 du pouvoir par l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi
Depuis, Erdogan ne cesse de dénoncer « le
coup d’État militaire » et a offert l’asile politique à de nombreux
responsables de ce mouvement islamiste, considéré comme
« terroriste » en Égypte.
Comme l’écrit Henri Temple dans Causeur le 24 février
2018 « Les chaînes de télévision turques donnent la parole aux Frères
musulmans qui appellent au renversement, de « la dictature militaire de
Sissi ». »
L’agence de presse Anadolu écrivait le17 février 2017 « Le
président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré, vendredi, qu’il ne considérait
pas le Frères musulmans comme une organisation terroriste, car ne s’agissant
pas d’une organisation armée, mais d’une organisation intellectuelle ».
Cette déclaration a été faite lors d’un entretien
accordé à la chaîne saoudienne Al-Arabiya pendant la visite d’Erdogan en Arabie
Saoudite, deuxième pays de sa tournée dans le Golfe.
Les frères Musulmans considèrent Erdogan comme le
nouveau calife
Les Frères musulmans sont très reconnaissants envers
le président Erdogan. Ainsi Leur maître spirituel, le cheikh Youssouf Qaradawi,
a affirmé en 2014 : « L’union des Savants musulmans a déclaré que
le Califat doit être instauré à Istanbul, car elle est la capitale du Califat…
La nouvelle Turquie, qui intègre la religion et l’État, l’ancien et le moderne,
ce qui est arabe et ce qui ne l’est pas, unit la « Oumma » [la nation
musulmane] en Afrique et en Asie, en Europe, aux États-Unis et partout dans le
monde. L’homme qui a fabriqué cette Turquie est Recep Tayyip Erdogan… C’est le
dirigeant qui connaît son Dieu, qui se connaît, qui connaît son peuple, qui
connaît la « Oumma », qui connaît le monde. Vous avez le devoir de le
soutenir, de lui prêter allégeance, et de lui dire : Va de l’avant !
Je prédis qu’il va réussir, avec l’aide d’Allah, car Allah est avec lui, ainsi
que l’ange Gabriel et que le Prince des croyants. »
Qaradawi a conclu son discours en déclarant qu’Erdogan
était son candidat pour être le prochain calife de l’Islam, à savoir le
dirigeant politique de la Nation musulmane.
Les élections en Turquie peuvent bouleverser une
partie du monde
Le basculement encore instable des alliances
(Russie-Iran-Turquie vs Etats-Unis-Arabie saoudite-Israël) crée une incertitude
supplémentaire au Moyen-Orient. Nous observons que La Turquie montre un grand
intérêt pour Gaza car Gaza est dirigée par l’affilié des Frères musulmans,
le Hamas, que la Turquie souhaite mettre sous son aile
Cette victoire d’Erdogan fait le jeu de l’extrême
droite européenne qui joue sur les peurs d’une « invasion » de
l’Europe » par l’Islam. Nous en voyons déjà les résultats avec les
élections en Hongrie, Autriche et dernièrement en Italie. Dans ces pays, le
nationalisme a gagné contre la conscience européenne.
Eric Gozlan
Times of Israël, 3 juillet 2018