Michel Rocard
Elie Wiesel manifestant à l'ONU (Genève) contre Mahmoud Ahmadinejad
Comme je vous l'ai annoncé
il y a quelques semaines, des soucis familiaux m'ont contraint à déserter le
blog quelques temps. J'ai donc choisi ce titre, un peu étrange, pour deux
sujets bien différents : d'abord vous informer que le blog reprend une activité,
même en pointillés et seulement pour la prochaine quinzaine ; et ensuite pour
évoquer la disparition de deux personnalités, décédées toutes les deux le même
jour, samedi 2 juillet.
Michel Rocard, d'abord.
Soyons honnête, je n'ai pas à proprement parler de souvenirs personnels à
évoquer le concernant. Sauf un, celui d'une soirée dédicace avec l'historien
israélien Emmanuel Sivan il y a déjà 20 ans. Nous étions en 1996, une terrible
vague d'attentats du Hamas venait de secouer Israël - elle allait quasiment
ramener au pouvoir le Likoud aux élections suivantes. Assistait au débat Michel
Rocard, assis au premier rang. Je me souviens précisément que lui-même et
l'historien semblaient minimiser la portée à long terme de ces attentats, comme
si ces islamistes là étaient des bricoleurs mal structurés et sans réel avenir
: l'Histoire des deux décennies suivantes est bien sûr venue balayer ces
illusions. Autre souvenir, aussi,
j'avais fait dédicacer l'ouvrage du professeur Sivan, "L'Histoire
vue par les Arabes" ; et Michel Rocard avait bien voulu joindre sa
signature aussi en dédicace ... hélas, je n'ai pas retrouvé - pour l'instant -
cet ouvrage, ma bibliothèque était envahi comme vous l'imaginez, par des
dizaines de livres, traités ou non dans l'émission.
A noter, toujours à propos
de Michel Rocard, la légende tenace d'un antisionisme radical qui a circulé dans
la communauté juive : j'ai lu, dans les pages d'ami(e)s sur Facebook, bien des
horreurs à ce sujet. Mon ami Jacques Benillouche a eu le grand mérite d'écrire
un article très bien documenté sur le sujet, livrant un portrait objectif de
l'homme politique quant à ses positions vis à vis d'Israël et des Palestiniens
: lire
sur ce lien .
Deuxième disparition, Elie
Wiesel. Soyons honnête à nouveau, je ne l'ai pas vraiment connu, n'ayant pris
le temps ni de découvrir son œuvre littéraire, ni de suivre les conférences
qu'il donna, régulièrement, lors de passages à Paris. Mais je l'ai vu et
surtout entendu, dans deux circonstances où son témoignage inguérissable de la
Shoah venait rencontrer l'actualité du Moyen-Orient, et quelle actualité ...
celle d'une grande nation, l'Iran, dont les dirigeants proclament à la face du
monde leur souhait de détruire l'Etat d'Israël. Je vous invite à cliquer sur
son nom en libellé pour accéder aux articles du blog où furent évoquées ces
rencontres, donnons juste deux liens ci-dessous.
A Sciences Po, le
17 décembre 2006, Elie Wiesel fit partie des 17 intellectuels venus
réclamer au monde de la fermeté face à l'Iran, alors présidé par l'horrible
Mahmoud Ahmadinejad : je me souviens de ces propos, quand il avait dit qu'il
n'avait jamais été aussi angoissé depuis 60 ans ... hélas, la réintégration de
la République Islamique dans le concert des nations ne nous a pas rassurés
ensuite, bien au contraire. Souvenir plus heureux, Genève en Avril 2009 : une
très forte délégation juive était venu assister à la conférence des Nations
Unies sur les Droits de l'Homme, où l'on craignait un "hold-up"
antisioniste et islamiste comme en 2009. Venu aussi, Ahmadinejad qui fut
copieusement hué ... ah le beau souvenir ! Dans la délégation juive, Elie
Wiesel .
Extrait de
l'article en lien :
"Elie Wiesel a d’abord
parlé, d’une voix sourde, angoissée, et qui rappelait l’essentiel : « ce n’est
pas un hasard si Ahmadinejad veut à la fois nier la Shoah et détruire Israël,
il veut être celui qui fera mieux que Hitler » ; il a rappelé que Rafsandjani,
celui que l’on présente comme un modéré, avait dit qu’en cas de conflit nucléaire
il resterait quelques dizaines de millions d’iraniens survivants, et que de
tels propos faisaient très peur parce qu’avec un tel fanatisme la dissuasion ne
marche pas ; et il a dit que l’antisémitisme était une maladie qui ne guérit
jamais !"
Jean Corcos