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07 décembre 2013

Oran, 5 juillet 1962, le massacre censuré : Gérard Rosenzweig sera mon invité le 15 décembre

Une des très rares photos du 5 juillet 1962, publiée dans le journal "Paris-Match"

Dimanche prochain, nous allons laisser de côté l'actualité en évoquant un évènement dramatique de l'Histoire contemporaine, puisque j'ai intitulé mon émission "Oran, 5 juillet 1962, le massacre censuré". Pour en parler, j'aurai le plaisir de recevoir sur mon plateau Monsieur Gérard Rosenzweig. Gérard Rosenzweig est un Français d'Algérie rapatrié, oranais de naissance et il a vécu cette journée dramatique du tout début de l'indépendance du pays, où plusieurs centaines de civils Européens de sa ville furent massacrés de manière abominable - il semble qu'il y ait eu environ 700 victimes. Il a lancé une pétition internationale que j'ai signée dès son lancement, elle tient en une page, en voici un extrait : "Le 5 juillet 1962, en ce premier jour de célébration de l'indépendance de l’Algérie, s'est commis à Oran un véritable crime contre l'Humanité. Crime passé sous silence, comme tant d'autres encore! Mais 51 ans après, n’est-il pas temps que toute la lumière soit faite enfin sur ce massacre ? 51 ans après, n'est-il pas temps que les archives algériennes et françaises soient enfin ouvertes à tous les historiens et qu'une enquête internationale digne de ce nom soit entreprise ?"
Quelques mots d'explication, pour bien cadrer cette émission avec les valeurs qui guident ma série, "Rencontre". Comme le savent mes auditeurs fidèles, la vérité, l'objectivité, sont pour moi des exigences éthiques qui font que jamais je ne cherche, ni à rendre les choses plus noires qu'elles ne sont, ni à les peindre en rose. Je n'oublie jamais l'idéal de réconciliation entre les religions, entre Juifs et Musulmans en particulier ; et s'il faut connaitre le passé, ce n'est pas pour le transformer en un fossé infranchissable de sang et de rancœur. Seulement, on ne peut pas non plus construire un avenir de paix en falsifiant l'Histoire, en la censurant. Il y a eu d'innombrables films, documentaires, livres dénonçant les exactions de l'armée pendant la guerre d'Algérie, mais un silence presque total recouvre les Pieds Noirs assassinés. Ce massacre horrible, la disparition de milliers de Français d'Algérie alors que la guerre était finie, ce sont des évènements que la mémoire collective de mon pays a voulu effacer. Et bien, puisse cette émission contribuer à rompre le silence, et surtout dénoncer cette censure absolument infecte.

Parmi les questions que je poserai à Gérard Rosenzweig :

-        Oran était une ville relativement épargnée par la violence jusqu'au début des années 1960. Il y vivait environ autant "d'Européens" - juifs compris - que de Musulmans. Les populations étaient plus mélangées que dans d'autres villes, et vers la fin de la guerre commencent des attentats à la fois du FLN et de l'OAS, avec des atrocités des deux côtés. Que se passe-t-il à partir des accords d'Evian et du cesser le feu du 19 mars 1962 ? Qui contrôle la ville ? Et quand commencent les enlèvements ?
-        Pour ce qui concerne le massacre du 5 juillet : comment cela a-t-il commencé, à quelle heure ? Combien de temps cela a-t-il duré ? Où est-ce qu'il y a eu des tueries d'Européens ? Les victimes ont-elles été massacrées sur place ou enlevées et tuées plus tard ? Et du point de vue du bilan, est-ce qu'on peut approcher de la vérité 51 ans après, a-t-on le nom de tous les assassinés ?
-        En ce qui concerne les massacreurs, il y a plusieurs explications. Première hypothèse, cette tuerie a été spontanée, c'est une foule algérienne déchainée qui a fait une sorte de pogrom pour se venger des exactions de l'OAS quelques semaines avant. Deuxième explication qui met en cause une Katiba - compagnie - particulière de l'Armée de Libération Nationale (ALN) venue du Maroc, et hostile au gouvernement du GPRA qui venait de s'installer à Alger. Troisième explication, ce fut décidé par le commandement local du FLN à Oran, mené par les partisans de Ben Bella qui devait très vite renverser Benyoucef Benkhedda à la tête du pays. Quatrième explication, de toute façon c'était le dernier acte d'un plan prévu très longtemps à l'avance par le FLN et qui, malgré sa propagande, ne voulait absolument pas d'une Algérie multiethnique après l'indépendance : qu'en pensez-vous ?
-        En ce qui concerne l'attitude du Général Katz, qui commande sur Oran 18.000 soldats français, il va laisser faire, jusqu'au début de l'après midi ou jusqu'au soir selon les témoignages. Pourquoi ? Est-ce qu'il n'était pas au courant ? Est-ce que, malgré les conventions signées avec les Algériens, il était bloqué par des consignes contraires venues de Paris ?
-        On parle un peu de ces massacres et disparitions sur nos écrans, mais étrangement en passant des documentaires très tard le soir. Plusieurs explications possibles : la première, c'est que c'est un épisode tellement honteux pour la France que les médias ne veulent pas que l'on sache ce qu'a laissé faire l'armée française. La deuxième explication, c'est que la responsabilité ultime était celle du Général de Gaulle, or il est devenu l'icône inattaquable de toute la classe politique française.. Et la troisième explication, c'est qu'au fond on raconte l'Histoire en opposant toujours les bons et les méchants, et que les Pieds Noirs sont définitivement les méchants pour cette guerre : qu'en pensez-vous ?

Une émission chargée d'émotion, sur une page d'Histoire sombre et vraiment oubliée : j'espère que vous serez très nombreux à l'écoute dimanche prochain !

J.C


Pour signer la pétition, aller sur ce lien