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24 mars 2015

Israël-Syrie: la vérité sur les négociations

Négociations israélo-syriennes aux Etats-Unis

Un article remarquable, mais trop long pour être repris in extenso dans le cadre de ce "mois de la Syrie" déjà tellement riche : vous le trouverez  sur ce lien .

Écrit par Nicolas Touboul, il a été publié en mai 2012 par "Le Cape de Jérusalem", "Centre des Affaires Publiques et de l’État", un institut géopolitique privé israélien.

Il retrace toute l'histoire des contacts, secrets ou officiels, avec ou sans intermédiaires, qui ont existé entre Israël et la Syrie, après la Guerre des Six Jours qui s'était soldée sur ce front là par la conquête du Golan. Ne sont donc pas évoqués les contacts infructueux du début des années 50, alors que ce contentieux n'existait pas et qu'on aurait pu éviter des décennies d'état de guerre, d'accrochages sanglants surtout trois vrais conflits - en 1967, en 1973 puis en 1982 lors de l'invasion israélienne du Liban qui chassa l'O.L.P.

Les photos de rencontres entre les dirigeants des deux pays sont quasi inexistantes, mais avec des recherches sur le Web on trouve celle que j'ai prise en illustration : étaient réunis aux USA le Premier Ministre Israélien de l'époque Ehud Barak, le Président Clinton, et Farouk al-Shareh, alors Ministre des Affaires Étrangères syrien. Au bout de quelques mois de discussions (décembre 1999 - mars 2000), les deux parties se séparèrent sans aucun accord. Échec aussi pour les négociations des années suivantes, en particulier les tentatives de médiation turque ... et cela, avant bien sûr la brouille entre Ankara et Jérusalem, d'une part, et la guerre civile en Syrie, d'autre part.

Je reprendrai juste ici la conclusion de l'article de Nicolas Touboul qui résume parfaitement les choses.

"Une « paix froide » n’apporterait rien de plus à Israël mais la mettrait en position précaire d’un point de vue défensif. Le Golan  représente en effet une barrière naturelle permettant de protéger le reste du territoire israélien en constituant une zone relativement isolée et facilement défendable. Sa hauteur (entre 600 et 900 mètres en moyenne pour la partie nord, qui culmine au mont Hermon, 2814 mètres) autorise en outre une observation en profondeur tant vers la Méditerranée que vers Damas. Son contrôle s’avère donc essentiel d’un point de vue défensif. Même en cas de démilitarisation officielle et de réinstauration d’une zone tampon démilitarisée entre les deux pays comme à la suite des accords d’armistice de 1949, la mise en application reste tout à fait théorique et difficilement contrôlable, comme le montre l’exemple sud-libanais. Cela sans compter la question vitale de l’eau (55% des ressources aquifères israéliennes trouvent leur origine sur le plateau du Golan). Dans ce contexte, la politique menée à l’heure actuelle en ce qui concerne la Syrie consiste dans ces conditions à conserver le statu quo comme le conclut Eiland : « tant que les options se résumeront à « tout ou rien », « rien » demeure préférable. »


« Tout ou rien », c’est en effet à peu de choses près la marque d’un clan Assad qui a pour sa part fait depuis 1970 preuve d’une grande constance au pouvoir et dans ses exigences : l’ensemble du Golan jusqu’aux lignes du 4 juin 1967 qui donnent notamment accès à la Syrie au Kinneret. Une absence presque obsessionnelle de la moindre concession, dans le cadre du projet de reconstitution d’une « grande Syrie ». Cette position peut s’expliquer par l’échec personnel que représente la perte de la région pour Hafez el-Assad, et rend toute négociation sur la question extrêmement fragile. On a pourtant pu observer à plusieurs reprises des changements dans le contenu exact des exigences (refus périodique du principe d’une paix séparée, préconditions, question de la reconnaissance explicite d’Israël…), sans que la position générale s’assouplisse formellement. Le contenu même de la paix obtenue est lui-même flou : sera-t-elle marquée par des relations diplomatiques complètes, notamment un échange d’ambassade ou se limitera-t-elle à une reconnaissance d’Israël du bout des lèvres ?


Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, l’actuel pouvoir syrien est trop faible sur un plan intérieur pour imposer l’idée d’une paix négociée même s’il le souhaitait. Avec des troubles intérieurs qui secouent le pays de plus en plus violemment depuis 15 mois, un règlement du conflit devra désormais attendre plusieurs années pour qu’un gouvernement, quel qu’il soit, est la légitimité suffisante pour garantir la bonne tenue d’un accord de paix."

J.C