Négociations israélo-syriennes aux Etats-Unis
Un article remarquable, mais
trop long pour être repris in extenso dans le cadre de ce "mois de la
Syrie" déjà tellement riche : vous le trouverez sur
ce lien .
Écrit par Nicolas Touboul,
il a été publié en mai 2012 par "Le Cape de Jérusalem", "Centre des Affaires
Publiques et de l’État", un institut géopolitique privé israélien.
Il retrace toute l'histoire
des contacts, secrets ou officiels, avec ou sans intermédiaires, qui ont existé
entre Israël et la Syrie, après la Guerre des Six Jours qui s'était soldée sur
ce front là par la conquête du Golan. Ne sont donc pas évoqués les contacts infructueux
du début des années 50, alors que ce contentieux n'existait pas et qu'on aurait
pu éviter des décennies d'état de guerre, d'accrochages sanglants surtout trois
vrais conflits - en 1967, en 1973 puis en 1982 lors de l'invasion israélienne
du Liban qui chassa l'O.L.P.
Les photos de rencontres
entre les dirigeants des deux pays sont quasi inexistantes, mais avec des
recherches sur le Web on trouve celle que j'ai prise en illustration : étaient
réunis aux USA le Premier Ministre Israélien de l'époque Ehud Barak, le
Président Clinton, et Farouk al-Shareh, alors Ministre des Affaires Étrangères
syrien. Au bout de quelques mois de discussions (décembre 1999 - mars 2000),
les deux parties se séparèrent sans aucun accord. Échec aussi pour les négociations des années suivantes, en particulier les tentatives de médiation
turque ... et cela, avant bien sûr la brouille entre Ankara et Jérusalem, d'une
part, et la guerre civile en Syrie, d'autre part.
Je reprendrai juste ici la
conclusion de l'article de Nicolas Touboul qui résume parfaitement les choses.
"Une « paix froide » n’apporterait rien
de plus à Israël mais la mettrait en position précaire d’un point de vue
défensif. Le Golan représente en effet une barrière naturelle permettant
de protéger le reste du territoire israélien en constituant une zone
relativement isolée et facilement défendable. Sa hauteur (entre 600 et 900
mètres en moyenne pour la partie nord, qui culmine au mont Hermon, 2814 mètres)
autorise en outre une observation en profondeur tant vers la Méditerranée que
vers Damas. Son contrôle s’avère donc essentiel d’un point de vue défensif.
Même en cas de démilitarisation officielle et de réinstauration d’une zone
tampon démilitarisée entre les deux pays comme à la suite des accords
d’armistice de 1949, la mise en application reste tout à fait théorique et
difficilement contrôlable, comme le montre l’exemple sud-libanais. Cela sans
compter la question vitale de l’eau (55% des ressources aquifères israéliennes
trouvent leur origine sur le plateau du Golan). Dans ce contexte, la politique
menée à l’heure actuelle en ce qui concerne la Syrie consiste dans ces
conditions à conserver le statu quo comme le conclut Eiland :
« tant que les options se résumeront à « tout ou rien »,
« rien » demeure préférable. »
« Tout ou rien », c’est en effet à peu de
choses près la marque d’un clan Assad qui a pour sa part fait depuis 1970 preuve
d’une grande constance au pouvoir et dans ses exigences : l’ensemble du
Golan jusqu’aux lignes du 4 juin 1967 qui donnent notamment accès à la Syrie au
Kinneret. Une absence presque obsessionnelle de la moindre concession, dans le
cadre du projet de reconstitution d’une « grande Syrie ». Cette
position peut s’expliquer par l’échec personnel que représente la perte de la
région pour Hafez el-Assad, et rend toute négociation sur la question
extrêmement fragile. On a pourtant pu observer à plusieurs reprises des
changements dans le contenu exact des exigences (refus périodique du principe
d’une paix séparée, préconditions, question de la reconnaissance explicite
d’Israël…), sans que la position générale s’assouplisse formellement. Le
contenu même de la paix obtenue est lui-même flou : sera-t-elle marquée
par des relations diplomatiques complètes, notamment un échange d’ambassade ou
se limitera-t-elle à une reconnaissance d’Israël du bout des lèvres ?
Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, l’actuel
pouvoir syrien est trop faible sur un plan intérieur pour imposer l’idée d’une
paix négociée même s’il le souhaitait. Avec des troubles intérieurs qui
secouent le pays de plus en plus violemment depuis 15 mois, un règlement du
conflit devra désormais attendre plusieurs années pour qu’un gouvernement, quel
qu’il soit, est la légitimité suffisante pour garantir la bonne tenue d’un
accord de paix."
J.C