Aloïs Brunner jeune
Rouage
important de la Shoah aux côtés d'Adolf Eichmann, Aloïs Brunner est responsable
des principaux crimes suivants : déportation vers les camps d'extermination de
47.000 juifs autrichiens ; déportation vers les camps d'extermination de 43.000
juifs grecs ; direction du camp de Drancy, d'où il fit déporter pendant la
période d'un an où il l'administra, 25.000 juifs français et étrangers vers
Auschwitz principalement (son crime le plus horrible fut l'arrestation et la
déportation des enfants des foyers de l'UGIF par le dernier convoi, en août
1944) ; déportation de 13.500 juifs slovaques dans les derniers mois de la Guerre.
Après
la guerre, il fut condamné à mort par contumace par le Tribunal permanent des
Forces armées, le 3 mai 1954, puis le 2 mars 2001 il est condamné à nouveau par
contumace en France à la prison à perpétuité, pour crimes de guerre et crimes
contre l'humanité.
Il
arriva à s'enfuir, puis à mener une vie relativement tranquille en Allemagne
jusqu'en 1954, lorsqu'il quitta le pays par crainte d'être arrêté : comme de
nombreux autres criminels nazis, il trouva refuge alors dans des pays arabes du
Moyen-Orient, passant par l’Égypte puis en s'installant définitivement en
Syrie.
Sur
la dernière partie de sa vie, je me réfère à de larges passages de l'article en
Français de Wikipedia, en les complétant plus loin par d'autres informations.
"En
Syrie, il met ses compétences policières au service du parti Baas et de la
famille El-Assad. Il devient, en 1971, conseiller des services secrets du
président Hafez el-Assad . Il aide le gouvernement syrien à mettre en place des
techniques de torture dans les prisons. Cette même année, il est une première
fois condamné à mort par contumace en France. Une photo, prise en 1961, le
représente alors affublé d'une moustache, contrairement à son habitude.
Le
3 septembre de cette même année et en 1980, le Mossad
(services secrets israéliens) l'ayant localisé, lui envoie un colis piégé :
deux agents de la poste de Damas sont tués, Brunner
(qui se fait alors appeler « Fisher ») n’est que blessé bien qu’il
soit donné mort par la police. Brûlé au visage, il perd l’œil gauche et
plusieurs doigts.
Aloïs Brunner en Syrie.
On
notera sur cette photographie l'absence de doigts à une main, suite à
l'attentat
Il
est traqué sans relâche par Simon Wiesenthal, mais trouve refuge à Damas où il
serait connu sous le nom de « Dr
Georg Fischer » ou bien « Ali
Mohammed ». L'Allemagne et d'autres pays réclament sans succès son
extradition.
Dans
une interview accordée au "Chicago Sun Times", Brunner
déclare en 1987 à propos des Juifs exterminés : « Tous
méritaient de mourir parce que c'étaient les envoyés du diable et des ordures
humaines. Je n'ai aucun regret et je le referais ». En août1987, Interpol
lance contre lui un mandat d'arrêt international.
Une
rumeur fait état de la mort de Brunner, en 1992, en Syrie. Mais sa fille, Irena Ratheimer, mariée à un député autrichien, n'a
jamais confirmé ce décès. L'enquête pour attester la présence d'Alois Brunner, alias Georg
Fisher, au
7, rue Georges-Haddad, à Damas, s'est avérée impossible, tout comme celle pour
vérifier si des obsèques chrétiennes ont bien été célébrées pour lui, ou
l'existence d'un enterrement dans un cimetière de Damas. (...) En juillet 2011, le gouvernement allemand admet avoir
détruit des documents concernant la localisation de Brunner,
la chute du Mur de Berlin en 1989, ayant bouleversé la procédure d'extradition
en cours.
Fin
novembre 2014, le centre Simon Wiesenthal annonce son probable décès en 2010, à
Damas, à l'âge de 98 ans, selon les informations recueillies par un ancien
agent des services secrets allemands ayant servi au Moyen-Orient."
Je
complète cet extrait de Wikipedia, qui n'en parle pas, en évoquant la traque et
les démarches effectuées par Serge et Beate Klarsfeld dans les années 80 : se
rendant en Syrie, les chasseurs de nazis français tentèrent à plusieurs
reprises d'être entendus par les Autorités du pays, mais en furent expulsés à
quatre reprises. Les démarches du Président Jacques Chirac, pourtant
bienveillant à l'égard du dictateur syrien, ne donnèrent rien non plus. Pas
plus que les manifestations devant l'Ambassade de Syrie à Paris (voir photo).
A
noter que Serge Klarsfeld, qui a suivi de près cette affaire, pense
contrairement au Centre Simon Wiesenthal, que Brunner était mort depuis une
vingtaine d'années : lire cette
dépêche AFP du 5 décembre 2014
Dernière
pièce versée au dossier, cette vidéo extraordinaire tirée des archives
d'I-télé, où un Syrien évoque Brunner, "l'ami de ses parents", dont
il se souvient très bien.
Voir
sur
ce lien
J.C