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23 mars 2015

Aloïs Brunner, bourreau nazi hébergé par la Syrie

Aloïs Brunner jeune

Rouage important de la Shoah aux côtés d'Adolf Eichmann, Aloïs Brunner est responsable des principaux crimes suivants : déportation vers les camps d'extermination de 47.000 juifs autrichiens ; déportation vers les camps d'extermination de 43.000 juifs grecs ; direction du camp de Drancy, d'où il fit déporter pendant la période d'un an où il l'administra, 25.000 juifs français et étrangers vers Auschwitz principalement (son crime le plus horrible fut l'arrestation et la déportation des enfants des foyers de l'UGIF par le dernier convoi, en août 1944) ; déportation de 13.500 juifs slovaques dans les derniers mois de la Guerre.


Après la guerre, il fut condamné à mort par contumace par le Tribunal permanent des Forces armées, le 3 mai 1954, puis le 2 mars 2001 il est condamné à nouveau par contumace en France à la prison à perpétuité, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Il arriva à s'enfuir, puis à mener une vie relativement tranquille en Allemagne jusqu'en 1954, lorsqu'il quitta le pays par crainte d'être arrêté : comme de nombreux autres criminels nazis, il trouva refuge alors dans des pays arabes du Moyen-Orient, passant par l’Égypte puis en s'installant définitivement en Syrie.


Sur la dernière partie de sa vie, je me réfère à de larges passages de l'article en Français de Wikipedia, en les complétant plus loin par d'autres informations. 


"En Syrie, il met ses compétences policières au service du parti Baas et de la famille El-Assad. Il devient, en 1971, conseiller des services secrets du président Hafez el-Assad . Il aide le gouvernement syrien à mettre en place des techniques de torture dans les prisons. Cette même année, il est une première fois condamné à mort par contumace en France. Une photo, prise en 1961, le représente alors affublé d'une moustache, contrairement à son habitude.

Le 3 septembre de cette même année et en 1980, le Mossad (services secrets israéliens) l'ayant localisé, lui envoie un colis piégé : deux agents de la poste de Damas sont tués, Brunner (qui se fait alors appeler « Fisher ») n’est que blessé bien qu’il soit donné mort par la police. Brûlé au visage, il perd l’œil gauche et plusieurs doigts.


Aloïs Brunner en Syrie. 
On notera sur cette photographie l'absence de doigts à une main, suite à l'attentat
 

Il est traqué sans relâche par Simon Wiesenthal, mais trouve refuge à Damas où il serait connu sous le nom de « Dr Georg Fischer » ou bien « Ali Mohammed ». L'Allemagne et d'autres pays réclament sans succès son extradition.

Dans une interview accordée au "Chicago Sun Times", Brunner déclare en 1987 à propos des Juifs exterminés : « Tous méritaient de mourir parce que c'étaient les envoyés du diable et des ordures humaines. Je n'ai aucun regret et je le referais ». En août1987, Interpol lance contre lui un mandat d'arrêt international.

Une rumeur fait état de la mort de Brunner, en 1992, en Syrie. Mais sa fille, Irena Ratheimer, mariée à un député autrichien, n'a jamais confirmé ce décès. L'enquête pour attester la présence d'Alois Brunner, alias Georg Fisher, au 7, rue Georges-Haddad, à Damas, s'est avérée impossible, tout comme celle pour vérifier si des obsèques chrétiennes ont bien été célébrées pour lui, ou l'existence d'un enterrement dans un cimetière de Damas. (...) En juillet 2011, le gouvernement allemand admet avoir détruit des documents concernant la localisation de Brunner, la chute du Mur de Berlin en 1989, ayant bouleversé la procédure d'extradition en cours.

Fin novembre 2014, le centre Simon Wiesenthal annonce son probable décès en 2010, à Damas, à l'âge de 98 ans, selon les informations recueillies par un ancien agent des services secrets allemands ayant servi au Moyen-Orient."


Je complète cet extrait de Wikipedia, qui n'en parle pas, en évoquant la traque et les démarches effectuées par Serge et Beate Klarsfeld dans les années 80 : se rendant en Syrie, les chasseurs de nazis français tentèrent à plusieurs reprises d'être entendus par les Autorités du pays, mais en furent expulsés à quatre reprises. Les démarches du Président Jacques Chirac, pourtant bienveillant à l'égard du dictateur syrien, ne donnèrent rien non plus. Pas plus que les manifestations devant l'Ambassade de Syrie à Paris (voir photo).



A noter que Serge Klarsfeld, qui a suivi de près cette affaire, pense contrairement au Centre Simon Wiesenthal, que Brunner était mort depuis une vingtaine d'années : lire cette dépêche AFP du 5 décembre 2014


Dernière pièce versée au dossier, cette vidéo extraordinaire tirée des archives d'I-télé, où un Syrien évoque Brunner, "l'ami de ses parents", dont il se souvient très bien.



J.C