Israël et la Jordanie ont décidé, jeudi 26 février, de
faire front ensemble face à la pénurie d'eau qui frappe la région de la mer
Morte. Les deux pays ont signé à Amman, un accord permettant le pompage de la
mer Rouge a destination du lac salé, qui s'étend sur leurs territoires et la
Cisjordanie.
Selon l'agence officielle jordanienne Petra, ce texte
porte sur « l'exécution de la première partie » d'une lettre
d'intention conclue en décembre 2013 à Washington entre des
représentants de l'Etat hébreu, du Royaume hachémite et de l'Autorité
palestinienne pour tenter de sauver ce point d'eau. Il a été conclu
en présence de représentants des Etats Unis et de la Banque mondiale.
FOURNIR LES PALESTINIENS
Concrètement, il s'agit de construire un système de
pompage dans le golfe d'Aqaba, à la pointe nord de la mer Rouge, afin de
collecter quelque 300 millions de m3 par an. Une partie doit être
acheminée par l'intermédiaire de quatre conduits vers la mer Morte, ayant une
très haute concentration en sel et qui risque de s'assécher d'ici 2050.
Une autre partie doit être dessalée, et distribuée en
Israël et en Jordanie afin de répondre à la pénurie de ressource hydrique qui
frappe la région. Le projet prévoit également de fournir aux Palestiniens 30
millions de m3 d'eau dessalée par an.
CONTRÔLE DES SCIENTIFIQUES
Un appel d'offres pour réaliser ces travaux va être
lancé prochainement, pour un coût estimé à 90 millions de dollars et une durée
de trois ans. Le ministre israélien de la Coopération régionale Silvan Shalom,
qui est également en charge du portefeuille du développement des ressources
naturelles, a estimé qu'il s'agit du « plus important projet depuis la
conclusion du traité de paix avec la Jordanie » en 1994. A ses yeux,
il couronne une « coopération constructive » entre les deux pays.
Partenaire de l'opération, la Banque mondiale a publié
en 2012 une étude penchant vers la faisabilité du projet, mais plusieurs
organisations de défense de l'environnement ont déjà mis en garde contre les
possibles effets néfastes de l'arrivée d'eau de la mer Rouge sur le fragile
écosystème de la mer Morte.
Dans un communiqué, l'institution a estimé que son
lancement, « sous le contrôle des scientifiques », devrait
permettre de mieux comprendre les conséquences d'un mélange des eaux de ces
deux étendues.
Le Monde,
27 février 2015