Eglise chrétienne de Damas : les obsèques de Daoud Rajha,
ministre de la défense, tué dans un attentat en juillet 2012
(photo Khaled Al Hariri, Reuters)
Source : AFP
C'est un bourg chrétien situé à la limite de la
province d'Idleb et de celle côtière de Lattaquié, dans le nord du pays.
Al-Ghassaniyé comptait avant la guerre 10 000 habitants, dont une demi-douzaine
de familles musulmanes. Il est devenu une localité fantôme où il ne reste plus
que 15 personnes. Les festivités de Pâques, dans cette zone complètement
dévastée par les violences, avaient un goût amer.
"Nous n'avons pu célébrer ni la Passion, ni la
Crucifixion, nous n'osions pas quitter nos maisons", explique Giorgio, 88
ans, un des derniers habitants encore présents dans la localité dévastée par
les bombardements. Vêtu d'un pantalon bleu et d'une veste beige, arborant le
traditionnel foulard blanc tenu par un lacet noir, il s'est rendu quand même à
l'église en ce dimanche pour célébrer Pâques aux côtés de quelques autres
habitants, ainsi que quatre religieuses et deux prêtres. "Nous sommes un
peuple de paix, pas de guerre. Nous voulons la paix pour le monde entier",
affirme-t-il à l'AFP. Ses six enfants ont fui quand leurs maisons
ont été détruites par les bombardements.
Le toit d'une des trois églises
percé par une roquette
À l'entrée d'Al-Ghassaniyé, une grande statue de saint
Georges terrassant le dragon est à moitié détruite par une roquette, et un
autel dédié à la Vierge sur le toit d'une maison porte l'impact de tirs. Une
des trois églises de la localité, appartenant à la communauté évangélique, a eu
le toit percé par une roquette. Les étages des immeubles ont été réduits à des
tas de pierres par les raids aériens. Les hommes qui sont restés surveillent
les maisons épargnées par les destructions.
Dans la capitale, Damas, où les bombardements et les
combats secouent toujours les quartiers périphériques, l'ambiance était
également morose. "Cette année, on ne fait pas de fête pas en
famille", affirme à l'AFP Naji, 32 ans, qui a perdu son frère il y a trois
mois dans les violences. "J'ai honte de parler de fête alors que
mon pays saigne", renchérit Fadia, une chrétienne de 53 ans. "C'est
la tristesse qui unit les familles en ce jour... Il y a tellement de proches et
d'amis qui ont quitté le pays", regrette cette traductrice qui habite à
Al-Koussour, un quartier dans le nord du centre-ville.
Peu de fidèles à l'appel à Damas
"Alors que dans le passé les églises regorgeaient
de croyants, aujourd'hui c'était désespérément calme. Les gens ont peur de
quitter leurs maisons", ajoute-t-elle. La télévision officielle syrienne a
montré des images de messes à Damas, certaines avec peu de fidèles à l'appel.
Forte de 1,8 million d'âmes (5 % de la population), la communauté chrétienne
syrienne est restée globalement à l'écart de la révolte populaire devenue
conflit armé qui a fait 70 000 morts, en majorité des civils, depuis mars 2011.
Le pape François a appelé dimanche, lors de son
premier message pascal Urbi et Orbi, à la "paix" et à "une
"solution politique" dans "la Syriebien-aimée". "Que
de sang a été versé ! Et que de souffrances devront encore être infligées avant
qu'on réussisse à trouver une solution politique à la crise ?" a-t-il
demandé devant des centaines de milliers de fidèles massés sur la place
Saint-Pierre.
Le Point, 31 mars 2013