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17 février 2013

L'Internet de la haine : Marc Knobel sera mon invité le 24 février



Nous allons parler à nouveau de l'antisémitisme dimanche prochain, mais pas seulement, également du racisme, et pas seulement en France puisque "l'espace" dans lequel va s'inscrire notre émission c'est carrément celui de notre Planète : en effet, notre sujet est "l'Internet de la haine", et c'est le titre d'un ouvrage, édité aux Editions Berg International. Je recevrai son auteur, Marc Knobel. Je le connais en fait depuis plus de vingt ans. Nos chemins s'étaient croisés dans ce qui s'appelait encore "Le Centre de Documentation Juive Contemporaine", le C.D.J.C. Et on peut dire que toute sa carrière a eu comme fil directeur la lutte contre l'antisémitisme. Historien, il a participé à divers ouvrages collectifs sur les heures sombres du nazisme, mais très tôt il a eu conscience que les mots, aussi, peuvent tuer, et je pense à sa participation au livre "L'antisémitisme de plume,1940-1944", sous la direction de Pierre André Taguieff. Alors des mots meurtriers par la violence qu'ils portent, on les retrouve sur Internet qui s'est développé de façon exponentielle depuis une quinzaine d'années, et c'est au CRIF qu'il a rejoint ensuite que nous-nous sommes retrouvés, et qu'il joue avec un dévouement extraordinaire le rôle de "sentinelle" par rapport aux horreurs véhiculées dans le cyber espace : comme écrit page 89 de son livre, "l'Internet (est devenu) un tout-à-l'égout, dans lequel on trouve toutes les images, tous les textes qui bafouent la dignité humaine et foulent au pied les droits de l'homme, de la femme ou de l'enfant". Il y a deux catégories d'acteurs dans notre communauté, ceux qui sont toujours sur les photos, et qui donnent l'illusion de pouvoir agir sur tout ; et ceux qui restent dans l'ombre, mais qui font un travail de fourmi et sans qui rien ne serait possible : Marc Knobel appartient à la deuxième catégorie, et il va nous parler vraiment d'un sujet qu'il maitrise parfaitement.

Parmi les questions que je poserai à Marc Knobel 

-       Comment faire pour voir, lire, analyser tellement d'horreurs, néo-nazies, djihadistes, antisémites, à longueur de journée, sans en être malade ?

-        Le premier rapport remis à la Commission Nationale Consultative pour les Droits de l'Homme, en 2000, posait d'emblée un problème de fond qui était celui de la domiciliation aux Etats-Unis de la majorité des sites racistes, antisémites et négationnistes, où ils sont protégés par le Premier Amendement de la Constitution, lequel garantit une liberté d'expression absolue. D'un point de vue idéologique, les mêmes Américains, qui ont quand même écrasé le nazisme, qui ont quand même subi le 11 septembre, ne sont-ils pas prêts à évoluer sur leur fameux "premier amendement" ?

-     Les acteurs ce sont, respectivement, ceux qui mettent en ligne des contenus racistes ou antisémites ; ceux qui hébergent ces contenus, comme Youtube, FaceBook ou les hébergeurs de blogs ; et ceux qui fournissent l'accès Internet, comme Free, Numericable ou d'autres. Et les batailles gagnées, l'action aux côtés de l'U.E.J.F contre Yahoo pour la vente d'objets nazis en ligne, l'affaire toute récente sur Twitter avec la fameuse application "un bon juif" qui a entrainé la publication de milliers de messages antisémites. Au final, qui est pénalement responsable ? Et quelle est la bonne procédure, quand on découvre une publication en infraction à la législation antiraciste ?

-      Sur la paysage de la Toile d'extrême-droite en France, le livre donne des chiffres et une classification : étaient recensés en 2011, 377 sites et blogs extrémistes ; ils se ventilaient entre trois familles : le courant "identitaire", qui s'oppose violemment à l'islam ; le courant "nationaliste révolutionnaire" qui est anti-américain, antisioniste et antisémite ; et les catholiques traditionnalistes, homophobes et antisémites. On a l'impression que d'une part ils ont contribué à banaliser les préjugés anti musulmans ; mais en même temps, et même s'ils sont aussi antisémites, que leur lecture n'a pas directement inspiré d'actes violents contre les Juifs, comme cela a été le cas pour les agressions physiques, commises au nom de la cause palestinienne, en majorité par des jeunes d'origine maghrébine ?

-       La plupart des groupes qui se créent sur FaceBook pour défendre Israël sont très vite envahis par des publications de l'extrême-droite israélienne ; j'ai noté aussi dans les forums de sites très fréquentés, la banalisation d'expressions racistes comme les "muzzs" pour dire "les musulmans", et la violence verbale insupportable de la majorité des intervenants : est-ce que ce n'est pas une illustration de ce qui est écrit page 157 : "avec le Net, on peut mesurer combien nos société sont malades" ?

Un sujet difficile, mais en même temps incontournable tant l'Internet est venu structurer nos vies quotidiennes : j'espère donc que vous serez nombreux au rendez-vous !

J.C