Le
gouvernement Israélien multiplie, depuis deux semaines, les annonces de nouvelles constructions à Jérusalem
Est et en Cisjordanie. Une des dernières en date concerne 1500 unités de
logement à Ramat Shlomo. Pour mémoire,
rappelons que ce projet date de 2010, et qu’il avait été annoncé alors
même que Joe Biden, le vice président des Etats Unis, se trouvait en voyage
officiel en Israël. Un pur hasard du calendrier, parait il, qui avait provoqué
la colère des Américains. A l’époque Benyamin Netanyahou avait expliqué, pour
calmer le jeu, que ce projet avait été annoncé par une commission du ministère
de l’intérieur, sans pouvoir décisionnaire et
qu’il aurait besoin d’être
validé. C’est fait depuis le début de la semaine, les appels d’offres vont
pouvoir être lancés. Le Premier ministre annonce de nouvelles constructions, la
municipalité de Jérusalem en fait autant.
L’ONU condamne, bien sur. La France,
la Grande Bretagne, l’Allemagne et le Portugal, tous quatre membres du Conseil
de Sécurité, préparent une déclaration commune pour condamner ces constructions
qu’ils jugent illégales. Les Etats Unis, quant à eux, et c’est le plus grave,
considèrent qu’il s’agit là de gestes de provocation vis-à-vis des Palestiniens
mais aussi à leur égard. On leur tient, discrètement, le même discours lénifiant, ces décisions ne
seront suivies d’effets que dans plusieurs mois ou plusieurs années ou même, pas
du tout. Ce seraient des décisions à but électoral - en France on se contente
de faire des promesses -, qui permettraient à la coalition Likoud-Beteinou de
ne pas être débordée sur sa droite par le parti Habaiyt Hayehudi, crédité dans
les sondages de quinze sièges. Son président
Naftali Bennett ne déclare t’il pas « il
faut continuer à construire à Jérusalem, dans les territoires. Ce qui entraine
l’isolement international d’Israël, ce ne sont pas les constructions mais la
schizophrénie des gouvernants ». Les Palestiniens, eux, ont annoncé
leur intention de saisir le Conseil de Sécurité, il est possible même que,
comme le permet leur nouveau statut d’observateur
non membre , ils puissent recourir à la Cour Pénale Internationale. C’est
dire que dans les mois à venir, avec un Hamas en embuscade, dont les chefs sont
en concurrence pour prendre la direction de l’OLP, il n’y aura pas de reprises
des négociations avec l’Autorité palestinienne.
Le
parti travailliste condamne ces annonces, Tsipi Livni, la présidente du nouveau
parti du centre HaTnouah s’en inquiète car elles isolent Israël, elle ajoute « il ne faut pas jeter l’argent public
pour quelques maisons sur une colline ou pour une route menant à une localité
qui ne fera pas partie d’Israël lors de tout accord final ». En fait,
en focalisant la campagne électorale sur les problèmes de construction et de
sécurité, la coalition au pouvoir fait en sorte que l’on ne parle pas des
méfaits, sur le plan économique et social, de la politique libérale à outrance
menée depuis de nombreuses années. Les couches moyennes se sont appauvries et
les pauvres sont devenus encore plus pauvres. Shimon Peres vient de lancer un
cri d’alarme, en 2011 900.000 petits Israéliens vivaient sous le seuil de
pauvreté, c’est quatre fois plus qu’il y a trente ans et la population
israélienne n’a pas augmenté dans les mêmes proportions. A Tel Aviv on a
installé des tentes, provisoirement, pour accueillir des SDF. Est ce digne de la "Start- up Nation" ?
La campagne électorale va porter sur les constructions
dans les implantations et la sécurité d’Israël, puisque, selon la coalition au
pouvoir, les deux sont liés : mais ne faudrait il pas, aussi, débattre de la
faiblesse du peuplement juif en Galilée et dans le Néguev, qui constitue un véritable danger pour Israël ? Il
suffit de circuler en voiture, pour se rendre compte du développement des villages arabes. Selon un article de
notre consœur Pascale Zonszain dans "Actualité Juive" du 13 décembre,
les Arabes, les Bédouins ont construit illégalement plus de 150.000 maisons
individuelles et immeubles d’habitation en Galilée et dans le Néguev.
Souhaite-t-on qu’à terme ces régions demandent leur autonomie ou leur
rattachement à un état de Palestine quand les Arabes y seront majoritaires ? Ne
faudrait il pas mieux organiser,
faciliter le peuplement juif de ces territoires qui ne sont ni disputés ni
contestés, alors que le devenir des autres, que ça plaise ou non reste aléatoire ?
Gérard
Akoun
Judaïques
FM 94.8 le 20 décembre 2012