Nous allons à nouveau parler de
l'Algérie, mais cette fois-ci il ne sera pas question du passé comme pour la
dernière émission, mais du présent et peut-être du futur du pays, puisque nous
allons évoquer la question kabyle, et nous allons le faire avec un invité exceptionnel,
Monsieur Lyazid Abid. Lyazid Abid vit en exil en Europe depuis 1994, et il est
très engagé politiquement puisqu'il est le Ministre chargé des relations
internationales au sein du "Gouvernement provisoire kabyle", qui a
été créé dernièrement par le "Mouvement pour l'autonomie de la
Kabylie" (M.A.K), formation bien sûr totalement hors la loi en Algérie.
Alors pourquoi cette interview, et pourquoi maintenant ? D'abord, comme le
savent tous ceux qui suivent ma série, j'ai toujours été attentif au sort des
minorités dans le monde musulman, mais nous avons surtout parlé ces dernières
années de celles du Moyen-Orient, oubliant un peu les Berbères d'Afrique du
Nord qui luttent pour défendre leur identité culturelle ; c'est ainsi que ma
dernière émission consacrée aux Kabyles remontait à décembre 2003, et il était
temps d'en reparler ! Ensuite, et bien l'actualité s'est accélérée ces
dernières semaines, avec deux évènements bien différents. D'abord au Mali - et
nous en avions parlé lors d'une émission consacrée à l'Afrique au mois d'avril
-, il y a eu la sécession du Nord du pays, et la proclamation par les Touaregs
de ce qui a été présenté comme le premier état berbère du Monde", l'Azawad.
Et puis à propos du M.A.K, qui sera représenté à notre micro, il y a eu et
cela intéressera les auditeurs de la fréquence juive, ce voyage en Israël du
leader, Ferrhat Mehenni, il y a quelques semaines : Lyazid Abid l'a accompagné
là-bas, et nous serons bien sûr très curieux de ses impressions.
Parmi les questions que je poserai
à mon invité :
- La Kabylie c'est d'abord une
région du Nord Est de l'Algérie, en gros les Willaya de Béjaïa et de Tizi Ouzou
plus quelques territoires limitrophes ; une superficie d'environ 250.000 km2 et
6 millions et demi d'habitants ; c'est une terre agricole, assez pauvre, le
taux de chômage y est de 25 %, et la majorité de la population active vit
déracinée, soit à Alger, soit dans l'immigration et en particulier en France : pourquoi
le projet du M.A.K va-t-il au delà des revendications culturelles et
linguistiques, qui ont motivé les révoltes depuis le printemps berbère en 1980,
jusqu'aux émeutes du printemps 2001 ? Et ensuite, compte-tenu de la dispersion
démographique et de la situation économique, une autonomie de la Kabylie
n'est-elle pas un projet utopique ?
- Il faut rappeler aussi que
beaucoup de dirigeants du F.L.N étaient kabyles : parmi eux, Hocine Aït Ahmed,
qui se rebella dès le lendemain de l'indépendance et qui fut vaincu, avant de
diriger le parti F.F.S - Front des Forces Socialistes - qui est toujours dans
l'opposition ; et puis, dans la génération suivante, il y a le Docteur Saïd
Sadi qui a fondé le "Rassemblement pour la culture et la démocratie".
Ces deux partis sont légalistes, et ne mettent pas en cause l'unité du pays.
Quels sont vos rapports avec eux ?
- Votre voyage en Israël était
très courageux, car cela a donné aux autorités algériennes et à la presse du
pays l'occasion d'attaquer votre mouvement de façon virulente, vous avez été
accusés de traitrise, de collaboration avec les "sionistes", etc. : premièrement,
pourquoi cette hostilité permanente, butée et obsessionnelle de tous les
pouvoirs algériens contre Israël, contrairement par exemple à l'attitude plus
mesurée du Maroc ? Deuxièmement, pourquoi votre projet de voyage ? Et
troisièmement, qui avez vous rencontré sur place et quelles ont été vos impressions
sur ce pays, détesté à la fois par les panarabistes et par les islamistes ?
- Il y a eu la proclamation de
"l'état de l'Azawad" par les rebelles touaregs au Nord du Mali, et on
a pu noter tout de suite le soutien des sites militants amazighs, algériens ou
autres, qui y ont vu l'avènement historique du premier état berbère moderne.
Pourtant, cette indépendance n'est pas reconnue par la communauté
internationale. Et, surtout, on craint l'influence des djihadistes, qui sont en
fait présents sur le terrain à travers, d'une part de l'AQMI - c'est à dire
Al-Qaïda -, mais d'autre part d'une milice, à la fois touareg et islamiste,
"l'Ansar Dine" : qu'en pensez-vous ?
Des sujets rarement abordés dans
mon émission ... j'espère donc que vous serez nombreux à l'écoute dimanche
prochain !
J.C
J.C