Hussein al-Kharsan en train d'écrire des Sourates
(photo AFP)
A genoux,
penché sur une longue feuille de papier, à l'aide d'une plume surmontée d'une
tige en bois, Hussein al-Kharsan trace d'une écriture gracieuse les sourates du
livre saint des musulmans.
Ce jeune
homme de 25 ans a choisi une façon singulière de devenir célèbre: écrire le
plus long Coran au monde qui doit à terme mesurer 5 à 6.000 mètres de long et
entrer ainsi dans le livre des records Guinness.
S'il y
réussit, ce sera paradoxal de voir cet ouvrage qui interdit expressément
l'alcool faire partie du célèbre recueil conçu par une société de brasseurs de
bière.
Il devait
mener à bien son défi en 2012 à l'occasion de l'année "Najaf, capitale de
la culture islamique", un projet repoussé sine die en raison de soupçons
de corruption dans sa préparation.
Ni cet aléa,
ni les terribles douleurs au cou et au dos causées par sa position
inconfortable durant de longues heures pour tracer lentement et avec minutie
chaque verset, n'ont découragé Kharsan, diplômé de l'école des Beaux Arts de
Bagdad.
"Au
départ, je devais venir à bout de cette gageure en six mois, en écrivant trois
pages par jour sur les 503 que compte l'ouvrage sacré. J'ai réussi au début à
tenir le rythme. Durant deux semaines, j'ai travaillé 16 heures par jour puis
j'ai commencé à ressentir des douleurs", confie l'artiste.
"Le
médecin m'a demandé d'arrêter durant un mois, mais j'ai refusé en lui
rétorquant que je travaillais avec la bénédiction du Coran. Maintenant je
prends des analgésiques et ne travaille que cinq heures par jour. J'aurai
besoin d'un an pour finir", assure-t-il.
Kharsan, qui
a commencé dès l'âge de neuf ans à participer à des concours de calligraphie
arabe, copie le Coran sur des rouleaux de papier qui font 1.500 mètres de long.
Depuis qu'il a commencé il y a un mois, il n'a copié pour le moment que 13
pages du Coran.
La
calligraphie est l'une des formes les plus achevée de l'art arabe et islamique.
"A
Najaf, nous sommes à l'origine de la calligraphie arabe", proclame pour sa
part cheikh Ali Merza, directeur de l'école où Kharsan écrit.
"Le
style Kufi, qui prend son nom de la ville irakienne Koufa (province de Najaf)
en Irak, est très connu. Nous pratiquons cet art depuis si longtemps",
explique-t-il.
Il affirme
que l'oeuvre de Kharsan sera exposée à Najaf, même si le projet de
"l'Année de la culture islamique" n'a pas lieu.
Selon le
Guinness, le plus grand livre du Coran mesure deux mètres de haut et 1,52 m de
large. Il a été présenté au public en Russie en novembre 2011.
Le format le
plus petit mesure 1,7 cm de long, 1,28 cm de large et 571 pages. Il a été
imprimé au Caire en 1982 et appartient à un Pakistanais.
Le plus
grand livre au monde mesure cinq mètres de haut sur 8,6 m de large et pèse
1.500 kg. Il s'agit d'un ouvrage sur la vie et les réalisations de Mahomet qui
a été montré pour la première fois à Dubaï en février 2012.
"C'est
très agréable d'écrire le Coran car c'est un travail qui a les faveurs de Dieu.
En plus mon nom entrera dans l'histoire car j'espère être récompensé sur le
plan international" en entrant dans le Guinness des records, souligne
Kharsan.
"Je ne
perçois aucun salaire pour mon travail même s'il existe en principe un accord
qui prévoit que je toucherai un pourcentage sur le budget alloué à mon projet qui
se monte à 100 millions de dinars (80.000 dollars)".
"Je
suis très fier de ce que je réalise et ce que je veux c'est laisser ma
marque".
Le Nouvel Observateur,
4 mai 2012