Drapeau des Philippines
Le gouvernement des Philippines et les rebelles séparatistes musulmans du Sud de l'Archipel ont annoncé dimanche 7 octobre la conclusion d'un accord pour mettre fin à une rebellion qui a causé 150.000 morts et des centaines de milliers de déplacés depuis 1978
L'accord-cadre, annoncé par
le président Benigno Aquino, prévoit l'établissement d'une zone semi-autonome
dans le sud de l'archipel, la région de Mindanao à forte population musulmane
dans un pays très largement catholique. Mindanao, qui désigne la grande île du
sud, sert de base au Front moro islamique de libération (MILF), le principal
groupe de la rébellion musulmane fort de quelque 12 000 membres.
"Cet accord-cadre
ouvre la voie à une paix durable à Mindanao, a déclaré le président. Il amène tous les anciens groupes sécessionnistes en son
sein. Le MILF ne réclame plus un Etat séparé".
DES OBSTACLES À
FRANCHIR
Le groupe rebelle s'est
félicité de cet accord, intervenu samedi en Malaisie, après des mois de négociations,
et y voit "le début de
la paix". "Nous
sommes heureux et nous remercions le président pour cela", a
déclaré Ghazali Jaafar, le vice-président du MILF en charge des affaires
politiques.
Benigno Aquino n'a pas donné
de calendrier pour la proclamation d'un accord de paix définitif, mais Ghazali
Jaafar a indiqué que les deux parties tablaient sur la mi-2016 comme échéance
ultime. Aquino et Jaafar ont souligné que des obstacles restaient à franchir,
dont la soumission de l'accord à la population philippine via un référendum.
Or rien ne garantit que le
référendum passera dans ce pays très largement catholique. Sous Gloria Aroyo,
la présidente précédente, un projet d'accord s'était effondré en 2008 dans la
dernière ligne droite, en raison d'une forte opposition intérieure.
Jaafar a également rappelé
que l'accord annoncé ce dimanche était une simple ébauche, "une feuille de route",
et qu'il restait à discuter de nombreux points, dont l'étendue de la région
semi-autonome. Rien n'a également été communiqué sur un éventuel abandon des
armes par les rebelles.
LE GOUVERNEMENT GARDE
LA DÉFENSE ET LA SÉCURITÉ
Mindanao est une des zones
les plus fertiles de l'archipel et ses sous-sols recèlent or, cuivre et autres
minerais, peu exploités pour le moment. Des décennies de violences et de
troubles en ont fait une des régions les plus pauvres des Philippines. Elle
compte quelque 4 millions de musulmans (sur plus de 20 millions d'habitants),
qui la considèrent comme leur territoire ancestral, depuis l'époque des
sultanats musulmans établis avant l'arrivée des catholiques espagnols au XVIe
siècle.
Le gouvernement maintiendrait
son contrôle dans les domaines de la défense, la sécurité, les politiques
étrangère et monétaire.
Source : "Le Monde", 7 octobre 2012