Pour beaucoup de Musulmans, la fin de la journée de
jeûne est signalée par un coup de canon, mais pour d’autres, c’est le bip de
l’app « Ramadan Times » qu’ils ont téléchargée sur leur iPhone qui
annonce ce moment. The Economist rappelle qu’en dépit de quelques fatwas
lancées contre la technologie numérique, le monde musulman dans son ensemble s’est emparé de la
technologie d’internet, parfois même avec plus de ferveur que le
reste du monde.
La firme d’études de marché Ipsos a ainsi conclu que le taux
de pénétration des smartphones était particulièrement fort dans les pays à
majorité musulmane les plus riches, comme les Emirats Arabes Unis, où il est
de 61%. Et même dans les pays plus pauvres, ce taux reste significatif, comme
en Egypte, où il est de 26%, finalement assez proche de celui de l’Allemagne,
29%. De fait, internet a été adopté par un tiers de la population du
Moyen-Orient.
De multiples apps ont été développées pour couvrir
les besoins religieux, dont certaines très populaires, comme Quran Majeed,
une app qui propose des versions multilingues du Coran, et qui a été
téléchargée plus de 3 millions de fois. Les sites internet destinés à la
communauté musulmane sont aussi très nombreux. En novembre prochain, SalamWorld, un
nouveau réseau social islamique, sera lancé en Indonésie. Les
réseaux sociaux ont joué un rôle important dans les soulèvements populaires
du Printemps Arabe. Il existe également des sites de rencontres
musulmans, comme Muslima, et même des sex-shops en ligne,
comme Al Asira, qui se vante de respecter la Charia.
Grâce à internet, on assiste ainsi à l’émergence
d’une version virtuelle de l’Oumma, la nation musulmane sans frontières à
laquelle tous les Musulmans se sentent rattachés. Internet donne la
possibilité à de nombreux musulmans de ne plus se fier seulement à leurs prédicateurs
locaux mais de rechercher et de débattre de leurs propres interprétations des
textes religieux avec les autres au travers de forums.
Confrontés à cette remise en question de leur
autorité, certains religieux choisissent la censure, d’autres préfèrent
utiliser internet pour éviter de se retrouver écartés, comme ceux de
l’université al-Azhar du Caire, qui tiennent une
« hot-line islamique» qui répond aux questions des utilisateurs
sous 48 heures.
Très tôt, Internet a été l’outil de communication de
choix des jihadistes pour recruter des combattants, ou de certains religieux
fondamentalistes pour diffuser des discours de haine à l’égard des auteurs
déclarés blasphématoires. Mais le web a déjà démontré qu’il favorisait la
tolérance et l’ouverture d’esprit, et en fin de compte, il est bien plus
probable qu’il conduira à l’ouverture de l’Islam, conclut The Economist.
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Mylène Vandecasteele
Express.be, le 21 août 2012
Nota de Jean Corcos :
J'ai trouvé ce court article (reprenant en fait en lien celui
du journal "The Economist") intéressant,
car il donne une bonne synthèse de l'influence considérable de l'Internet dans
le monde musulman. Ceci étant on peut être moins optimiste, au moins pour le
court terme, que ce qui est dit en conclusion : pour le moment, ce sont les
propagateurs de haine qui en ont tiré le meilleur parti ... pour preuve,
"l'auto radicalisation" de jeunes européens, convertis ou non, et qui
n'ont pas eu besoin d'un "stage" en Afghanistan pour devenir
jihadistes !