En haut à gauche Ardavan Amir Aslani, à droite Abnousse Shalmani
Au milieu, François Heisbourg
En bas Firouz Nadji Ghazvini
Comme je l'écrivais il y a deux ans en clôturant mon "mois de la Syrie", impossible de finir un nouveau "voyage en Orient" sans revenir à mon émission, dont le blog est d'abord le support et le prolongement.
J'ai donc
examiné la liste complète des numéros de "Rencontre", dont le nombre
atteint maintenant le nouveau cap de 400 : 21 émissions depuis mai 1997 ont
concerné directement l'Iran. Cela représente environ 5% du total, un chiffre
honorable, surtout si on considère que je n'ai pas comptabilisé les numéros
ayant évoqué le Liban, pays où - Hezbollah oblige - la République Islamique est
devenu un presque parrain. Mais cela représente aussi une moyenne de une par
an, ce qui n'est pas suffisant vu la richesse du dossier !
En fait, en
examinant d'un peu plus près ces émissions, j'arrive à distinguer plusieurs
époques, plus ou moins riches en rendez-vous selon l'importance apparente
qu'avait l'Iran dans le paysage du Moyen-Orient.
- Il y a eu
une seule émission jusqu'en 2004, consacrée au sort de la minorité juive : plusieurs
juifs iraniens étaient jugés pour espionnage en faveur d'Israël, et ils
risquaient la peine de mort. Intitulée "Des Musulmans au secours des Juifs
d'Iran" et diffusée en juin 2000, elle m'aura permis de faire entendre sur
nos ondes des messages de solidarité de Khadija
Khali, alors responsable associative, et de feu Mouloud Aounit, président du MRAP.
- Je fis au
début des années 2000 la connaissance de Kavéh
Mohseni, militant pro-monarchie en exil à Paris, et surtout éditeur du site
"Iran-Resist", longtemps en lien permanent sur mon blog. "Le
peuple iranien contre le régime des Mollahs" (février 2004) ; "L'Iran
et la bombe, le dessous des cartes" (février 2006) ; "Que cherche la
République Islamique d'Iran ?" (septembre 2007) ; et enfin "Que se
passe-t-il en Iran ?" (juillet 2009), cela représente donc un total
conséquent d'entretiens ; mais pourtant cela fera huit ans que je ne l'ai plus
reçu. Pourquoi ? Disons - alors même que le "complotisme" n'est
devenu un sujet de préoccupation que tout dernièrement - que justement je trouvais
qu'il proposait trop souvent de telles théories, décrédibilisant les
oppositions qui ne lui plaisaient pas, et ne voyant dans les jeux des grandes
puissances - et même s'il y a une part de vérité - que des manipulations. Autre
invité reçu deux fois, Houchang
Nahavandi, ancien ministre iranien ("Chute et mort du Shah", mars
2005 et "Où va l'Iran ?", octobre 2006). Là encore, des révélations
intéressantes, l'expression d'une rancune compréhensible contre l'abandon des
Occidentaux lors de la révolution de 1979 ; mais avec le temps, un décalage
avec les problématiques d'aujourd'hui.
- Le grand
retour de l'Iran sur la scène géopolitique du Moyen-Orient était intervenu entre
temps, à la faveur d'une série d'évènements : l'invasion américaine en Irak, le
renversement de Saddam Hussein étant une bénédiction pour la puissance chiite
voisine ; la deuxième guerre du Liban à l'été 2006, qui aura été peut-être, par
Hezbollah interposé, le premier épisode de la guerre avec Israël ; l'élection
de Mahmoud Ahmadinejad comme Président de la République Islamique et ses
déclarations incendiaires à l'attention de l'Etat juif et des Occidentaux ; et
puis, bien sûr, les révélations sur le programme nucléaire iranien et la longue
crise qui en est suivie. Tout ceci explique un nombre particulièrement
important d'émissions entre 2007 et 2010.
- En ce qui concerne l'affrontement de plus en plus évident entre pays arabes sunnites et l'Iran chiite, j'ai eu sur mon plateau Laurence Louër, chercheuse au CERI Sciences Po. Son livre "Chiisme et politique au Moyen-Orient", est un modèle de sérieux et d'objectivité. J'ai également reçu, sur le thème "Israël, les Arabes et l'Iran", Chawki Freiha, lui même franco-libanais, maronite, et fin observateur des clivages dans son pays natal. Mais je reste parfaitement conscient qu'il faudra revenir en profondeur sur ce sujet !
- La peur et
l'indignation face aux propos génocidaires de Mahmoud Ahmadinejad ont inspiré
la tenue d'un colloque à Sciences Po en décembre 2006, où 17 intellectuels ont
lancé "un appel à la fermeté". Pour en parler, et évoquer des
pressions possibles, je recevais le mois suivant Monique Atlan et Fabrice
Chiche sur le thème "Que peut faire l'Europe face à la République
d'Iran ?" : les sanctions ont pris fin, on le sait, suite à l'accord sur le
nucléaire de juillet 2015 ; et l'avenir nous dira qui a gagné, au final, ce
bras de fer.
- Sur le
sujet du nucléaire iranien, justement, je pense vous avoir proposé une série
d'émissions, en abordant en profondeur les points techniques et en interrogeant les
meilleurs spécialistes du sujet : en avril 2007, "L'Iran, la bombe et la
démission des nations", titre du livre de la regrettée Thérèse Delpech, Directeur des
Affaires Stratégiques au Commissariat à l’Energie Atomique ; en novembre de la
même année, "Iran, le choix des armes", titre de l'ouvrage de François Heisbourg, Président du prestigieux « International Institute for
Strategic Studies » de Londres. Autre expert réputé de la prolifération
nucléaire, Bruno Tertrais,
aujourd'hui Directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique,
reçu en janvier 2010 sur le thème, assez angoissant je l'avoue, "Iran, la
bombe en 2010 ?".
- Au delà du risque d'apocalypse atomique, la possibilité d'une
guerre conventionnelle entre Israël et la République Islamique est aussi une
réalité. Cela a été évoqué dans deux émissions, "Peut-on éviter une guerre
avec l'Iran ?" en novembre 2012 avec Stéphane
Juffa, le Directeur du site israélien d'information "Metula News
Agency" ; et "Daech, Iran, le Moyen-Orient de tous les dangers",
en mai 2015 et à nouveau avec Bruno Tertrais.
- En parfait
contraste avec ces thèmes tout à fait angoissants, les deux émissions que j'ai
consacrées au livre "Iran et Israël, Juifs et Perses", dont j'ai reçu
l'auteur Ardavan Amir Aslani, avocat
international d'origine iranienne, en novembre et décembre 2013. Etrange
ouvrage en vérité, qui je dois l'avouer, m'a convaincu à moitié. Oui, les deux
peuples ont partagé des moments marquants dans leur Histoire, et j'ai eu
plaisir à évoquer dans ce dossier Esther et Assuérus ; oui, il y a eu une -
bien discrète - alliance entre le Shah d'Iran et l'Etat juif. Mais il y a eu
aussi des pages sombres de persécutions ; mais surtout, c'était bien réducteur
que d'imaginer deux camps à la tête de la République Islamique, "les
méchants" autour d'Ahmadinejad, et les autres, "les gentils" ;
et j'espère que ces "mois de l'Iran" vous l'auront largement démontré.
- Évoquons
pour finir quatre émissions, qui au delà de la politique internationale auront
évoqué un autre Iran, celui d'une population à ne pas confondre avec ses
dirigeants, et qui souffre de l'oppression imposée par le régime. Sous le titre
"Une enfance brisée au pays des Ayatollahs", j'ai eu le plaisir de
recevoir en novembre 2009 Firouz Nadji
Ghazvini, auteur d'un petit roman bouleversant, "Le Trèfle bleu". En juin 2014, nous avons aussi évoqué un regard d'enfant grandissant après la révolution islamique, mais ce fut celui d'une fillette révoltée et qui l'est restée, Abnousse Shalmani, auteur d'une autobiographie détonante, "Khomeiny, Sade et moi". Il a aussi été question en septembre 2010 de la persécution des Bahai's en Iran,
avec Sophie Ménard, porte parole de
cette communauté en France. Et nous avons parlé à nouveau des Bahai's en mai
2016, mais aussi plus largement de la situation après l'élection de Rouhani avec
Hamdam Nadafi, d'origine iranienne
et elle aussi membre de cette communauté.
Merci à tous les lecteurs qui ont été présents à quelques uns de ces rendez-vous radiophoniques, en espérant faire encore de belles émissions sur l'Iran !
J.C