Dimanche prochain, je
retrouverai nos amis auditeurs, après la longue pause estivale. Alors j'ai
pensé qu'il serait bon, avant de replonger dans l'actualité brûlante, d'évoquer
un peu l'Histoire pour les deux premiers numéros de rentrée, et le 9 septembre
nous allons parler d'un livre bien original puisqu'il a pour titre : "Citations
politiques expliquées" ; c'est édité chez Eyrolles, et je recevrai pour en
parler son auteur, Eric Keslassy. Eric Keslassy est politologue et
universitaire, il enseigne à Sciences Po Lille. Ce n'est pas la première fois qu'il
vient sur notre plateau, la dernière fois nous avions parlé de son ouvrage
précédent "Mémoires vives", où il avait analysé les défis de la
concurrence des mémoires, sujet bien sensible pour les relations entre Juifs et
Musulmans : et bien à nouveau on retrouve la mémoire dans cet ouvrage, plus
précisément celle des citations historiques, petites phrases restées célèbres
et parfois sorties de leur contexte. Il en présente dans ce livre quelques
dizaines, toutes prononcées par des politiques, depuis la Troisième République
jusqu'à la dernière élection présidentielle, citations de personnalités
françaises mais aussi étrangères, et qu'il resitue, à chaque fois dans l'espace
d'une page. Alors bien sûr, j'ai fait une sélection, et nous ne parlerons
aujourd'hui que des citations concernant les Juifs, les Musulmans, et le conflit
israélo-arabe.
Parmi les questions que je poserai à Eric Keslassy :
- Vous avez eu le grand mérite de publier la phrase de
David Ben Gourion, proclamant l'indépendance le 14 mai 1948, c'était juste
avant l'entrée du Shabbat : qu'a-t-il dit exactement en direction des Arabes ?
Comment les pays voisins ont-ils réagi, on sait qu'il y a eu la guerre mais
vous ne citez aucune déclaration en retour ? Et est-ce qu'à votre avis, ces
paroles conservent encore une actualité, alors qu'on a connu tant de guerres et
de déceptions ?
- Autre citation qui est régulièrement ressortie par les
politiques de droite contre la gauche à propos de l'immigration qui, comme on
le sait, est très majoritairement issues de pays musulmans : c'est ce qu'a dit
Michel Rocard le 3 décembre 1989, en disant que "la France ne pouvait pas
accueillir toute la misère du monde" ; l'a-t-il vraiment dit, parce qu'il
affirme autre chose ? Et comment être sur de ce qu'il a dit ou non ?
- Toujours à propos du Moyen-Orient, avec deux
déclarations historiques, l'une qui a ouvert la voix vers une vraie paix, même
si elle est menacée aujourd'hui, c'est le discours de Sadate devant la Knesset
le 20 novembre 1977. On se souvient du rejet, véhément à l'époque de Yasser
Arafat qui avait dit "nous couperons les mains qui ont signé les accords
de Camp David". Or vous consacrez aussi la page 103 au fameux "c'est
caduc", à propos de la charte de l'OLP, mot en français prononcé par
Arafat au milieu d'une déclaration en arabe, lors d'un entretien à Paris le 2
mai 1989. Est-ce que, rétrospectivement et en reprenant exactement ce qu'ont
dit l'un et l'autre, on pouvait deviner lequel était sincère et lequel ne
l'était pas ?
- Vous rappelez comment Marine Le Pen, alors qu'elle
était confrontée à Bruno Gollnisch, a comparé le 10 décembre 2010 les prières
musulmanes dans les rues à une "occupation de pans de territoires".
Vous dites que cela l'a aidé à triompher de son adversaire. Est-ce que c'était
uniquement tactique, ou est-ce que le pensait vraiment ? Est-ce que c'était
bien vu de la part de ce parti, parce que, finalement, la montée de l'islamisme
est une réalité qui inquiète les Français ? Et est-ce qu'à votre avis, ce sujet
- comme l'islamophobie qui est aussi une réalité - ne va pas polluer la vie
politique française, à droite comme à gauche ?
Un invité intéressant, et une manière originale de
revisiter l'Histoire ... j'espère que vous serez nombreux au rendez-vous !
J.C
J.C