Tir d'un missile palestinien depuis la bande de Gaza
Difficile
d'écrire alors que l'actualité s'emballe sans cesse, et que chaque moment peut
rendre dépassées les conclusions synthétisées à l'heure précédente ... c'est
pourtant l'exercice que je vais tenter, alors que l'on en est au soir du
deuxième jour de cette guerre qui n'a pas encore de nom - sauf peut-être le nom
de code de l'opération israélienne : "pilier de défense".
1.
Toutes les lignes rouges ont été franchies, mais l'une après l'autre.
-
depuis la première attaque contre une jeep patrouillant en bordure de la frontière,
samedi dernier, et les dizaines de roquettes tirées quotidiennement sur les
grandes villes du Sud : le Hamas et les organisations islamistes savaient
pertinemment qu'Israël se trouverait face à une alternative difficile, soit
accepter une nouvelle trêve fragile, avouant ainsi qu'il avait perdu sa force
de dissuasion ; soit réagir, et se lancer dans un cycle de violence qui
causerait des pertes civiles chez les deux peuples, offrant ainsi aux
terroristes le lot de peur et de sang sur lequel ils assoient (toujours) leur
prestige ;
-
dès l'élimination d'Ali Jaabari, chef militaire du Hamas, qui devait (obligatoirement)
provoquer une réaction forte de toutes les organisations islamistes de la bande
de Gaza : 275 roquettes et missiles de tous types lancés en un jour et demi,
c'est bien la preuve qu'il leur reste des "munitions" - en espérant
que les plus redoutables auront été détruits en majorité dès les premières
frappes aériennes, mais j'y reviendrai ;
-
lorsque le Jihad islamique a lancé ses premiers missiles à longue portée sur
Tel Aviv dans la soirée du 15 novembre : ils ont atterri heureusement sans
faire ni victime ni dégâts ... mais la symbolique est lourde, car c'est la
première fois que la principale métropole israélienne est touchée depuis la
guerre du Golfe, en 1991 !
2.
Pour le moment, Israël a plutôt marqué des points sur un plan militaire
-
sans avoir lancé encore d'opération terrestre, il est parvenu à intercepter 130
missiles (à l'heure où je tape cet article), grâce au système "Dôme
d'acier", que j'ai entendu dénigrer, ici ou là - et c'était bien injuste ;
pour rappel, le traitement informatique des données radars associées au
système, permet "d'économiser" ses cartouches en n'interceptant que
les missiles devant tomber en zone habitée ;
-
avec bien sûr le pourcentage inévitable de ratés de la défense anti-aérienne, de
destructions et de tués (ainsi les trois malheureux frappés de plein fouet dans
leur immeuble, à Kyriat Malachi), pour le moment ces centaines de missiles
n'ont pas causé trop de dégâts ;
-
l'aviation israélienne a détruit, dès la première frappe, la majorité des missiles
à grande portée, ceux qui justement pourraient frapper Tel Aviv ; il en reste,
d'autres seront tirés, mais clairement c'est un atout décisif qu'on perdu les
organisations islamistes dès les premières heures de cette nouvelle guerre ;
-
par contre (et tous les films diffusés par Tsahal le prouvent), les
destructions de l'arsenal terroriste ont été très importantes : plus de 200
raids aériens en 24 heures, à partir d'une "banque de données" bien
connue du Shin Beth, et qui ont du amoindrir fortement la capacité de nuisance
du Hamas et des autres organisations.
3.
Mais ceci n'empêchera pas une opération terrestre
Car
hélas, les deux dernières guerres ont montré, par contraste, qu'une opération
aérienne seule ne suffit pas : en 2006, face au Hezbollah, Tsahal mal préparée
n'est intervenue que sur le tard, et sans pouvoir mettre un terme aux tirs de
missiles ; en 2009, la même armée mais profondément réorganisée a pénétré à
Gaza, laissant le Hamas au bord du gouffre et ses dirigeant prêts, au final, à
signer un cessez-le-feu par craindre d'être chassés du pouvoir.
La
décision d'entrer dans la bande de Gaza est-elle déjà prise ? On peut le
penser, avec la mobilisation de 30.000 réservistes. Interviendra-t-elle malgré,
ou après la visite du chef du gouvernement égyptien - un voisin menaçant, et
dont l'attitude peut peser lourd dans le conflit ? Nous le saurons dans la
journée de vendredi ... et il sera temps, après quelques jours, de faire un
nouveau point !
J.C
le 15 novembre 2012