Plusieurs
factions gazaouies sponsorisées par des pays musulmans rivalisent dans
l'escalade militaire contre Israël.
• Le Hamas
Issu de la
confrérie des Frères musulmans, le parti gère la bande de Gaza depuis qu'il en
a ravi le contrôle par la force, en 2007, à l'Autorité palestinienne. Ces
derniers mois, l'Iran lui a coupé son aide financière (500 millions de
dollars versés chaque année) en riposte aux critiques des dirigeants du Hamas
en exil à Damas, opposés à la répression des opposants menée par Bachar
el-Assad. Pour boucler ses fins de mois, il doit désormais se retourner vers
ses sponsors égyptien et surtout qatarien. Mais depuis la dernière opération
israélienne à Gaza, en janvier 2009, sa branche militaire a largement
renouvelé ses stocks. Grâce à l'Iran, la portée et la sophistication des
missiles du Hamas se sont considérablement renforcées au point d'atteindre
désormais Tel-Aviv. Outre des roquettes Katioucha, l'arsenal du Hamas compte
des missiles Grad et Fajr, ainsi que la version irano-chinoise de la Katioucha
(à plus longue portée). Pour se préparer à une guerre souterraine, comme celle
que mena le Hezbollah à Tsahal en 2006 au Liban, ses unités combattantes ont
été équipées d'un système de communication sophistiqué et leurs missiles d'un
système de guidage fourni par l'Iran. Le Hamas dispose également de cadres
formés aux engins explosifs improvisés, qui provoquent de lourds dégâts contre
des convois militaires. Avant sa rupture avec Téhéran et Damas, le Hamas
envoyait chaque année en formation des dizaines, voire des centaines,
d'activistes en Syrie et en Iran. Ses combattants suivraient également des
instructions au Soudan, pays que Tsahal visa à plusieurs reprises, ces
dernières années. Fin 2011, les renseignements nigérians interceptèrent treize
conteneurs d'armes iraniennes destinées au Hamas, camouflées en matériaux de
construction. Les pièces détachées de missiles sont acheminées à Gaza via les
tunnels de contrebande qui s'ouvrent sur le Sinaï égyptien.
• Le Djihad islamique
C'est lui
qui a revendiqué le tir de missiles Fajr 5 de fabrication iranienne qui, pour
la première fois jeudi, a atteint Tel-Aviv. Le Djihad
est la formation palestinienne la plus proche de l'Iran, mais sa capacité de nuisance
est beaucoup plus faible que celle du Hamas. Il n'a rompu ni avec l'Iran ni
avec la Syrie. Sévèrement touché par les sanctions internationales, Téhéran lui
a toutefois restreint son aide financière depuis 2009. Il n'a plus revendiqué
d'attentat contre Israël depuis 2008, concentrant ses efforts sur des tirs de
roquettes contre l'État hébreu. Ce qui contraignit le Hamas à agir contre lui,
entraînant ces derniers mois une nette détérioration de leurs relations. Poussé
par Téhéran et Damas, le Djihad compte profiter de la crise pour durcir sa
posture face au Hamas, afin d'apparaître comme le fer de lance de la guerre
contre «l'ennemi israélien».
• La mouvance djihadiste
Elle a
prospéré après la lutte fratricide à laquelle se sont livrés le Hamas et l'Autorité
palestinienne, après 2007. Une demi-douzaine de groupuscules (Armée de l'islam,
Compagnons d'Allah) rassemble quelques centaines de membres. Ils recrutent à
partir des déçus du Hamas, devenu gestionnaire de la bande de Gaza, et
marginalement auprès d'étrangers qui y pénètrent, via les tunnels. Ces groupes
se réclament d'al-Qaida, mais aucun d'entre eux n'a encore été adoubé par son
chef, Ayman al-Zawahiri. Ils auraient acquis des roquettes parvenues à Gaza
après les razzias effectuées dans les stocks de Kadhafi, l'an dernier, après sa
chute. Ils reprochent au Hamas de les freiner dans leurs tirs contre Israël.
L'Iran est accusé d'avoir profité du relâchement de la surveillance de l'armée
égyptienne sur le Sinaï pour y aider des groupes djihadistes ayant des relais
dans certains camps de réfugiés de la bande de Gaza.
Georges Malbrunot,
Blog du "Figaro", 16 novembre 2012