Les lignes rouges qu’il
s’était fixées ayant été franchies, Israël a frappé très fort en Syrie et
l’on peut imaginer qu’il ne s’est livré à ces opérations qu’avec l’aval ou
l’accord tacite de Washington.
De quoi s’agit-il ? Le trône
de Bachar Al Assad étant vacillant, ses patrons iraniens sentant sa fin
prochaine sont pressés de fortifier au maximum le Hezbollah libanais en
lui fournissant un matériel sophistiqué dont des engins balistiques de la
dernière génération à longue portée et des fusées sol-air. On est saisi
d’effroi quand on voit la liste impressionnante et la qualité de ce
matériel qui , pour parvenir à la milice chiite doit
obligatoirement transiter par la Syrie.
Le plus cocasse ou le plus
tragique dans cette histoire, c’est que les pays qui ne vont pas manquer de
condamner ou critiquer Israël trouvent tout à fait normal qu’au
Liban, un parti , le « parti d’Allah » classé comme terroriste, mais membre à
part entière du gouvernement de son pays, dispose d’une milice puissante dotée
d’un armement redoutable avec notamment des dizaines de drones, des missiles de
neuf mètres de long et des engins sol-air et sol-mer au mépris des lois
internationales et de la décision 1701 du conseil de sécurité, dont
la Finul est censée contrôler l’application..
Bien qu’il s’en défende, par
cette audacieuse opération, Israël se comporte en allié objectif de
l’insurrection syrienne. Les ennemis de nos ennemis étant nos amis, ceux qui se
battent contre le Hezbollah et le boucher de Damas ont théoriquement tout
pour s’entendre.
Seulement voilà :
Les anti-Assad sont loin de
constituer un mouvement homogène et ils sont largement infiltrés par
l’internationale djihadiste qui malgré son recul au Mali ne s’est jamais mieux
portée. Alors, chasser Assad pour le remplacer par Al-Qaïda c’est tomber
de Charybde en Sylla. Et c’est bien ce qui risque de se passer.
Les Salafistes ont le vent
en poupe en Egypte où des pans entiers du Sinaï sont sous leur domination. Ils
sont très actifs en Tunisie où des combats meurtriers les ont opposés à
l’armée nationale à la frontière algérienne. La chute de Saddam Hussein, celle
de Moubarak, celle de Ben Ali leur ont donné des ailes. La prévisible
disparition de Bachar Al Assad risque d’avoir le même résultat en Syrie
Voilà pourquoi
Barak Obama hésite à armer la résistance syrienne.
Là est le véritable danger,
plus, sans doute qu’une peu probable réaction de Téhéran ou de Damas au coup
dur qui leur a été infligé.
Que faire alors ?
Bien malin qui pourrait le
dire. Israël vient de démontrer sa puissance. La leçon sera peut-être
comprise par l’Iran et ses alliés.
Les Etats-Unis comme Israël
semblent avoir choisi la solution la plus sage, c’est-à-dire ne pas
s’engager entièrement dans le conflit syrien comme cela a été fait en Lybie,
mais en suivre le déroulement de près, naviguer à vue en envoyant un
avertissement musclé lorsque leurs intérêts vitaux sont menacés.
Pour le reste, attendre et
voir.
André Nahum,
Judaïques FM, 8 mai 2013