Un
mois après sa très courte victoire, Benyamin Netanyahou n’en finit pas de tenter
de former son gouvernement.
Pourtant
les choses apparaissent relativement simples. Avec ses trente et un sièges,
il ne peut se passer des voix de Lapid et de Bennett à moins d’accepter de
diriger une coalition ultra religieuse et ultra droitière. Or ces deux hommes
incontournables posent des conditions qui à première vue n’ont rien de
déraisonnable et paraissent même logiques.
Il
demandent en premier lieu l‘égalité pour tous face au service
militaire.
Lapid
qui est laïc et Bennett qui est religieux avec kippa sont d‘accord sur ce
point : Ils n’acceptent pas que tous les étudiants de yeshiva en soient
dispensés. Ben Gourion avait fait cette concession aux parts religieux
dans les débuts de l’état, à un moment où ces élèves étaient peu nombreux, mais
aujourd’hui ils sont des dizaines de milliers à revendiquer cette faveur ...
Pourquoi
le Premier Ministre refuse-t-il d’accepter ces demandes de Lapid et Benett ? Craint-il
qu’elles ne creusent un fossé encore plus profond entre laïcs et religieux
ou redoute-t-il simplement de perdre une partie de son électorat
traditionnel ? Pourtant, est il moral et juste que les élèves, vrais ou
faux, des yechivots, tout comme d’ailleurs les citoyens arabes, poursuivent
tranquillement leurs études ou leurs activités professionnelles alors que les garçons
de leur âge donnent trois ans de leur vie à défendre ou à servir l’état ? A
partir du moment où le principe d’égalité devant la loi est appliqué, la durée
ou les modalités de ce service militaire ou civil peuvent
d’ailleurs être discutées.
Aujourd’hui,
avec les changements intervenus dans le monde arabe, la réélection de
Barak Obama et le désir de changement d‘une fraction importante de la
population israélienne révélé par les urnes et par la rue, l’immobilisme
serait suicidaire.
Les
Palestiniens l’ont bien compris, qui à trois semaines de la visite du président
américain, font du forcing pour le convaincre d’exercer de fortes
pressions sur Israël afin de satisfaire leurs aspirations. C’est comme cela
qu’il faut comprendre l’agitation qui secoue depuis quelques jours la
Cisjordanie où les incidents se multiplient, ou cette roquette tirée
hier sur Ashqelon à partir de Gaza. Début d’une troisième intifada ou
simples manœuvres pour revenir au devant de la scène ? On ne peut
encore le dire.
Mais
il est urgent que les motivations personnelles s’effacent devant l’intérêt du
pays. Qu’Israël ait enfin un gouvernement qui soit capable d’affronter cette
situation. Il faut un pilote habile et audacieux. Mais où sont les Ben
Gourion, les Begin, les Rabin, les Sharon ?
André
Nahum,
Judaïques
FM le 27 février 2013