Après un bombardement saoudien près de la ville yéménite de Sanaa
Encore un état arabe au
menu de ma série, mais cette fois nous allons traiter d’un pays presqu’oublié
par les grands médias, et pourtant il est le théâtre de la pire crise
humanitaire actuelle. J’ai intitulé ce numéro de « Rencontre »,
« Yémen, la guerre oubliée », et pour en parler, j’aurai le plaisir
de recevoir Madame Fatiha Dazi-Héni. Fatiha Dazi-Héni est chercheur,
spécialiste des monarchies du Golfe. Docteur en Sciences Politiques après des
études à l’IEP de Paris, elle enseigne à Lille, et son expertise a été en
particulier reconnue à l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire,
où elle est chercheur pour la zone Golfe Moyen-Orient. Elle a publié un grand
nombre d’articles, et déjà deux livres, dont le dernier a pour titre « l’Arabie
Saoudite en 100 questions », édité chez Tallandier. Je l’ai connue lors
d’un colloque sur la guerre du Yémen, organisé par l’Institut Français des
Relations internationales le 30 juin dernier ; ce fut extrêmement
instructif. Avant de parler de l’histoire proche du Yémen, rappelons quelques
éléments du passé qui expliquent, peut-être, les clivages et la décomposition
actuelle de la société : avènement d’un Royaume indépendant en 1918, mais
occupation du Sud autour de la ville d’Aden par les Anglais jusqu’en 1967, où
naitra un deuxième Etat yéménite ; réunification en 1990, mais avec
toujours une tendance à la sécession ; et enfin, déjà une guerre civile
dans les années 1960, avec interventions d’armées étrangère, l’Egypte d’un
côté, l’Arabie de l’autre.
Parmi les questions que
je poserai à Fatiha Dazi-Héni :
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En
2011, une révolution va chasser du pouvoir le président Ali Abdallah Saleh,
dont le régime tenait depuis vingt ans. Le Conseil de coopération du
Golfe - dominé par l'Arabie Saoudite - intervient alors directement pour mettre
en place un nouvel homme fort, l'ancien vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi.
Pourquoi la guerre civile a-t-elle débuté en 2014 ? Que s’est-il passé sur
le terrain militaire ? Et à partir de quand l’Arabie Saoudite est-elle
intervenue avec ses alliés pour tenter de mater les rebelles ?
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La
grille de lecture qui est généralement retenue pour cette guerre, c’est que le
Yémen est un des théâtres de l’affrontement entre monde chiite et monde
sunnite, les tribus houthies, musulmans zaïdites étant proches des chiites et
en sécession contre les sunnites majoritaires. L’Iran les soutient ; et
l’Arabie et les monarchies du Golfe craignent, vu la situation stratégique de
ce pays, que la République islamique contrôle les détroits face à la Corne de
l’Afrique. Les choses sont-elles aussi simples ?
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Qui
s’est engagé aux côtés de
l’Arabie Saoudite ? Quelle a été la contribution militaire de chaque
pays ? Et, concernant l’Arabie, comment expliquer qu’un pays qui a investi
des dizaines de milliards de dollars en armements, n’ait pas été capable au
bout de trois ans d’intervention, de mater la rébellion des tribus
houthies ?
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Par
où arrivent les armes utilisées par la rébellion ? En effet, le Yémen
semble complètement enclavé au Sud de l’Arabie, la coalition arabe impose un
blocus maritime et les liaisons aériennes sont quasi inexistantes.
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On
sait que l’AQPA, « Al Qaïda dans la Péninsule arabique » est implanté
dans le pays depuis plusieurs années. Contrôlent-ils une large zone de
territoire ? Et ne risque-t-on pas, au final, de voir l’Etat Islamique se
développer là-bas, après avoir été chassé d’Irak et de Syrie ?
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Comment
la situation humanitaire s’est-elle effondrée en quelques années ? Quel
est le bilan des victimes civiles et militaires, dans ce pays de 27 millions
d’habitants, notamment en ce qui concerne l’épidémie de choléra ?
Un pays que nous n’avions pas encore abordé
dans ma série, mais dont il devait urgent de parler vu la terrible situation
vécue par sa population : j’espère que le sujet vous intéressera, et que
vous serez nombreux à écouter mon invitée.
J.C