Samy El-Maghribi
Comme vous le savez, ma
série avait à l’origine comme principale vocation de promouvoir le dialogue
judéo-musulman. Et puis est venu le tournant des années 2000 avec hélas une
actualité tragique, entre Israéliens et Palestiniens, dans le monde, en France
même avec les agressions antisémites que l'on connait, bref il a été décidé de recentrer
« Rencontre » sur une connaissance plus large du monde musulman et de
son actualité. Cependant, et cela mes auditeurs et lecteurs fidèles le savent,
je continue régulièrement à inviter des acteurs du dialogue judéo-musulman,
associatifs, institutionnels ou indépendants, et cela sera le cas dimanche
prochain. Mon invitée sera Yolande Amzallag. Son nom n'est pas connu mais le
nom d'artiste de son père est célèbre chez les amateurs de musique orientale :
il s'agit en effet de Samy El Maghribi, chanteur juif marocain, renommé dans
son pays et largement au delà. Nous allons donc rappeler sa mémoire, mais pas
uniquement, parce que cette émission n'est pas dédiée à la musique, judéo-arabe
ou autre. Je l'ai surtout invitée à venir pour parler d'une fondation qui porte
son nom, et qui vient d'être créé. Cette fondation a pour mission, entre autre,
de promouvoir grâce à la musique la réconciliation entre identités multiples. Nous
écouterons aussi, en fin d'émission, des extraits de chansons interprétés par
Sammy El-Maghribi.
Parmi les questions que je
poserai à Yolande Amzallag :
-
Votre père a eu une vie longue et riche,
puisqu'il est décédé en 2008, à l'âge de 86 ans. Il s'est consacré très jeune à
la musique. Pourriez-vous retracer les principales étapes de sa carrière ?
-
Concernant son répertoire, pour la première
partie de sa carrière au Maroc : est-ce que c'était de la musique classique
arabo-andalouse, interprétée ou retravaillée ? Est-ce que dans la majorité de
ses récitals, il jouait seul avec son instrument, le "oud" ou luth
oriental, ou alors est-ce qu'il était accompagné par de grands orchestres ? Est-ce
qu'il était aussi parolier de ses chansons ? Et est-ce que toutes ses chansons
étaient en arabe, ou alors aussi en judéo-arabe, ou en langue berbère ?
-
Après son départ du Maroc en 1960, il a vécu
en France, puis en Israël, pour finir sa jour au Canada, où il a amené avec lui
un patrimoine qui a puissamment contribué à maintenir une identité
judéo-marocaine forte chez ses compatriotes qui se sont installés là-bas. Mais
en même temps, il est devenu "Hazan" de la grande Synagogue de
Montréal, et il s'est mis à interpréter des "pioutim", chants religieux.
Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'inédit dans cette défense à la fois d'un
patrimoine profane et d'un patrimoine sacré ? Et est-ce que aujourd'hui il n'y
a pas un refus de cette dualité de la part des orthodoxes, qui ont beaucoup
d'influence et en particulier, chez les communautés d'origine marocaine ?
-
Où en sont les relations entre Juifs et
Arabes au Canada, est-ce que vous avez connu le même genre d'agressions qu'en
France ? Est-ce que vous avez obtenu le soutien des autorités marocaines pour
votre travail de rapprochement ? Et est-ce que, à l'occasion de vos voyages
là-bas, vous avez eu l'impression que la mémoire juive subsistait là-bas ?
-
La fondation Samy El Maghribi vient d'être
créé : pourriez-vous nous en donner les objectifs ? Comment se servir de la
musique pour rapprocher les communautés ? Quel message voulez-vous faire passer
? Et quels sont les projets concrets qui pourraient aider à ce rapprochement ?
-
N'y a -t-il pas un problème de générations : les
jeunes juifs originaires d'Afrique du Nord ne parlent pas l'arabe, ne peuvent
pas comprendre les paroles de ses chansons. Et en Israël, où à la fois vivent le plus grand nombre de
Juifs originaires du Maroc, et où le conflit avec les Arabes est vécu de la
manière la plus aiguë, est-ce que la musique de Samy El Maghribi a encore un
public ?
Une émission différente de ce que je vous ai donné à
entendre ces derniers mois, joyeuse avec de la musique ... et donc, comme déjà
une impression de vacances, car ce sera la dernière émission de la saison !
J.C