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10 janvier 2020

Crash du Boeing ukrainien en Iran : médias français peu curieux

Equipes iraniennes retirant tous les débris après le crash du Boeing

J'ai prévu de vous proposer une « semaine de l’Iran » à partir de lundi prochain, suite bien sûr à la tension extrême avec les Etats-Unis, après l'élimination de Qassem Soleimani. 

Mais, sans attendre, je voudrais évoquer le drame qui a fait 176 victimes, mercredi 8 janvier, peu de temps après l’envoi d’une salve de missiles vers deux bases américaines en Irak. En effet, ce que j'ai lu ou entendu sur nos principaux médias m'assure que je peux donner à mes lecteurs fidèles ou de passage une petite avance sur le "grand public".

Pour rappel, un Boeing 737 de la compagnie Ukraine international Airlines qui venait de décoller de l’aéroport de Téhéran, s’est écrasé au sol quelques minutes après. Les autorités iraniennes ont immédiatement évoqué un incendie sur l’un des moteurs, thèse qui n’a pas été validée par la compagnie ; en effet, l’avion venait d’être révisé et l’équipage était largement expérimenté. Après une première journée de doutes, peu à peu des rumeurs de tir accidentel d’un missile ayant abattu l’appareil ont circulé sur les réseaux sociaux.
Parmi les malheureux passagers, une grande majorité devait prendre un autre avion de la même compagnie vers le Canada, après un transit à Kiev ; et on comptait essentiellement des ressortissants iraniens ou canadiens, mais originaires d’Iran pour la plupart. Le Canada était directement concerné, et on attendait donc avec impatience ce qu’allait déclarer le Premier Ministre Justin Trudeau : celui-ci, sur la base des informations fournies par les services de renseignements, a dit jeudi dernier que l’appareil avait été abattu par un tir iranien de missile sol-air.

Comment nos médias ont-ils traité l’affaire, qui prend une mauvaise tournure pour l’Iran ?
Tout d’abord, après une bonne semaine où la République Islamique était présentée « en creux » comme la victime d’une agression américaine, le ton a un peu changé depuis hier, avec la large reprise, par nos médias, de cette « bavure » iranienne. Certes, nos télés ont largement fait part d’une courte vidéo illustrant ce qui pouvait être le tir d’un missile puis une explosion, tout en disant (ce qui était exact) que ce n’était pas une preuve suffisante. Certes, le journal « Le Monde » a proposé un compte-rendu assez détaillé. 

Mais force aussi est de constater l’absence de certains détails que l’on pouvait trouver sur les réseaux sociaux, en particulier sur le compte Twitter très bien informé @HeshmatAlavi :
-        Le fait que, le jour même, des équipes de « secouristes » aient immédiatement déblayé tous les débris sur le site du « crash », ce qui pour une enquête aussi délicate revenait à détruire des preuves gênantes (voir photo du haut).
-        L’utilisation de bulldozers sur le terrain (voir ci-dessous).


-        La photo d’un élément de missile (voir ci-dessous) récupérée parmi les débris.



-        Et surtout, des impacts de « shrapnels » sur la carlingue et un des moteurs, tout à fait analogues à ceux trouvés sur l’épave d’un autre appareil, celui-là du vol MH 17 des Malaysian Airlines ; pour rappel, cet avion a été abattu le 17 juillet 2014 au dessus de l’Ukraine par des séparatistes, ayant tiré à partir d’une batterie mobile de fabrication russe TOR M1 ; un matériel en possession, aussi, de l’armée iranienne (*)



Tous ces éléments peuvent se trouver à partir du « thread » (fil de publication) du compte Twitter précité, sur ce lien : mais il ne fallait pas compter sur les journalistes et « experts » invités sur nos chaines de télévision pour en parler.

J.C
 (*) la zone d'impact a été surlignée en mauve sur les photos du lien pré cité.


Nota de Jean Corcos

Cet article a été publié vendredi après-midi. Quelques heures plus tard, très tôt le samedi 11 janvier, les autorités de la République Islamique admettaient ce qu’elles avaient tenté de nier et de camoufler pendant trois jours : oui, c’est bien un tir de missile – sans doutes accidentel, mais une enquête internationale devra le confirmer – qui a provoqué le crash du Boeing. Trois jours de mensonges, dont il restera des traces au niveau de l’opinion publique du pays, vu la nationalité ou l’origine de l’écrasante majorité des victimes.