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14 janvier 2018

#SolidarityWithKarim : Karim, bébé borgne et symbole des atrocités en Syrie



Dans la ville de Douma, en Syrie, une jeune fille cache son oeil en solidarité avec le bébé Karim (AFP PHOTO / HO / #SolidarityWithKarim campaign)


Karim, un nourrisson, a perdu un œil dans un bombardement du régime.

Comme souvent, il suffit d'une image, dure, atroce, pour rappeler au monde entier que l'horreur de la guerre continue en Syrie, même si l'Etat islamique est en large partie défait. L'image d'un bébé, Karim, un nourrisson de seulement 40 jours. Un bébé borgne. Il a perdu un œil le 29 octobre dernier, lors d'un raid de l'armée syrienne.
Amer Almohibany, un photographe free lance et collaborateur de l'agence française AFP, a posté l'image sur les réseaux sociaux à la mi-décembre, et s'est pris lui-même en photo, la main cachant un œil. Son exemple a été suivi par des photographes syriens de la Ghouta orientale, dernier fief rebelle près de Damas.
Amer, 28 ans, raconte :
"J'avais rendu visite à l'enfant [...] et son image m'a marqué avant même de prendre la photo. Elle me hantait."
I'm in solidarity with karim a syrian child two-month-old, lost his eye and broke the skull of his head and lost his mother when they came under artillery bombardment of the Assad regime on the #EasternGhouta
He lives alone without a mother.#SolidarityWithKarim
Join our campaign pic.twitter.com/13xS97N7Kx
— Amer almohibany (@amer_almohibany) December 17, 2017
"Le but de la campagne est de [...] faire parvenir au monde la voix de cet enfant qui a perdu son œil et sa mère."
La mère du nourrisson a été tuée dans le bombardement, ce que confirme le médecin qui a soigné la famille.
Depuis, le hashtag #SolidarityWithKarim se répand sur Twitter et Facebook. Firas al-Abdallah, photographe de 24 ans, explique :
"Nous voulons attirer l'attention du monde sur les crimes commis par le régime syrien contre la population. [...] Il assassine l'enfance."
Hundreds of activists around the world continue to interact with a campaign#SolidarityWithKarim who live under siege in #EasternGhouta - #Syria
Join our campaign pic.twitter.com/fvxipAsU16
— Amer almohibany (@amer_almohibany) December 19, 2017

"Plus d'enfants seront blessés"

Des soldats rebelles, des enfants des rues, des journalistes, et même des ministres turcs (la Turquie soutient les rebelles) ont suivi leur exemple. Numan Kurtulmus, ministre de la Culture et du Tourisme à Ankara, a lancé :
"Même si le monde se tait, même s'il ignore les cris qui s'élèvent de Syrie, nous serons la voix, les yeux et les oreilles du #BabyKerim."
Et jusqu'au Conseil de l'ONU : l'ambassadeur de Grande-Bretagne, Matthew Rycroft, a tweeté une photo où il cache son œil droit avec sa main :
"Nous mettons en garde contre l'inaction qui fait que plus de gens vont mourir. Plus d'écoles vont être bombardées. Plus d'enfants seront blessés. Il faut que le bombardement et le siège de la Ghouta orientale prennent fin."
When we sit around the #UNSC & warn that inaction will mean more people are going to die. More schools bombed. More children scarred. This is what we mean.

We must see an end to the bombardment & siege of #EasternGhouta.#SolidarityWithKarim pic.twitter.com/8Io85VlDdF
— Matthew Rycroft (@MatthewRycroft1) December 19, 2017
En France, le mouvement est suivi par des personnalités telles que l'ancienne ministre Cécile Duflot.
Le monde ne doit pas accepter le bombardement et le siège de la #Ghouta orientale. Il faut rendre possible l’évacuation immédiate des personnes qui ont besoin de soins d’urgence dont des dizaines d’enfants #SolidarityWithKarim pic.twitter.com/VF0L3A8HEF
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 20 décembre 2017
Lourdes séquelles

Selon son médecin, le bébé devrait souffrir de séquelles lourdes après sa blessure au lobe frontal qui a également endommagé son globe oculaire gauche. "Le lobe frontal tient un rôle essentiel dans la compréhension, l'intelligence et la mémoire de l'être humain", confie Abou Jamil.
"Il y a une possibilité de traitement, avec la thérapie comportementale et cognitive [...] et aussi la chirurgie esthétique, mais pas dans la Ghouta. S'il peut sortir de Syrie, ça sera différent."
D'après le père de l'enfant, le bébé est soigné en permanence dans un hôpital de Hamouria.
Déjà, en septembre, une campagne similaire avait eu lieu sur les réseaux sociaux pour une orpheline au Yémen, blessée dans un raid ayant fauché toute sa famille.

B. L. avec agences,
L’Obs, 20 décembre 2017