Dans la ville de Douma,
en Syrie, une jeune fille cache son oeil en solidarité avec le bébé Karim (AFP
PHOTO / HO / #SolidarityWithKarim campaign)
Karim, un nourrisson, a perdu un œil
dans un bombardement du régime.
Comme souvent, il suffit d'une image, dure, atroce,
pour rappeler au monde entier que l'horreur de la guerre continue en Syrie,
même si l'Etat islamique est en large partie défait. L'image d'un bébé, Karim,
un nourrisson de seulement 40 jours. Un bébé borgne. Il a perdu un œil le 29
octobre dernier, lors d'un raid de l'armée syrienne.
Amer Almohibany, un photographe free lance et
collaborateur de l'agence française AFP, a posté l'image sur les réseaux
sociaux à la mi-décembre, et s'est pris lui-même en photo, la main cachant un
œil. Son exemple a été suivi par des photographes syriens de la Ghouta
orientale, dernier fief rebelle près de Damas.
Amer, 28 ans, raconte :
"J'avais
rendu visite à l'enfant [...] et son image m'a marqué avant même de prendre la
photo. Elle me hantait."
I'm in solidarity with karim a
syrian child two-month-old, lost his eye and broke the skull of his head and
lost his mother when they came under artillery bombardment of the Assad regime
on the #EasternGhouta
He lives alone without a mother.#SolidarityWithKarim
Join our campaign pic.twitter.com/13xS97N7Kx
He lives alone without a mother.#SolidarityWithKarim
Join our campaign pic.twitter.com/13xS97N7Kx
— Amer
almohibany (@amer_almohibany) December 17, 2017
"Le but
de la campagne est de [...] faire parvenir au monde la voix de cet enfant qui a
perdu son œil et sa mère."
La mère du nourrisson a été tuée dans le bombardement,
ce que confirme le médecin qui a soigné la famille.
Depuis, le hashtag #SolidarityWithKarim se répand sur
Twitter et Facebook. Firas al-Abdallah, photographe de 24 ans, explique :
"Nous
voulons attirer l'attention du monde sur les crimes commis par le régime syrien
contre la population. [...] Il assassine l'enfance."
Hundreds of activists around the
world continue to interact with a campaign#SolidarityWithKarim who live under siege in #EasternGhouta - #Syria
Join our campaign pic.twitter.com/fvxipAsU16
Join our campaign pic.twitter.com/fvxipAsU16
— Amer
almohibany (@amer_almohibany) December 19, 2017
"Plus d'enfants seront
blessés"
Des soldats rebelles, des enfants des rues, des
journalistes, et même des ministres turcs (la Turquie soutient les rebelles)
ont suivi leur exemple. Numan Kurtulmus, ministre de la Culture et du Tourisme
à Ankara, a lancé :
"Même
si le monde se tait, même s'il ignore les cris qui s'élèvent de Syrie, nous
serons la voix, les yeux et les oreilles du #BabyKerim."
Et jusqu'au Conseil de l'ONU : l'ambassadeur de
Grande-Bretagne, Matthew Rycroft, a tweeté une photo où il cache son œil droit
avec sa main :
"Nous
mettons en garde contre l'inaction qui fait que plus de gens vont mourir. Plus
d'écoles vont être bombardées. Plus d'enfants seront blessés. Il faut que le
bombardement et le siège de la Ghouta orientale prennent fin."
When we sit around the #UNSC & warn that inaction will mean more
people are going to die. More schools bombed. More children scarred. This is
what we mean.
We must see an end to the bombardment & siege of #EasternGhouta.#SolidarityWithKarim pic.twitter.com/8Io85VlDdF
We must see an end to the bombardment & siege of #EasternGhouta.#SolidarityWithKarim pic.twitter.com/8Io85VlDdF
— Matthew
Rycroft (@MatthewRycroft1) December 19, 2017
En France, le mouvement est suivi par des
personnalités telles que l'ancienne ministre Cécile Duflot.
Le monde ne doit pas accepter le bombardement et le
siège de la #Ghouta orientale. Il faut rendre possible
l’évacuation immédiate des personnes qui ont besoin de soins d’urgence dont des
dizaines d’enfants #SolidarityWithKarim pic.twitter.com/VF0L3A8HEF
— Cécile
Duflot (@CecileDuflot) 20 décembre 2017
Lourdes séquelles
Selon son médecin, le bébé devrait souffrir de
séquelles lourdes après sa blessure au lobe frontal qui a également endommagé
son globe oculaire gauche. "Le lobe frontal tient un rôle essentiel dans
la compréhension, l'intelligence et la mémoire de l'être humain", confie
Abou Jamil.
"Il y a
une possibilité de traitement, avec la thérapie comportementale et cognitive
[...] et aussi la chirurgie esthétique, mais pas dans la Ghouta. S'il peut
sortir de Syrie, ça sera différent."
D'après le père de l'enfant, le bébé est soigné en
permanence dans un hôpital de Hamouria.
Déjà, en septembre, une campagne similaire avait eu
lieu sur les réseaux sociaux pour une orpheline au Yémen, blessée dans un raid
ayant fauché toute sa famille.
B. L. avec agences,
L’Obs, 20 décembre 2017